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Les héritières de "l'armée de Ma" préparent leur Mondial au Kenya

Les héritières de "l'armée de Ma" préparent leur Mondial au Kenya

Il y a 20 ans, les athlètes chinoises de "l'armée de Ma" stupéfiaient le monde en pulvérisant les records, aujourd'hui leurs héritières sont à Iten, au coeur des hauts plateaux kényans, pour préparer ces Mondiaux 2015 dont elles seront les hôtes.

Délaissant le sang de tortue cher à Ma Junren, cet entraîneur controversé, 16 jeunes coureuses chinoises se sont envolées pour ce petit village du centre-ouest du Kenya dédié à l'athlétisme, avec ses conditions climatiques et d'altitude (2.400 mètres) idéales.

"Nous sommes venues ici à Iten parce c'est un lieu très renommé, a expliqué à l'AFP le nouvel entraîneur de l'équipe chinoise, Wang Bin. Des champions sont nés ici et de nombreux coureurs étrangers s'y sont entraînés, avec à la clé des résultats impressionnants. Nous souhaitions nous rendre dans le lieu le plus en pointe de l'athlétisme".

La Chine, qui se prépare à accueillir les prochains Mondiaux d'athlétisme, à Pékin, rêve de renouveler les exploits de "l'armée de Ma", cette délégation féminine qui avait écumé les courses de fond et demi-fond lors des championnats du monde de Stuttgart en 1993.

Septième aux Mondiaux de 2011 de Daegu (Corée du sud), la Chine avait ensuite plongé au 22e rang lors des derniers Mondiaux, à Moscou, en 2013. Une chute peut-être dues à des méthodes d'entraînement extrêmement exigeantes, mais longtemps accusées de freiner le développement de l'athlétisme dans le pays.

Mais les mentalités ont évolué, assure Wang Bin: "Depuis les réformes engagées dans les domaines économique, politique et sportif, la Chine s'ouvre de plus en plus au monde".

Et elle s'est donc ouverte au Kenya. à Iten, où tous les matins, à l'aube, les athlètes chinoises partent pour leur première séance de la journée, dans les collines environnantes. Avec elles, des dizaines d'autres athlètes, kényans ou étrangers, hommes et femmes.

En quête de renouveau, l'Association chinoise d'athlétisme a aussi recruté l'Italien Renato Canova, un entraîneur expérimenté qui a accompagné certains des plus célèbres marathoniens du Kenya, avec en ligne de mire les jeux olympiques d'été 2016, à Rio de Janeiro, au Brésil.

"J'ai accepté parce que je voulais comprendre pourquoi le plus grand pays du monde ne parvenait plus à avoir de bons résultats", explique Canova.

Mais ce vieux routier de 68 ans, qui a entraîné des athlètes en Italie, au Qatar et au Kenya, n'ignore pas qu'il sera difficile de modifier les techniques d'entraînement et de susciter l'intérêt pour une discipline peu pratiquée en Chine.

"Il est compliqué de recruter de nouveau athlètes, parce qu'il y en a relativement peu qui ont du talent", déplore Canova. "En Chine, il est vraiment rare de voir des enfants courir dès leur plus jeune âge, comme ici au Kenya, explique-t-il à l'AFP. L'année prochaine se tiennent les championnats du monde de cross à Guiyang et pourtant, actuellement, personne ne pratique le cross en Chine".

"Ce ne sera pas facile, mais il ne peuvent que progresser", ajoute-t-il.

L'entraîneur place notamment ses espoirs dans la province de Liaoning, au nord-est du pays, berceau des meilleurs athlètes chinois, et notamment de cette sulfureuse "armée" de Ma Junren dans les années 90. Trois membres de l'équipe nationale actuelle sont d'ailleurs originaires de Liaoning.

Canova refuse de se prononcer sur les soupçons de dopage qui ont entaché la réputation des coureuses de Ma Junren, dont l'équipe s'est soudainement dissoute, un an après ses exploits de Stuttgart.

"Dans le passé, il y a eu des soupçons quant à une forme de dopage, et pas seulement pendant la période de Ma Junren, mais je peux vous dire qu'aujourd'hui la Chine est le pays le plus propre au monde, parce qu'elle a investi beaucoup d'argent dans la lutte contre le dopage", affirme l'entraîneur italien.

Après les collines verdoyantes de la vallée du Rift, les coureuses chinoises iront parfaire leur entraînement par un séjour de deux mois en Italie, avant le retour en Chine.

L'équipe masculine d'athlétisme pourrait elle aussi faire un séjour en Afrique de l'est cette année, mais plutôt en Ethiopie, autre fabrique à champions.

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