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Le retour politique d'Uribe fait mouche en Colombie

Le retour politique d'Uribe fait mouche en Colombie

A deux pas de la propriété d'Alvaro Uribe, un vendeur ambulant de maïs confie à l'AFP: "c'est le plus grand homme de Colombie et il va nous défendre à nouveau". Le retour politique de l'ex-président fait mouche dans un pays partagé sur le processus de paix avec les Farc.

Dans son fief de Medellin, la capitale d'Antioquia, région fière de ses entrepreneurs et propriétaires terriens, sa candidature au Sénat a animé une campagne atone et a imposé le thème: faut-il dialoguer avec la rébellion des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) qui compte encore officiellement 8.000 combattants ?

Pour le modeste vendeur, qui se dit son "voisin", la fermeté d'Uribe, au pouvoir entre 2002 et 2010, "a permis aux Colombiens de ressortir dans les rues" face à la guérilla marxiste, qui s'est repliée dans les régions rurales, avec des troupes divisées de moitié en une décennie.

Le retour d'Uribe ? "Une énorme nouvelle, c'est ce qui pouvait arriver de mieux !", clame aussi Gloria Colorado, une avocate de 35 ans, qui participe après un meeting à Medellin au bain de foule de son champion suivi de près par une escouade de gardes du corps.

Crédité d'une popularité de plus de 60% en vue des élections, l'ex-chef de l'Etat, qui qualifie son successeur Juan Manuel Santos de "traître", martèle le même message: "le terrorisme a récupéré du terrain".

Dans un récent entretien à l'AFP, il dit ainsi sa rage de voir des guérilleros convertis en "acteurs politiques" depuis Cuba, où se déroulent depuis novembre 2012 des pourparlers sans cessez-le-feu pour mettre fin au plus vieux conflit d'Amérique latine, qui a fait en un demi-siècle plusieurs centaines de milliers de morts.

Vendredi, les Farc ont d'ailleurs prévenu à La Havane qu'il n'y aurait pas de trêve unilatérale à l'occasion des législatives.

Avec sa campagne, Uribe a confirmé une réputation d'hyperactivité. Depuis le début de l'année, il a "visité 18 des 32 provinces du pays, par avion privé ou commercial, par route ou par fleuve, à raison de cinq réunions par jour", assure son entourage.

"Il est important d'apporter ma contribution avec fermeté et avec ma présence dans tout le territoire", assure-t-il, balayant les menaces sur sa sécurité.

En référence à peine voilée à l'adresse de son successeur, le président Santos a lui-même annoncé qu'un attentat d'envergure pourrait mettre fin aux négociations avec les Farc. "Paroles dangereuses et cyniques", réplique Cesar Mauricio Velasquez, l'attaché de presse d'Uribe.

Son nouveau parti, le Centre démocratique, mise sur son charisme pour tenter, après les législatives du 9 mars, de contrarier la réélection de M. Santos en mai, l'ancien président n'étant pas lui-même autorisé par la Constitution à se représenter.

"Il est capital d'avoir le plus grand nombre de sièges aux législatives afin de changer le cours des négociations avec les Farc", affirme Juan Gallego, un administrateur de 50 ans, rencontré lors d'un meeting.

Pour le politologue Jorge Giraldo, enseignant à l'Université EAFIT de Medellin, le champion de la droite "peut devenir la grande figure de l'opposition". "Ce serait un phénomène nouveau car la gauche parlementaire occupe depuis plus de dix ans la place centrale de l'opposition", explique-t-il à l'AFP.

Pour la plupart des observateurs, il est improbable qu'Uribe puisse obtenir la majorité au Congrès. D'abord car le soutien au processus de paix reste majoritaire dans les sondages, mais aussi parce que le personnage suscite chez ses détracteurs une haine aussi forte que l'admiration de ses partisans.

De graves scandales ont éclaboussé son gouvernement comme les "faux positifs" (civils tués par des soldats puis présentés comme des guérilleros) ou la "parapolitique" (lien avec des milices paramilitaires d'extrême droite, dissoutes depuis 2006).

Taxé d'"ennemi public numéro un de la paix" par les Farc, il a été accusé cette semaine par la guérilla d'être au coeur d'un scandale d'écoutes illégales des pourparlers de paix, malgré ses dénégations.

Un groupe anti-Uribe a même créé le "parti des tomates", des fruits qu'ils jettent pour perturber ses meetings. "J'adore les producteurs de tomates, il faut protéger les agriculteurs", a répondu avec ironie l'ancien président en véritable animal politique.

pz/mf/abk

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