Le vote par le Parlement turc mercredi d'une loi renforçant le contrôle de l'Etat sur l'internet suscite la "forte préoccupation" de l'Union européenne, a déclaré jeudi un porte-parole de la Commission à Bruxelles.
"Cette loi suscite une forte préoccupation ici" car elle introduit "des restrictions à la liberté d'expression" , a réagi Peter Stano, porte-parole du commissaire à l'Elargissement Stephan Füle.
"L'opinion turque mérite plus d'informations et de transparence, pas davantage de restrictions", a-t-il précisé devant la presse.
La nouvelle loi doit "être révisée conformément aux standards de l'UE" car "la Turquie est pays candidat à l'accession à l'UE", a-t-il dit. "Nous l'avons déjà dit à de nombreuses reprises" à Ankara et "nous sommes prêts à coopérer" en ce sens.
Le Parlement turc, dominé par le Parti de la justice et du développement (AKP), a adopté mercredi soir une série d'amendements qui renforcent les pouvoirs de l'autorité gouvernementale des télécommunications (TIB). Cette dernière est désormais autorisée à bloquer, sans décision de justice, un site internet dès lors qu'il contient des informations portant "atteinte à la vie privée" ou des contenus jugés "discriminatoires ou insultants".
L'opposition a vivement dénoncé la "censure" imposée par ce texte jugé "liberticide".
De nombreux internautes ont également réagi avec véhémence contre le nouveau texte, qui amende la loi sur l'internet mise en place en 2007 par le Premier ministre islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan.
Ces derniers jours, l'UE mais aussi les Etats-Unis et de nombreuses ONG turques et internationales avaient multiplié les mises en garde auprès d'Ankara contre le nouveau texte.
jri/aje/jh