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Accord de sécurité américano-afghan: quelles conséquences a le report?

Accord de sécurité américano-afghan: quelles conséquences a le report?

L'accord bilatéral de sécurité (BSA) entre Washington et Kaboul doit permettre de maintenir une présence militaire étrangère en Afghanistan après 2014, lorsque la mission de combat de l'Otan aura pris fin.

Mais le report de sa signature par le président afghan Hamid Karzaï, qui veut laisser ce soin à son successeur élu en avril prochain, produit des effets néfastes croissants, tant en Afghanistan que dans les capitales occidentales.

+ Pourquoi les Etats-Unis s'exaspèrent-ils?

Washington n'a de cesse d'appeler à une signature "sans délai" de l'accord depuis sa validation par une Loya Jirga (grande assemblée traditionnelle) en novembre, arguant que les retards rendent plus difficile la planification de la mission d'entraînement des forces afghanes et de contre-terrorisme pour l'après-2014.

Sur le plan logistique, le problème se fera réellement sentir au "début de l'été", selon le plus haut gradé américain, le général Martin Dempsey.

Les rebuffades d'Hamid Karzaï renforcent également les partisans d'une "option zéro" troupe après 2014, au sein d'un exécutif américain profondément divisé sur la question afghane sous la présidence de Barack Obama.

+ La coalition internationale risque-t-elle de s'éroder?

C'est l'un des arguments majeurs de Washington qui compte sur la présence de plusieurs milliers de militaires de l'Otan après 2014. Chaque pays doit aussi conclure un accord avec Kaboul, prévoir un budget et faire accepter cette mission par son Parlement et la population, un processus qui prend du temps.

Le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a mis en garde Kaboul contre le risque de "sous-estimer l'impact négatif sur l'opinion et la classe politique des pays dont les troupes sont présentes" en Afghanistan.

+ Quelles conséquences sur l'aide internationale?

L'attitude d'Hamid Karzaï a déjà eu des conséquences concrètes: le Congrès américain a divisé par deux son aide au développement pour l'Afghanistan en 2014, à 1,12 milliard de dollars. Même le sénateur républicain Lindsey Graham, pourtant l'un des plus ardents partisans d'une présence américaine en Afghanistan, s'exaspère et menace de couper toute aide.

Toute coupe supplémentaire serait dévastatrice pour le gouvernement afghan, dont l'essentiel du budget provient de l'aide internationale.

Après avoir porté le pays à bout de bras financièrement depuis 2001, la lassitude gagne les rangs de la communauté internationale. Or le seul financement des 352.000 hommes des forces afghanes en 2013 a coûté 6,5 milliards de dollars, dont 5,7 milliards pris en charge par Washington.

+ Les forces afghanes pâtissent-elles du report de la signature?

Elles deviennent "nerveuses", selon le général Dempsey, pour qui "les forces afghanes sont très capables mais ne sont pas confiantes".

Les enrôlements semblent déjà affectés. Dans l'est du pays notamment, les familles envoient au moins un de leur fils dans l'armée "à seule fin d'apporter un salaire régulier" à la maison, plaide dans une étude l'Institut américain pour la paix (USIP). "En ce moment, elles sont en train de revoir leur stratégie de moyens de subsistance", constate l'USIP.

+ Quels sont les effets sur l'économie afghane?

Délétères. L'incertitude sur la présence de troupes étrangères après 2014 entraîne déjà une baisse du nombre de transactions immobilières et une chute des prix, une baisse de la consommation, de nombreux Afghans s'inquiétant pour l'avenir de leur emploi dans les myriades d'ONG ou au service des armées étrangères, note l'USIP.

De nombreux projets d'infrastructures sont également gelés. La seule province de Nangarhar en comptait 4.000 mi-2013, contre seulement 800 aujourd'hui selon l'Institut.

+ Pourquoi la corruption et la production d'opium augmentent-elles?

Là encore, le report de la signature du BSA nourrit les attitudes de précaution pour se prémunir contre des lendemains incertains.

Dans un pays où la corruption est pourtant endémique, "ceux qui ont accès aux fonds d'organisations internationales ou gouvernementaux retirent de l'argent et disparaissent à un rythme plus élevé que d'habitude", affirme l'USIP, selon qui deux ONG ont ainsi récemment vu disparaître 100.000 dollars et une agence de l'ONU 400.000 dollars.

Dans les campagnes, les paysans se tournent davantage vers la production de pavot, plus rémunératrice que les autres cultures. Selon l'USIP, dans la province de Nangarhar, il y a eu "plus de pavots plantés fin 2013 qu'à aucun moment au cours des cinq dernières années".

mra-ddl/sam

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