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Nouvelle gaffe nationaliste: un patron de la tv publique japonaise nie le massacre de Nankin

Nouvelle gaffe nationaliste: un patron de la tv publique japonaise nie le massacre de Nankin

Gaffes ou dérapages intentionnels, les déclarations de dirigeants ou élus japonais sur la dernière guerre se multiplient ces derniers mois, au risque de braquer toujours plus les voisins du Japon.

Il n'y a pas eu de massacres perpétrés à Nankin en 1937 par l'armée japonaise, vient ainsi d'affirmer un haut dirigeant de la télévision publique nippone NHK, déclaration que n'a pas officiellement condamnée le gouvernement japonais.

"Des pays n'ont pas prêté attention à la propagande du dirigeant nationaliste chinois Chiang Kai-shek... sur les massacres qui auraient été commis à Nankin par le Japon. Vous savez pourquoi? Parce que ça n'a jamais existé", a lancé dimanche Naoki Hyakuta, un membre de la direction de la NHK lors d'une réunion politique à Tokyo.

M. Hyakuta, cité par plusieurs médias mardi, était venu soutenir un candidat d'extrême-droite au poste de gouverneur de la métropole, Toshio Tamogami.

Chef d'état-major de l'armée de l'air, ce dernier avait été limogé en 2008 après avoir déclaré que, durant la dernière guerre, le Japon n'avait pas été un agresseur.

"Je suis au courant de ces déclarations (de M. Hyakuta), mais il me semble que cela ne viole pas le règlement intérieur de la NHK. Le gouvernement n'a pas à se prononcer", s'est contenté de répondre le secrétaire général du gouvernement, Yoshihide Suga.

La Chine chiffre à 300.000 le nombre des morts de la vague de tueries, de viols et de destructions perpétrée par les militaires nippons durant les six semaines qui ont suivi leur entrée dans Nankin le 13 décembre 1937. Selon des universitaires étrangers, le bilan serait toutefois nettement moins élevé. L'historien américain Jonathan Spence estime ainsi que 42.000 civils et militaires ont été tués et 20.000 femmes violées, dont beaucoup sont mortes par la suite.

C'est la seconde fois en quelques jours que la NHK est sous les projecteurs: le 26 janvier, son tout nouveau PDG, Katsuto Momii, avait affirmé que la prostitution forcée de femmes par l'armée japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale était une pratique "fréquente dans tous les pays en guerre".

Face à cette volonté de minimiser le rôle de l'armée impériale, le gouvernement ne s'était pas prononcé sur le fond et avait simplement indiqué qu'il s'agissait des opinions personnelles de M. Momii, un protégé du premier ministre Shinzo Abe.

Le "massacre de Nankin" et les "femmes de réconfort" sont au coeur des polémiques incessantes depuis des années entre le Japon d'un côté, la Chine et la Corée du Sud de l'autre.

En février 2012, la Chine avait émis une "protestation solennelle" après la négation par le maire de la ville de Nagoya du même massacre de Nankin. Takashi Kawamura avait déclaré à une délégation officielle de Nankin que, selon lui, seuls des "actes de guerre conventionnels" avaient eu lieu.

En mai 2013, le maire d'Osaka, Toru Hashimoto, provoquait un nouveau scandale en affirmant que les "femmes de réconfort" asiatiques avaient été une "nécessité".

Le 15 août dernier, jour anniversaire de la capitulation en 1945 du Japon impérial, le très nationaliste Shinzo Abe avait rompu avec une tradition bien établie depuis une vingtaine d'années en n'exprimant aucun regret envers l'Asie pour les souffrances infligées par le Japon, et ce en présence de l'empereur Akihito.

Et c'est le même Shinzo Abe, petit-fils d'un ancien ministre de l'Armement pendant la guerre (emprisonné par les Américains après le conflit mais jamais jugé), qui a choisi - pour marquer son premier anniversaire au pouvoir fin décembre - d'aller prier au sanctuaire sulfureux du Yasukuni à Tokyo, où sont honorés 2,5 millions de morts japonais dont 14 criminels de guerre.

Pour Takehiko Yamamoto, professeur de relations internationales à l'Université Waseda de Tokyo, le pèlerinage au Yasukuni, symbole du fascisme impérial japonais aux yeux de Pékin et Séoul, "accrédite l'image d'un Japon dérivant vers la droite, vers le militarisme", ce que ne manquent pas d'exploiter ses voisins.

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