Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les hommes d'affaires français remettent un pied en Iran

Les hommes d'affaires français remettent un pied en Iran

Ils sont venus, ils sont -presque- tous là: des hommes d'affaires français sont venus préparer le terrain à une reprise des relations commerciales avec le gigantesque marché iranien, espérant un accord global sur le nucléaire et la levée des sanctions.

La délégation menée par le Medef International, une branche de la première organisation patronale française, a emmené 116 représentants de diverses entreprises.

C'est le plus gros contingent économique de l'Union européenne à venir en Iran depuis la conclusion de l'accord intérimaire sur le programme nucléaire iranien en novembre.

Les Français ont participé mardi à des tables rondes avec des sociétés iraniennes. "Une sorte de speed-dating", souffle l'un d'eux. Ils visiteront mercredi plusieurs sites industriels avant leur départ.

"Parmi la délégation, nous avons de grands groupes (Total, Lafarge, Peugeot...) mais aussi des PME", explique à l'AFP Thierry Courtaigne, vice-président de Medef International.

"Certains viennent pour actualiser leurs dossiers, prendre des contacts, dit-il. Certaines entreprises se demandent déjà quand elles reprendront leurs affaires en Iran, d'autres sont à la recherche d'opportunités".

La délégation représente notamment les secteurs pétrolier, automobile, agroalimentaire, pétrochimique, aéronautique ou médical, jugés prioritaires par les Iraniens pour relancer leur économie.

Il y a même l'AJ Auxerre, qui souhaite montrer aux responsables de clubs de football le "savoir-faire (du club bourguignon) en terme de formation des joueurs".

Certains grands groupes n'ont pourtant pas fait le voyage, préférant la discrétion.

Mais les conditions de cette visite sont claires, alors que la République islamique est toujours sous le coup de sanctions internationales, notamment un embargo pétrolier et bancaire.

Le Medef "se rend en Iran à titre exploratoire", a souligné à Paris le porte-parole du Quai d'Orsay Romain Nadal. "Nous sommes, pour le moment, dans le cadre d'un accord intérimaire avec certaines sanctions ciblées et limitées qui ont été suspendues à titre temporaire", a-t-il rappelé.

"Ca n'existe pas de signer des contrats du jour au lendemain", surtout sans la levée des sanctions financières, a tenu à souligner M. Courtaigne.

L'accord intérimaire entré en vigueur le 20 janvier pour six mois ne concerne que l'industrie automobile, l'aéronautique, l'or et les métaux précieux ainsi que les exportations pétrochimiques.

La visite de la délégation française inquiète cependant Washington. Le secrétaire d'Etat John Kerry a affirmé à son homologue français Laurent Fabius que "cela n'aidait pas les choses, et qu'il ne s'agissait pas de +business as usual+", a déclaré mardi Wendy Sherman, numéro trois du département d'Etat, lors d'une audition au Sénat américain.

En janvier, un haut responsable américain avait prévenu les entreprises internationales de ne pas "sur-interpréter" la portée de l'accord de novembre.

"Les Français l'ont bien compris, toutes les conditions techniques doivent être réunies pour reprendre les relations commerciales", a assuré Patrick Blain, président du Comité des constructeurs français d'automobile (CCFA), soulignant le "manque de visibilité".

"Tant que l'Iran n'est pas revenu dans le système bancaire, il n'y a pas de possibilité", confirme le délégué d'une banque d'affaires.

Depuis 2012, l'UE interdit à Téhéran l'accès au réseau Swift, ce qui bloque les flux financiers et empêche notamment l'Iran de rapatrier ses pétrodollars. Mais les entreprises implantées en Iran sont également incapables de rapatrier leurs bénéfices, ou de payer leurs fournisseurs étrangers.

Il y a pourtant un énorme marché à reprendre avec ses 75 millions d'habitants. L'Iran n'est pas seulement un pays de consommation, mais aussi d'exportation dans la région.

Selon les chiffres de l'administration iranienne, les exportations françaises en Iran qui représentaient 1,8 milliard de dollars en mars 2005 avaient baissé de moitié en mars 2013.

En tout cas, les autorités iraniennes ont réservé "un très bon accueil" aux représentants français, selon une source proche de la délégation. "Les Iraniens sont très intéressés: en bref, ils nous disent +venez, tout est à prendre+", affirme l'un des participants.

Un responsable iranien a notamment invité les sociétés françaises à investir dans le secteur énergétique, vital pour l'économie.

Le ministre iranien de l'Industrie, Mohammad Reza Nematzadeh, cité par la télévision d'Etat mardi, a aussi assuré que le volume des échanges entre Paris et Téhéran pouvait même "atteindre plus de cinq milliards de dollars" à terme.

cyj/feb/vl

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.