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Christie's annule la vente de 85 oeuvres de Miro sur fond de polémique au Portugal

Christie's annule la vente de 85 oeuvres de Miro sur fond de polémique au Portugal

La maison d'enchères Christie's, refroidie par des démêlés judiciaires au Portugal, a annulé mardi la vente à Londres de 85 oeuvres de l'artiste espagnol Joan Miro, que le gouvernement portugais souhaite céder pour renflouer les caisses de l'Etat.

La justice portugaise avait décidé dans la matinée d'autoriser la vente de cette collection, tranchant en faveur du gouvernement après avoir été saisie par des députés de l'opposition, mais la mise aux enchères a finalement été annulée à la dernière minute par Christie's.

La maison d'enchères a justifié sa décision en invoquant des "incertitudes judiciaires" provoquées par "un différend dont la justice portugaise a été saisie et dans lequel Christie's n'est pas partie prenante".

"Nous avons la responsabilité à l'égard de nos clients de leur transmettre, sans problème aucun, les droits de propriété", a encore expliqué la maison dans un communiqué.

Le tribunal administratif de Lisbonne avait pourtant rejeté la requête du parquet général portugais recommandant de suspendre la vente à la demande de plusieurs députés du Parti socialiste portugais, la principale force d'opposition au gouvernement de centre droit.

"Le tribunal a autorisé la vente, mais il a pointé des irrégularités concernant l'acheminement des oeuvres" à Londres, a précisé à Lisbonne le secrétaire d'Etat à la Culture Jorge Barreto Xavier.

"Il faudra attendre pour voir si la vente aux enchères peut avoir lieu ultérieurement", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Mais pour la député socialiste et ancienne ministre de la Culture Gabriela Canavilhas, "il a été nettement établi que la vente de ces oeuvres dans ces conditions serait illégale et lèserait l'intérêt public".

Christie's estimait la valeur globale des 85 oeuvres de Miro à plus de 30 millions de livres (36,4 millions d'euros), présentant la collection comme l'"une des plus vastes et impressionnantes collections de l'artiste jamais mises aux enchères".

La vente, qui devait avoir lieu mardi soir et mercredi, comprenait notamment un des chefs-d'oeuvre de Miro, "Femmes et oiseaux", évalué par Christie's entre 4 et 7 millions de livres (entre 4,8 et 8,4 millions d'euros).

La collection était devenue propriété de l'Etat portugais à la suite de la nationalisation en 2008 de la banque BPN, qui avait subi d'importantes pertes dues à des opérations frauduleuses aggravées par la crise financière internationale.

"Il est important de vendre ces oeuvres pour réduire les dettes héritées de la BPN, qui s'élèvent à plus de 4 milliards d'euros", a fait valoir le secrétaire d'Etat à la Culture.

La BPN a été revendue à une banque privée pour 40 millions d'euros en 2011, mais son passif et une partie de ses biens, dont la collection de Miro, ont été placés dans deux véhicules financiers contrôlés par l'Etat.

"Si nous voulions garder les oeuvres, il faudrait que quelqu'un en paie le prix et ce n'est pas notre priorité", a insisté M. Barreto Xavier, en soulignant les restrictions budgétaires que connaît le Portugal, pays sous assistance financière internationale depuis 2011.

Connue en décembre, la décision du gouvernement de vendre les 85 oeuvres de Miro avait mis en émoi les milieux culturels et l'opposition de gauche, tandis qu'une pétition circulant sur internet pour protester contre sa vente comptait plus de 9.300 signataires mardi soir.

"L'importance de Joan Miro dans l'histoire de l'art est absolument incontestable et il n'existe au Portugal aucune collection de ce peintre ou d'un autre de cette époque ayant une valeur patrimoniale et artistique comparable à celle-ci", avaient fait valoir les députés socialistes.

"Une collection des tableaux de Miro est un ensemble artistique générateur de richesse partout dans le monde et a fortiori dans un pays touristique comme le Portugal", avait estimé l'Association portugaise de Muséologie.

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