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Avec sa ligne dure, Washington fait toujours cavalier seul face à Cuba

Avec sa ligne dure, Washington fait toujours cavalier seul face à Cuba

S'il a permis à Cuba d'exposer le soutien dont il jouit sur le continent, le récent sommet de la Communauté des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac) a aussi mis en évidence l'isolement des Etats-Unis dans leur politique de fermeté face à La Havane.

L'embargo américain mis en place par l'administration du président John F. Kennedy au début des années 60 est toujours en place.

Et Barack Obama, s'il a notamment assoupli les règles qui président aux voyages vers l'île et, plus symboliquement, serré la main de son homologue Raul Castro lors de la cérémonie d'hommage à Nelson Mandela, n'en maintient pas moins une ligne dure face à ce petit pays distant seulement de 150 km des côtes de Floride.

Pour preuve, la réaction outrée du département d'Etat après l'adoption par les 33 pays participant au sommet de la Celac à Cuba d'une "Déclaration de La Havane", la semaine dernière.

La Celac, dont ni les Etats-Unis, ni le Canada ne sont membres, "a trahi l'engagement déclaré de la région à respecter les principes démocratiques en soutenant le système de parti unique cubain", s'est emportée la diplomatie américaine.

"Cuba semble avoir le même effet sur les gouvernements américains successifs que la pleine Lune sur les loups-garous", dit à l'AFP Wayne Smith, expert en politique étrangère et ancien diplomate chargé des intérêts américains à La Havane.

"Notre politique à l'égard de Cuba relève de l'émotionnel. Elle n'est ni pragmatique, ni sensée et va à l'encontre de nos intérêts", martèle-t-il.

Geoff Thale, directeur d'un centre d'études sur l'Amérique latine (Wola), regrette, lui, que la politique américaine envers Cuba reste "engluée ans le passé. Elle a été façonnée à l'époque de la Guerre froide et n'a jamais été amendée depuis". Et de relever le poids "disproportionné" de la communauté cubano-américaine anti-castriste de Floride, un Etat-clé lors des élections présidentielles.

D'ailleurs, insiste-t-il, le simple fait de qualifier de "trahison" l'attitude des pays du continent "va trop loin. Cela montre que la position américaine vis-à-vis de Cuba est unilatérale et personne d'autre ne la partage sur le continent américain".

Certains pays ont signé la déclaration de la Celac parce qu'ils s'accommodent très bien du régime cubain, explique encore M. Thale.

D'autres estiment que La Havane a le droit de prendre seule ses décisions de politique intérieure. D'autres encore pensent que l'île est en train de vivre un processus de transformation.

"Quoi qu'il en soit, tous ces pays ont signé la déclaration parce que personne ne pense que la stratégie américaine à l'égard de Cuba fonctionne", relève Geoff Thale.

Pour Wayne Smith, l'ancien chef de la section d'intérêts américaine à La Havane, la grande erreur est de maintenir Cuba sur la liste américaine des Etats accusés de soutenir le terrorisme dans le monde.

"Les Etats-Unis ont des relations avec toute une série de pays qui ne sont pas plus démocratiques que Cuba, dont des pays contre lesquels nous nous sommes battus. Mais j'ai l'impression que nous ne sommes pas capables d'avoir une relation pragmatique et sensée avec Cuba", souligne-t-il.

Mais pour l'heure, la politique intérieure reste le grand obstacle à un changement d'approche, admet Mavis Anderson, du Latin America Working Group, une ONG de défense des droits de l'homme.

"L'administration (américaine) craint la violente réaction des élus cubano-américains du Congrès", férocement anti-castristes, dit-elle.

Mais, malgré leurs relations tendues en surface, explique Mme Anderson, La Havane et Washington se concertent régulièrement sur les questions migratoires et de lutte antidrogues.

"J'ai l'espoir de voir des conversations et même des projets qui nous permettrons de changer notre politique vis-à-vis de Cuba", assure-t-elle.

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