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Présidentielle au Salvador: l'ex-rébellion tente de conserver le pouvoir

Présidentielle au Salvador: l'ex-rébellion tente de conserver le pouvoir

Les Salvadoriens votaient dimanche pour une présidentielle offrant l'occasion à l'ex-guérilla marxiste de se maintenir au pouvoir cinq ans après en avoir chassé la droite lors d'un scrutin historique.

Organisé dans quelque 1.500 bureaux de vote sous la surveillance de 22.000 policiers et 19.000 soldats, le scrutin s'est ouvert vers 07H00 locales (13H00 GMT) et devait prendre fin à 17H00 (23H00 GMT).

"Allez tous voter, la transparence est garantie", a assuré au début du vote le président du Tribunal suprême électoral (TSE), Eugenio Chicas.

Après être parvenu à mettre un terme à 20 ans d'hégémonie des conservateurs avec l'élection du modéré Mauricio Funes en 2009, le Front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN) a cette fois choisi d'investir un candidat directement issu de ses rangs: l'ex-commandant rebelle et actuel vice-président Salvador Sanchez Ceren, âgé de 69 ans.

Les dernières enquêtes d'opinion publiées à la fin de la campagne créditaient cet ancien professeur de 38,3 à 46,8% d'intentions de vote, des projections favorables mais a priori insuffisantes pour franchir la barrière des 50% synonyme de victoire dès le premier tour.

S'il était élu, M. Ceren deviendrait le troisième président latino-américain en activité issu d'une guérilla de gauche après la Brésilienne Dilma Rousseff et l'Uruguayen José Mujica.

En allant voter dans un théâtre du nord-est de San Salvador dimanche matin, M. Ceren a surpris les journalistes en annonçant sa volonté de former "un gouvernement ouvert à toutes les tendances" et en appelant ses adversaires à nouer "un grand pacte national" pour le pays. Il s'est également engagé à respecter les résultats du scrutin.

Dès les premières heures de la matinée, les partisans des différents candidats ont installé de nombreux stands aux couleurs de leurs partis à travers la capitale, affirmant vouloir simplement orienter les électeurs vers leurs bureaux de vote.

Face M. Ceren, la droite se présente en ordre dispersé. L'Alliance républicaine nationaliste (ARENA, droite) a logiquement investi le maire de Salvador Norman Quijano, mais celui-ci risque de pâtir de la candidature dissidente de l'ancien président Antonio Saca (2004-2009), vexé d'avoir dû porter seul le fardeau de la défaite de 2009. Dans les sondages, M. Quijano enregistre de 29 à 32,8% des suffrages, contre de 11,6 à 14,7% pour M. Saca.

A l'issue du scrutin de dimanche, ou d'un second tour éventuel le 9 mars, le vainqueur héritera d'un pays en butte à un taux de pauvreté dépassant les 40%, selon le Pnud, et à une criminalité parmi les plus élevées au monde. Cependant le gouvernement a souligné vendredi que la campagne s'était pour une fois déroulée sans heurts majeurs entre les partisans des cinq candidats.

M. Funes, ancien journaliste vedette au profil modéré, ne peut se représenter. Pendant son mandat, il a tenté de juguler tant bien que mal ces deux phénomènes sans vraiment pouvoir s'appuyer sur des institutions fragiles et gangrenées par la corruption dans un pays qui peine encore à se remettre d'une sanglante guerre civile (1980-1992).

M. Ceren s'est engagé à poursuivre le programme anti-pauvreté de son prédécesseur et à faire de la probité une priorité de son mandat. Il a aussi garanti à ses concitoyens la "tranquillité" face à la menace des groupes criminels et des "maras", gangs d'adolescents connus pour les nombreux tatouages de ses membres qui sèment la terreur dans le pays.

Norman Quijano, âgé de 67 ans, envisage lui aussi de travailler "pour plus de sécurité et plus d'emplois", promettant notamment une "main ferme" contre les criminels. Soutenu par les milieux d'affaires mais considéré comme peu charismatique, ce dentiste de formation a bénéficié d'une large couverture des médias privés pour diffuser son discours fustigeant un adversaire qualifié de "communiste".

Toutefois, sa fin de campagne a été ternie par la tentative de fuite du conseiller de campagne de l'ARENA et ancien président Francisco Flores (1999-2004), soupçonné d'avoir détourné plusieurs millions de dollars versés par Taïwan sous son mandat.

Alors que les observateurs s'inquiètent du manque d'explication des deux favoris sur le financement de leurs programmes respectifs, l'analyste politique Roberto Cañas relève que "tout indique qu'il y aura un deuxième tour".

Les premiers résultats sont attendus cinq heures après la fin des opérations de vote, surveillées par environ 200 observateurs étrangers.

bur-ag/ai

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