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L'opposition manifeste dans le centre de Kiev, la sortie de crise est loin

L'opposition manifeste dans le centre de Kiev, la sortie de crise est loin

Une vingtaine de milliers de partisans de l'opposition se sont rassemblés dimanche dans le centre de Kiev, occupé et entouré de barricades depuis le début, il y a plus de deux mois, de la plus grave crise traversée par l'Ukraine depuis son indépendance en 1991.

La foule continuait cependant à grossir, sous un ciel bleu, au milieu du village de tentes hétéroclites occupant la place de l'Indépendance - le Maïdan - et s'étendant sur le grand boulevard Krechtchatik.

La manifestation, la première depuis une dizaine de jours, présentée par l'opposition comme un "meeting d'information", a commencé par les interventions de plusieurs prêtres, d'abord orthodoxes, ensuite catholiques de rite oriental, appelant en des termes généraux à l'unité nationale et à la justice.

Aucune solution ne semble actuellement en vue et le bras de fer risque de se prolonger, même si la crise évolue, comme l'a dit à Munich samedi l'un des chefs de l'opposition Vitali Klitschko. Les menifestations pro-européennes se sont transformées en une vaste contestation du système présidentiel de Viktor Ianoukovitch, dont les occupants de la place de l'Indépendance exigent la démission.

Certes, la contestation a été déclenchée par la volte-face de M. Ianoukovitch qui a soudainement renoncé à un accord d'association avec l'UE pour se tourner vers la Russie, qui l'a récompensé avec 15 milliards d'euros de crédits et une réduction du prix du gaz, essentielle pour l'industrie ukrainienne.

Samedi, la rivalité russo-européenne était revenue au premier plan, les chefs de la diplomatie américaine, allemande et française apportant leur soutien aux opposants ukrainiens, tandis que leur homologue russe ironisait sur l'appui des Occidentaux à des manifestants "dont ils ne toléreraient pas les infractions chez eux".

Dimanche, le président de la commission de la Douma (chambre basse du Parlement russe) pour les affaires étrangères Alexeï Pouchkov a renchéri, accusant l'UE d'avoir à l'égard de l'Ukraine un comportement de "colonisateur", sur son compte Twitter, comparant cette politique aux "accords imposés dans le passé à la Chine et à d'autres pays dépendants".

Les contestataires présents dimanche matin sur le Maïdan, place de l'Indépendance, interrogés par l'AFP hésitaient quant à l'importance réelle du soutien de l'Occident.

"Ianoukovitch peut jouer son va-tout, y compris en introduisant l'état d'urgence et en utilisant la force contre les gens. L'enjeu pour lui est vraiment énorme", a dit un retraité venu de la région d'Ivano-Frankivsk dans l'ouest nationaliste, Iouri Kreniouk.

"L'Europe devrait faire pression sur nos oligarques, qui ont des comptes et des affaires en Europe. Mais l'Europe commence à louvoyer, elle ne veut pas se fâcher avec la Russie à cause de l'Ukraine et en même temps ne veut pas la lui abandonner. Si on bloquait les comptes des oligarques, la question du départ de Ianoukovitch serait vite réglée", pense-t-il.

"les gens ne quitteront pas le Maïdan tant que Ianoukovitch ne sera pas parti", ajoute le manifestant.

Une autre manifestante, venue du centre du pays, de la région de Jitomir, la dentiste Oksana Hodakivska, pense qu'il ne faut pas trop compter sur l'aide de l'étranger. "C'est très dommage que Ianoukovitch ne nous entende pas. Il devrait démissionner, le Parlement aussi, s'ils veulent une solution pacifique. Les représentants de l'UE peuvent juste faire cesser temporairement les violences, quand ils viennent en Ukraine, mais ils ne pourront pas le faire tout le temps. Tout notre espoir repose sur nos gens", a ajouté la jeune femme.

La situation à Kiev semble d'autant plus confuse que le président Ianoukovitch s'est mis en "congé maladie" en milieu de semaine. Ses services, ayant évoqué une "maladie respiratoire aiguë", n'ont plus donné de précisions, son porte-parole démissionnaire n'étant toujours par remplacé.

Ainsi, certains opposants supposent que la maladie présidentielle est essentiellement "diplomatique" et destinée à permettre à Ianoukovitch de prendre du recul dans une situation complexe ressemblant beaucoup à une impasse.

os-via/neo/pt

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