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Li Kunwu, dessinateur virtuose et chroniqueur de l'histoire chinoise

Li Kunwu, dessinateur virtuose et chroniqueur de l'histoire chinoise

Dessinateur de propagande pendant 30 ans, auteur virtuose reconnu, le chinois Li Kunwu raconte dans de puissants romans graphiques archidocumentés l'histoire de son pays, "qui a connu en 50 ans plus de bouleversements qu'aucun autre".

Celui qui se voit comme "un pont entre passé et présent" est invité du Festival international de la BD d'Angoulême, à l'heure de la commémoration du cinquantenaire des relations diplomatiques entre la France et la République populaire de Chine.

Né dans la province du Yunnan (sud-ouest) en 1955, ce fils d'un cadre du Parti communiste et dessinateur surdoué est très vite repéré.

Star du roman graphique chinois, plusieurs fois primé, il répond volontiers aux questions de la presse. "Il y a 30 ou 40 ans, je n'aurais jamais imaginé me retrouver devant des journalistes occidentaux. C'est la sixième fois que je viens en France", dit Li Kunwu.

"Symboliquement, je suis peut-être aussi un pont entre la France et la Chine... Dans ma jeunesse, je n'avais jamais vu un occidental. Personne, dans le Yunnan, n'en avait vu et on pensait qu'ils ressemblaient tous à Karl Marx ! Aujourd'hui, dans ma province natale, on en rencontre autant que vous à Paris des Asiatiques. On dit maintenant: +ils sont trop nombreux, ils vont nous envahir !+", s'amuse-t-il.

Li Kunwu n'est pas un dissident mais fait "un travail d'historien". Ses oeuvres sont traduite en douze langues, dont le japonais, et ses romans graphiques plus lus à l'étranger qu'en Chine. Sa célèbre trilogie autobiographique "Une vie chinoise" (éditions Kana), coscénarisée par le Français Philippe Otié, vient néanmoins d'être réimprimée en Chine.

Dans le premier tome de ce récit, il décrit la famine qui fit durant quatre ans des millions de morts en Chine. Il parle aussi des ravages de la Révolution culturelle, raconte comment son père a été déporté dix ans dans un centre de rééducation.

Le dessinateur ne s'affranchit pas pour autant du Parti communiste, qu'il a intégré à 23 ans au département de la propagande, parcours raconté dans le 2e tome. Il deviendra aussi dessinateur de presse. "En un sens, je remercie la Révolution culturelle, le dessin de propagande m'a initié à toutes ces techniques si différentes de la BD chinoise traditionnelle". Le 3e tome évoque les bouleversements de la société dus au boom économique chinois.

Li Kunwu a aussi publié un livre bouleversant, "Les pieds bandés", ceux de sa nourrice, l'une des dernières à avoir subi cette torture ou encore "La voie ferrée au-dessus des nuages", l'histoire d'un pont construit par des Français au début du XXe siècle. Clin d'oeil à son goût pour la culture française, on y retrouve la célèbre scène de la cuisine du classique du cinéma français "Les Tontons Flingueurs".

Au second semestre 2014 paraîtront "Empreintes" et "Cicatrices" aux éditions Kana. Dans le premier, Li Kunwu raconte à son fils de 26 ans, qui vit à Londres avec sa mère, première femme de Li Kunwu, son enfance dans la Chine des années 60 et la Chine d'aujourd'hui, en pleine mutation.

"Je suis traversé par beaucoup de contradictions", avoue-t-il. "Je regrette la nature préservée, les relations simples entre les gens dans ma jeunesse. Mais il y avait une pression politique très forte et la misère. Aujourd'hui, les conditions de vie sont meilleures mais la Chine est de plus en plus polluée et l'argent domine".

"Cicatrices" racontera une page sombre de l'histoire chinoise. A partir d'un poster de propagande japonais de la Seconde Guerre mondiale, l'auteur a mené une enquête historique pour expliquer au lecteur le conflit sino-japonais et l'occupation japonaise, s'appuyant sur des documents d'archives.

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