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Hommes d'affaires et diplomates se bousculent à Téhéran

Hommes d'affaires et diplomates se bousculent à Téhéran

Six mois après la prise de fonction du président modéré Hassan Rohani, les délégations politiques et économiques se bousculent à Téhéran avec la volonté de renouer rapidement avec l'Iran, dans l'espoir d'une levée prochaine des sanctions internationales.

Dernière en date, une délégation de 110 membres du Medef, la première organisation patronale française, est attendue lundi pour reprendre contact avec les responsables iraniens, après plusieurs années d'absence. Il s'agit de la plus grosse délégation économique étrangère à ce jour, après la visite d'Italiens, d'Allemands, d'Autrichiens et de Portugais.

Côté diplomatique, on insiste sur le "caractère technique" de la visite, au cours de laquelle aucune signature de contrat n'est prévue, certaines sanctions étant toujours en place. Mais l'essentiel et de reprendre pied en Iran, un marché de 76 millions d'habitants particulièrement prometteur.

En vertu de l'accord de Genève conclu en novembre, une partie des sanctions économiques contre l'Iran a été levée, en contrepartie de la suspension d'une partie des activités nucléaires iraniennes. Prévu pour durer 6 mois, l'accord, entré en vigueur le 20 janvier, doit permettre de mener des négociations pour un règlement définitif de la question nucléaire.

"Parmi les pays de la région, l'Iran connaît paradoxalement une stabilité politique remarquée", en comparaison avec la Syrie, l'Irak ou l'Egypte souligne à l'AFP un analyste iranien ayant requis l'anonymat. Seuls les pays du Golfe sont politiquement stables, mais les entreprises étrangères y sont déjà largement présentes.

Peugeot, qui a cessé ses activités en 2012, et Renault, qui produit au compte-goutte depuis quelques mois, dominaient le marché automobile iranien avant la mise en place des sanctions. Ils espèrent reprendre du terrain face aux constructeurs asiatiques, notamment chinois, qui ont fait une entrée remarquée sur le marché iranien l'année dernière.

La production automobile est tombée de 1,7 million de véhicules en 2011 à un peu plus de 500.000 en 2013, et Téhéran espère retrouver son niveau d'avant les sanctions dès 2015.

De même, Total espère pouvoir reprendre rapidement ses activités dans le secteur pétrolier et gazier, qu'il a quitté en 2010.

En décembre, la ministre italienne des Affaires étrangères Emma Bonino, a été la première responsable européenne de ce niveau à se rendre en Iran, après plusieurs années de froid en raison de la politique et surtout des déclarations intempestives de l'ex-président Mahmoud Ahmadinejad sur Israël ou l'Holocauste.

La visite fin janvier du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a été l'une des plus importantes pour l'Iran, signe d'un réchauffement des relations malgré les différends sur le conflit syrien. Les deux pays ont affiché leur volonté de porter leurs échanges commerciaux à 30 milliards de dollars en 2015.

Le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt, doit lui aussi arriver à Téhéran lundi, alors que son homologue polonais Radoslaw Sikorski, est attendu fin février.

De même, d'anciens responsables politiques, notamment l'ex-chef de la diplomatie britannique, Jack Straw, ou l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan ont fait le voyage à Téhéran.

"La succession de ces visites est le signe que le tabou des sanctions a volé en éclats. Les Etats-Unis faisaient pression sur les entreprises étrangères au-delà même du régime des sanctions pour les dissuader de venir", assure à l'AFP l'analyste politique Amir Mohebian.

"Désormais, il sera très difficile d'empêcher le retour des compagnies étrangères. C'est déjà un succès important pour la diplomatie du président Rohani", ajoute-t-il.

Enfin, beaucoup de responsables iraniens estiment que la normalisation entre l'Iran et les Etats-Unis est une perspective à portée de main.

"Rohani veut réduire totalement les tensions avec l'Occident et normaliser les relations", notamment avec Washington, affirme Hossein Moussavian, ancien collaborateur du président dans l'équipe des négociateurs nucléaires entre 2003 et 2005, qui est revenu en Iran après plusieurs années d'exil aux Etats-Unis.

Mais les hommes d'affaires ne doivent pas croire que l'Iran est un pays conquis, prévient Amir Mohebian. "La France, qui a joué un rôle négatif lors des négociations de Genève sous la pression des lobbies arabes ou sionistes doit comprendre qu'avec le retour des Etats-Unis, sa part du marché sera réduite automatiquement. Elle ne doit pas la réduire encore plus par sa politique", explique l'analyste.

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