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Des milliers de manifestants à Paris contre le mariage gay et la "théorie du genre"

Des milliers de manifestants à Paris contre le mariage gay et la "théorie du genre"

Des milliers d'opposants au mariage gay ou à la "théorie du genre", défenseurs d'une vision traditionaliste de la famille, manifestaient dimanche à Paris lors d'une nouvelle démonstration de force révélatrice du réveil des conservatismes en France.

Venus "pour la famille et l'enfant", les manifestants ont commencé à défiler en début d'après-midi dans le centre de Paris. Les organisateurs attendaient des dizaines de milliers de participants. Ailleurs en France, notamment à Lyon, des rassemblements ont également lieu.

"Hollande ta loi, on n'en veut pas!" fusaient dans la foule composée notamment de catholiques traditionalistes mais aussi de musulmans conservateurs. Sur une banderole, une main a écrit: "Famille: éducation, solidarité, dignité".

Pour Abdel et Said Ahmet, deux pères de famille algériens qui disent partager des "valeurs communes" avec les manifestants catholiques, "c'est la famille qui doit faire l'éducation sexuelle et pas le gouvernement".

Une semaine après les débordements qui ont marqué la manifestation anti-Hollande - 19 policiers blessés, 226 gardes à vue - , le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a prévenu qu'il ne tolèrerait "aucun débordement" de la part des manifestants.

La police a déjà arrêté douze militants d'un groupuscule d'extrême droite alors qu'ils s'apprêtaient à rejoindre le cortège.

Après s'être mobilisés en novembre 2012 contre le mariage homosexuel, une partie de la France conservatrice voire réactionnaire fustige toujours le mariage gay et craint l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes, la légalisation des "mères porteuses" et la prétendue "théorie du genre".

Le gouvernement du président socialiste François Hollande ne prévoit aucun de ses projets mais les thèmes sont porteurs alors qu'un climat que certains observateurs qualifient de "nauséabond" gagne la France.

Pays de fort débat politique et de lignes de fracture remontant pour certaines à la Révolution française de 1789, la France connaît souvent des accès de fièvre quand la gauche revient au pouvoir. Dans les années 1930, les ligues d'extrême droite se sont régulièrement mobilisées pour déstabiliser le pouvoir de gauche et la République. Dans une moindre mesure, l'arrivée du socialiste François Mitterrand à la présidence en 1981 a suscité l'exaspération de l'électorat le plus conservateur.

En cause ces dernières semaines? Une "Marche pour la vie" des opposants à l'avortement le 19 janvier, puis surtout une manifestation anti-Hollande le 26 janvier qui a débordé du cadre habituelle de la contestation politique.

Durant cette manifestation qui s'est terminée par des heurts avec la police, des groupuscules d'extrême droite qui se sentent pousser des ailes depuis le retour de la gauche au pouvoir en 2012 ont laissé libre cours à une remise en cause de la République et ont multiplié propos racistes et antisémites.

François Hollande a appelé à la "vigilance" face à "des mouvements extrémistes, racistes".

Dans la semaine, une nouvelle polémique a éclaté avec une folle rumeur selon laquelle l'école inciterait les enfants à rejeter leur identité sexuelle, voire même leur apprendrait à se masturber. Cette rumeur, qui n'a pas de fondement mais qui a séduit notamment parmi les musulmans, reprend l'argumentaire de groupes d'extrême droite d'inspiration catholique qui accusent le gouvernement de vouloir imposer la "théorie du genre", interprétée comme la négation de la différence des sexes et la promotion de l'homosexualité.

Les organisateurs de la manifestation de dimanche ont demandé vendredi le "retrait immédiat" d'une expérimentation en cours dans certaines écoles destinée à promouvoir l'égalité entre filles et garçons, et qui vise selon eux "à remodeler l'attitude et la manière d'être des jeunes enfants".

Avant la manifestation, Manuel Valls a dénoncé l'apparition d'un "Tea Party à la française" et a appelé la "droite républicaine" à s'en "démarquer clairement". Plus largement, le ministre de l'Intérieur a évoqué "une fronde des anti : anti-élites, anti-Etat, anti-impôts, anti-Parlement, anti-journalistes... Mais aussi et surtout des antisémites, des racistes, des homophobes... Tout simplement des anti-républicains".

bur-kat/jeb

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