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Ukraine : les opposants, soutenus par Kerry, craignent une intervention de l'armée

Ukraine : les opposants, soutenus par Kerry, craignent une intervention de l'armée

Les Occidentaux ont assuré de leur soutien samedi à Munich les dirigeants de l'opposition ukrainienne, qui les ont alertés sur les risques d'une intervention de l'armée à Kiev.

Les chefs de file de l'opposition, Vitali Klitschko et Arseni Iatseniouk, ont mené une vaste campagne de sensibilisation rencontrant tour à tour le secrétaire d'Etat américain, John Kerry et ses homologues français Laurent Fabius et allemand Frank-Walter Steinmeier, réunis pour la Conférence annuelle sur la sécurité de Munich.

"Les Etats-Unis et l'Union européenne se tiennent aux côtés du peuple ukrainien dans son combat" pour se rapprocher de l'Europe, a assuré M. Kerry, dont c'est la prise de position la plus forte à ce jour en faveur de l'opposition.

Les opposants ont de leur côté mis en garde contre le risque d'un recours à la force à Kiev.

"Le gouvernement a préféré emprunter la voie de l'escalade", a dénoncé Vitali Klitschko. "Cette voie n'est pas acceptable pour nous", a ajouté l'ancien boxeur, très applaudi au cours de son intervention devant les conférenciers.

Présent à ses côtés pour débattre, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Leonid Kojara, a appelé l'opposition "à partager les responsabilités". "Si vous dirigez l'opposition, assumez vos responsabilités", a-t-il dit à M. Klitschko, rappelant les récentes concessions du président Viktor Ianoukovitch comme l'abrogation de certaines lois répressives.

Arseni Iatseniouk a exigé du gouvernement qu'il "mette fin à toute implication de l'armée ukrainienne dans ce conflit".

Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a déclaré, après avoir rencontré les dirigeants de l'opposition, que "la situation ukrainienne donne des signes inquiétants de dégradation" et condamné "les appels gouvernementaux à mettre en place l'état d'urgence".

Le parti de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko a indiqué à l'AFP que le pouvoir ukrainien était en train de préparer l'instauration de l'état d'urgence pour mettre fin à plus de deux mois de contestation.

L'armée avait exigé vendredi des mesures d'urgence, affirmant que l'escalade de la contestation menaçait "l'intégrité territoriale" de l'ancienne république soviétique.

En rencontrant les principaux dirigeants de l'opposition, les Occidentaux montrent qu'ils les considèrent comme des interlocuteurs à part entière qui ne peuvent plus être écartés.

Dans une claire allusion à la Russie, M. Kerry a affirmé que les Ukrainiens "considèrent que leur avenir ne dépend pas d'un seul pays et certainement pas sous la contrainte".

Les Russes ont pour leur part critiqué le soutien affiché par les Occidentaux aux opposants.

"En quoi les encouragements à des manifestations de rue de plus en plus violentes sont-ils liés à la promotion de la démocratie?", s'est interrogé Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères.

"Pourquoi tant d'hommes politiques européens d'envergure encouragent de telles actions alors qu'une fois chez eux ils s'empressent de punir la moindre infraction ?", a-t-il demandé.

En marge de la conférence, M. Lavrov a néanmoins discuté des solutions à la crise avec ses homologues américain, français et allemand.

Le mouvement de contestation né du refus de Viktor Ianoukovitch fin novembre de signer un accord d'association avec l'UE, préférant un rapprochement avec Moscou, s'est transformé en une crise profonde qui inquiète de plus en plus à l'étranger.

Le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a pour sa part annoncé qu'elle se rendrait à nouveau à Kiev la semaine prochaine pour tenter d'aider à régler le conflit qui a fait au moins quatre morts et plus de 500 blessés.

Vitali Klitschko a dénoncé samedi "les pressions" du pouvoir sur le militant Dmytro Boulatov, hospitalisé après avoir été enlevé et torturé pendant une semaine.

"C'est étrange: il revient à peine après avoir été enlevé et la police le place en résidence surveillée", a-t-il relevé.

Mais, selon Berlin, M. Boulatov pourrait être autorisé à quitter l'Ukraine pour se faire soigner en Allemagne s'il le souhaite.

Selon les propos de M. Klitschko, "le compromis pour sortir de la crise en Ukraine ne peut être qu'une complète remise à zéro, le changement du pouvoir. Le sujet du retour à la Constitution de 2004 a été abordée pratiquement lors de toutes les rencontres que j'ai eues à la conférence de Munich", a-t-il souligné. L'ancienne Constitution, dont l'opposition demande le rétablissement, donnait plus de pouvoir au Parlement et moins au président.

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