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"Raja Rocket", l'Indien qui voulait patiner aux JO

"Raja Rocket", l'Indien qui voulait patiner aux JO

Au coeur des Pays-Bas, à des milliers de kilomètres de la chaleur de son Inde natale, Vishwaraj n'a qu'une chose en tête: devenir en 2018 le premier Indien à participer aux épreuves de patinage de vitesse des jeux Olympiques.

Silhouette frêle et petite taille reconnaissables au milieu des dizaines de Néerlandais venus s'entraîner sur cet anneau de glace long de 400 mètres à Utrecht, l'athlète de 28 ans enchaîne les tours.

"Plus en douceur, il faut glisser!", crie l'entraîneur Wim Nieuwenhuizen au natif d'Ahmedabad, une ville de plus de 5 millions d'habitants à l'ouest de l'Inde dont les températures dépassent allègrement les 40°C en été.

"Il a quatre ans pour arriver au niveau requis pour les Jeux de 2018, à Peongchang", en Corée du Sud, explique Wim à l'AFP tout en scrutant son protégé, ancien champion de roller de vitesse.

"En tant qu'athlète, le but ultime est de participer aux Jeux Olympiques, mais malheureusement, le roller de vitesse n'est pas olympique", soupire Vishwaraj Jadeja. "Le patinage de vitesse m'a semblé suffisamment proche pour que je tente une reconversion", ajoute-t-il, prenant en exemple sur le champion olympique américain Chad Hedrick.

Son entraîneur nuance toutefois la ressemblance entre les deux sports. "Cela semble assez similaire, mais en fait, on apprend des gestes qui ne sont pas forcément bons pour le patin à glace. On est toujours occupés à effacer ce qu'il a appris pour le roller".

L'Inde a déjà été représentée aux JO d'hiver, en ski alpin ou en luge par exemple, mais jamais en patinage de vitesse. Aux JO de Sotchi, du 7 au 23 février, elle ne comptera que trois athlètes, qui de surcroît participeront sous la bannière olympique, le Comité olympique indien ayant été suspendu par le CIO notamment pour ingérences gouvernementales.

L'objectif initial de Vishwaraj était de participer à ces jeux, mais il a vite déchanté. En raison de problèmes de visa maintenant résolus, il n'a pu s'entraîner qu'un an et demi de manière professionnelle. Et "il faut des années pour faire un champion!", souligne Wim.

De fait, Vishwaraj est encore loin des minimas olympiques : quatre secondes trop lent sur le 500 mètres, et une minute sur le 5.000 mètres. Mais sa progression est constante.

C'est fin 2008 qu'il tente le grand saut et abandonne ses études d'ingénieur en électricité. "Dans ma langue, nous n'avons pas de mot différent pour la glace et la neige, c'est un seul et même mot", sourit-il. Alors il a fallu partir. "Si vous voulez apprendre le cricket, venez en Inde, mais pour le patinage de vitesse, venez aux Pays-Bas!".

Vish se retrouve dans un premier temps au Danemark. "Je me suis dit que ce n'était pas trop loin et que j'arriverais bien à venir aux Pays-Bas d'une manière ou d'une autre". Mais c'est en Suède qu'il met les pieds sur la glace pour la première fois, à l'occasion d'une compétition. "Une véritable catastrophe", se souvient Vishwaraj. "J'ai été disqualifié parce que je ne connaissais pas les règles".

Il parviendra finalement à rejoindre les Pays-Bas après avoir été mis en contact avec Wim Nieuwenhuizen, formateurs de champions du monde et olympique. "Je pense qu'il faut être fou pour avoir un tel objectif, mais je lui ai dit : si tu es fou, alors je peux t'aider, parce que je le suis aussi!", raconte le néerlandais.

Inévitables à ses débuts, les sourires se sont progressivement mués en respect. Entraînements quotidiens, stages de VTT dans les Alpes en été, Vishwaraj se donne les moyens d'atteindre son objectif, même si son entraîneur est son principal sponsor et qu'il réside chez des amis.

Vish n'est pas le seul patineur indien à rêver de JO. S'il détient les records d'Inde sur 1.500, 3.000, 5.000 et 10.000 mètres, c'est Stephen Paul Kilari qui les détient sur 500 et 1.000 mètres.

Ce dernier s'entraîne à Salt Lake City, aux Etats-Unis. "Il y a toujours de la concurrence, nous sommes un milliard d'Indiens", souligne Vish.

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