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Nucléaire iranien: il est temps d'aborber les questions "plus difficiles" (Amano)

Nucléaire iranien: il est temps d'aborber les questions "plus difficiles" (Amano)

Après les récentes percées dans le dossier iranien, l'AIEA veut passer "aux choses plus difficiles" en abordant la question sensible de l'éventuel volet militaire du programme nucléaire de Téhéran, a déclaré son directeur général Yukiya Amano dans un entretien exclusif à l'AFP.

"Nous souhaitons certainement inclure les questions (relatives) à la possible dimension militaire dans les prochaines étapes", a déclaré le Japonais.

"Nous avons commencé par des mesures pratiques et faciles à mettre en oeuvre, puis nous passons à des choses plus difficiles", a-t-il souligné.

Pour l'agence, il s'agit de déterminer si Téhéran a cherché à se doter de la bombe atomique avant 2003, voire ensuite. Dans un sévère rapport diffusé en novembre 2011, elle avait dressé un catalogue d'éléments, présentés comme crédibles, indiquant que cette possibilité ne pouvait pas être exclue. Un rapport rejeté par l'Iran, qui a toujours nié avoir voulu ou vouloir se constituer un arsenal militaire nucléaire.

L'agence avait négocié pendant deux ans avec l'Iran afin de trouver un accord lui permettant de vérifier l'ensemble des questions soulevées dans ce rapport, en vain.

L'arrivée à la présidence iranienne du modéré Hassan Rohani avait débloqué l'impasse et les deux parties avaient conclu le 11 novembre un premier accord d'étape en six points, comprenant notamment une visite d'un site de production d'eau lourde à Arak ou d'une mine d'uranium.

Mais le texte ne faisait aucune référence à la possible dimension militaire .

"Nous (en) avons déjà discuté et continuerons à en discuter lors de notre prochaine réunion", qui doit avoir lieu le 8 février. "Et j'espère que nous pourrons produire un résultat concret, un accord", a indiqué M. Amano lors de cette interview réalisée jeudi dans son bureau, au 28e étage du siège de l'AIEA à Vienne.

La possible dimension militaire du programme iranien est aussi une question centrale de l'accord historique signé le 24 novembre à Genève entre les grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne) et Téhéran, même si elle n'est pas non plus évoquée telle quelle dans le texte.

"Quand nous parlons des questions du passé et du présent, cela inclut naturellement la possible dimension militaire", explique le diplomate de 66 ans.

Résoudre ces questions "peut être rapide ou long. Cela dépend beaucoup de l'Iran. Cela dépend vraiment de leur coopération", a-t-il insisté. L'AIEA reproche depuis de nombreuses années au pays un manque de coopération qui entretient selon elle le doute sur les visées de son programme nucléaire.

L'accord de Genève, appliqué depuis le 20 janvier et qui court sur six mois, prévoit le gel par l'Iran d'une partie de ses activités nucléaires en échange de la levée de certaines sanctions internationales, qui étranglent son économie.

Il s'agit d'une première étape vers la négociation d'un accord à plus long terme dont l'objectif est de mettre un terme à dix ans de bras de fer entre Téhéran et la communauté internationale.

Le chef de l'AIEA n'a pas voulu s'avancer sur les chances d'arriver à un accord. "Spéculer sur le futur est très difficile", a-t-il plaisanté. Évoquant les récentes percées, il a souligné: "Vous n'auriez pas pu prévoir cette situation il y a six mois. Il y a un an, cela semblait complètement impossible!".

Dans le cadre de l'accord, l'agence a la lourde tâche de vérifier que l'Iran applique bien ses engagements, notamment une suspension de l'enrichissement d'uranium à 20%. Les occidentaux et Israël ont toujours soupçonné le pays de vouloir pousser l'enrichissement jusqu'au niveau nécessaire à la fabrication d'une bombe (90%).

Si l'agence constate le moindre écart, alors "nous informerons immédiatement les pays membres" de l'agence, a-t-il dit.

Yukiya Amano s'est dit confiant d'obtenir les 5,5 millions d'euros nécessaires à la mise en oeuvre de sa mission en Iran, soulignant que plus "d'une douzaine" de pays membres du conseil des gouverneurs avaient annoncé leur intention de contribuer. "C'est un signe plutôt encourageant", a-t-il dit. "Aussi longtemps que nous faisons du bon travail... Je suis certain que les Etats membres nous soutiendrons".

ilp-stu/pt

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