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L'octogénaire SAA plus que jamais sous perfusion publique

L'octogénaire SAA plus que jamais sous perfusion publique

La compagnie publique aérienne sud-africaine SAA attend en février l'annonce d'une nouvelle injection d'argent frais de l'Etat, mais cette perfusion, indispensable à court terme, va de pair avec une ingérence controversée.

Endettée, déficitaire, pénalisée par une flotte vieillissante et la dépréciation du rand sud-africain, South African Airways (SAA) fêtera cette année ses 80 ans.

"Ce n'est pas un secret, notre bilan comptable est très faible", admet son directeur financier Wolf Meyer.

"Nous avons récemment bouclé une stratégie de redressement à long terme qui recommande notamment une recapitalisation de l'entreprise par notre actionnaire. Il y a des discussions avec le Trésor public. Je crois qu'ils ont accepté le montant mais il faut qu'ils trouvent l'argent", a-t-il ajouté dans un entretien à l'AFP, refusant d'indiquer le montant réclamé.

Il espère avoir le résultat à la "mi-février avec la présentation du budget" de l'Etat pour l'année 2014-15 au Parlement.

En attendant, la garantie d'Etat accordée en 2012, 5 milliards de rands (soit 330 millions d'euros) sur deux ans, a été "convertie en une garantie perpétuelle pour qu'on puisse poursuivre l'activité", précise M. Meyer.

Le gouvernement avait alors été accusé par l'opposition de gaspiller l'argent du contribuable et par d'autres compagnies de fausser la concurrence.

Un an et demi plus tard, le redressement se fait toujours attendre et l'opposition libérale Alliance démocratique (DA) réclame de nouveau une privatisation.

"Le gouvernement doit cesser de jeter du bon argent sur un mauvais problème, cela ne peut simplement pas continuer comme si de rien n'était", a protesté la DA cette semaine.

SAA présentait mercredi ses comptes de l'exercice clos en mars 2013. Un retard lié aux discussions qui se sont éternisées entre le Trésor et le ministère de tutelle, chargé des Entreprises publiques, selon M. Meyer.

L'exercice 2012-13 fait apparaître une perte d'exploitation moins dramatique qu'en 2011-12 mais encore conséquente (991 millions de rands, environ 65 millions d'euros, contre -1,3 milliard de rands).

La dette totale atteint 16 milliards de rands (1,1 milliard d'euros) mais "le prêt le plus important est garanti par l'Etat, ce qui en un sens en fait du quasi-capital", selon M. Meyer.

Le chiffre d'affaires a pourtant progressé à 27,1 milliards de rands (+13,5%), malgré la concurrence agressive des compagnies du Golfe.

Mais "le coût du carburant et l'affaiblissement du rand face au dollar, entre autres facteurs, continuent de grever fortement les coûts d'exploitation", a souligné SAA lors de son assemblée générale.

Sur les lignes intérieures, Mango, la compagnie à bas coût du groupe, a profité de la déroute de deux concurrents. Et à l'international, M. Meyer estime que SAA, membre du groupement Star Alliance mené par Lufthansa, a de quoi "être très fier de sa stratégie de croissance en Afrique".

Le trafic aérien sur le continent est en plein essor, mais la compagnie sud-africaine, traditionnellement tournée vers la desserte européenne, fragilisée par la crise économique, peinait à répondre à l'évolution du marché.

En 2011-12, elle a multiplié les nouvelles rotations, avec un succès variable, Bujumbura au Burundi s'avérant par exemple non rentable.

"Nous avons fait une évaluation de toutes nos liaisons. Buenos Aires, Le Cap-Londres, Bujumbura et Pékin perdaient de l'argent, et nous avons dû évidemment réagir", explique M. Meyer.

Les vols directs vers l'Argentine s'arrêteront fin mars. Mais pour Pékin, le gouvernement sud-africain, soucieux de ses relations diplomatiques avec la Chine, a imposé le maintien de la ligne.

Le gouvernement vient également de bloquer un appel d'offres préparé par SAA pour acquérir une vingtaine de nouveaux avions, en plus de la vingtaine d'A320 d'Airbus qui seront livrés progressivement d'ici 2017.

"Mais le ministre n'était pas content que l'appel d'offres n'inclue pas certains critères de localisation", amenant à profiter davantage à l'emploi local sud-africain.

Résultat, ce sont six à huit mois de perdus avant de pouvoir représenter un appel d'offres politiquement correct.

clr/liu/aub

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