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L'Afghanistan lance sa campagne présidentielle à moins d'un an du retrait de l'Otan

L'Afghanistan lance sa campagne présidentielle à moins d'un an du retrait de l'Otan

Les onze prétendants à la succession du président afghan Hamid Karzaï se lancent dimanche dans la campagne électorale au moment où leur pays, toujours miné par les violences, aborde une période d'incertitude à l'approche du retrait des soldats de l'Otan.

Ce scrutin indécis, dont le premier tour est prévu le 5 avril, ouvrira un nouveau chapitre dans l'histoire de l'Afghanistan avec la fin de l'ère Karzaï, le seul à avoir dirigé le pays depuis la chute du régime des talibans en 2001 et à qui la constitution interdit de briguer un troisième mandat.

Il laissera à son successeur un pays certes transformé et en progrès, mais au régime fragile toujours menacé par l'insurrection armée des rebelles islamistes, que douze ans de guerre et la puissance de l'Otan, Américains en tête, n'ont pas réussi à mater.

Les violences restent persistantes sur ce territoire morcelé entre tribus, groupes armés et milices: selon l'ONU, elles ont tué quelque 2.730 civils au cours des onze premiers mois de l'année 2013, soit 10% de plus qu'en 2012.

La menace rebelle planera donc sur cette campagne électorale de deux mois, de surcroît après une recrudescence des attaques à Kaboul en janvier.

Bien que le chef des talibans afghans, le mollah Omar, n'ait pas directement menacé le scrutin, plusieurs hauts responsables de la rébellion ont clairement laissé entendre qu'ils passeraient à l'action.

"Il est impossible que les candidats puissent mener une campagne normalement", estime Waheed Wafa, un expert de l'université de Kaboul, qui observe un climat encore plus tendu que lors de la présidentielle de 2009, pourtant chaotique et marquée par nombre de violences et de fraudes. "En 2009, les candidats pouvaient aller à la rencontre des électeurs, parce les talibans n'étaient pas forcément capables d'opérer aussi aisément qu'aujourd'hui".

Contrairement à 2009, où M. Karzaï faisait figure de favori, l'élection à venir apparaît encore indécise et devrait vraisemblablement se terminer avec un second tour, fin mai.

Parmi les onze candidats en lice, l'opposant Abdullah Abdullah, ancien ministre des Affaires étrangères après avoir été compagnon d'armes du commandant antitaliban Ahmad Shah Massoud, semble un des mieux armés pour y figurer.

Sa candidature a des airs de revanche après le scrutin de 2009, où il s'était retiré du deuxième tour qui devait l'opposer à M. Karzaï après avoir dénoncé des fraudes massives.

Face à lui figurent notamment Ashraf Ghani, ancien ministre des Finances, Qayum Karzaï, frère aîné du président, Zalmaï Rassoul, ancien ministre des Affaires étrangères, ou Abdul Rasul Sayyaf, ancien chef de guerre controversé.

Cette élection fait figure de test pour la stabilité et l'avenir du pays, et plus largement pour 12 ans d'intervention occidentale marquée par des dizaines de milliards de dollars d'aide. Mais le débat politique risque d'être occulté par les discussions en cours sur le traité bilatéral de sécurité (BSA) entre Washington et Kaboul.

Négocié laborieusement pendant des mois entre les deux alliés, cet accord ouvrirait la voie au maintien d'un contingent américain de 10.000 hommes en Afghanistan après le retrait des 58.000 soldats de la force de l'Otan prévu d'ici la fin de cette année.

Las, fin 2013, le président Karzaï avait stupéfié les Américains en annonçant que cet accord ne serait signé qu'après la présidentielle, et sous conditions.

Exaspérés par ces atermoiements, les États-Unis menacent de ne garder aucune troupe dans le pays après 2014 et de laisser ainsi les forces afghanes, conséquentes (350.000 hommes) mais fragiles, seules face aux rebelles.

"Cette question inquiète les Afghans alors que ce qu'ils veulent, c'est une bonne élection", regrettait récemment Abdullah Abdullah. "Il est dans l'intérêt de l'Afghanistan de signer le BSA".

La présidentielle sera également scrutée de près par la communauté internationale, qui a fait du bon déroulement du scrutin une des conditions du maintien de son aide à l'Afghanistan, un des pays les plus pauvres du monde.

Fin janvier, le chef de la mission de l'ONU en Afghanistan (Unama), Jan Kubis, soulignait que la nécessité d'avoir des élections transparentes et de "combattre la fraude", afin de donner au prochain président la légitimité nécessaire pour gouverner.

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