Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La réussite éducative de la Finlande lui ouvre des marchés

La réussite éducative de la Finlande lui ouvre des marchés

La réussite du modèle éducatif de la Finlande est devenue un argument publicitaire pour ceux qui veulent exporter des logiciels ou des formations d'enseignants, même aux pays asiatiques dont les élèves excellent.

Créée en 2012, la start-up 10monkeys a fait de l'image "cool" et efficace de l'école finlandaise son fonds de commerce.

Son application pour smartphones et tablettes rend les mathématiques "plus amusantes" pour les élèves du primaire, à l'aide de quelques singes souriants, d'un fonctionnement fluide et d'un graphisme coloré.

"Au Moyen-Orient par exemple, nos clients s'intéressent à nous car nous sommes Finlandais. Nous n'avons même pas besoin de le mentionner, ils le savent déjà", rapporte Arttu Laasonen, cofondateur de l'entreprise, dont l'application a trouvé des milliers d'utilisateurs au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Australie ou en Arabie Saoudite.

La Finlande a bâti sa réputation mondiale dans les années 2000, quand elle dominait le classement Pisa de l'OCDE, qui compare les résultats scolaires d'une soixantaine de pays.

À force de visites d'experts étrangers et de journalistes, elle a fait connaître ses recettes: une forte valorisation du métier d'enseignant, une ambition égalitaire et une pédagogie douce, non élitiste.

Une petite centaine d'entreprises finlandaises comme 10monkeys s'appuient sur elles pour vendre leurs produits à l'étranger, souvent des jeux ou applications éducatives pour écrans tactiles.

L'Éducation nationale donne un coup de main. "Être de Finlande, cela nous a aussi aidés dans la création de notre application. Nous avons pu travailler avec un professeur de mathématiques renommé, qui nous a dévoilé ses méthodes et nous avons ensuite pu les tester dans des écoles finlandaises", ajoute Arttu Laasonen.

En 2010, le gouvernement finlandais a mis sur pied Future Learning Finland, qui envoie des représentants promouvoir "l'excellence éducative finlandaise" partout dans le monde.

Plusieurs universités, à la recherche de nouveaux financements, se tournent aussi vers l'international. C'est le cas entre autres de l'université d'Helsinki, qui offre un programme de formation continue pour des enseignants étrangers.

"Des groupes viennent à Helsinki, pendant une ou deux semaines. Ils suivent des cours sur le système éducatif finlandais et vont visiter quelques écoles", décrit Kirsi Kettula, chargée de l'exportation de l'éducation. Parmi les pays intéressés se trouve la Corée du Sud, pourtant meilleure que la Finlande au classement Pisa.

"Nous n'avons même pas besoin de faire de la publicité pour nos programmes, nos clients nous contactent directement, parce qu'ils connaissent la réputation de la Finlande", se félicite-t-elle.

Le pays a pourtant des difficultés à garder ce statut dans un contexte de rigueur budgétaire qui pèse de plus en plus sur ses dépenses publiques. Lors du dernier classement Pisa, publié en décembre, la Finlande a largement reculé, passant par exemple de la 6e place en mathématiques en 2009 à la 12e.

Les inégalités sociales se reflètent de plus en plus dans les résultats des élèves, alors même que les actions en faveur de l'égalité des chances sont parmi les fondements du système scolaire.

"C'est un peu tôt pour dire si ce classement aura des conséquences négatives pour nous", estime Kirsi Kettula. "Nous sommes encore parmi les meilleurs, et notre système continue d'attirer l'attention des pays asiatiques, même s'ils sont mieux classés que nous au Pisa, car nous sommes différents d'eux".

D'autres y voient une chance pour les entreprises finlandaises de mieux vendre sur un marché qui leur restait assez hermétique: la Finlande.

"Jusqu'à présent, les entreprises spécialisées dans la haute technologie vendaient leurs produits éducatifs à l'étranger, mais pas en Finlande", relève Esa Suominen, conseiller auprès du ministre de l'Éducation.

D'après lui, "si les résultats ne sont plus si bons, la Finlande va chercher de nouvelles solutions pour ses écoles. Ces entreprises pourraient alors proposer des méthodes qu'elles ont déjà développées, pour finalement les appliquer dans leur pays d'origine".

str/hh/cac/glr

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.