Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

En Ukraine, le chaos politique épargne les cruciales exportations de céréales

En Ukraine, le chaos politique épargne les cruciales exportations de céréales

Les troubles politiques en Ukraine épargnent pour l'instant les exportations de maïs, de blé ou d'orge de cet acteur majeur des céréales en Europe, l'un des rares atouts du pays dans une économie par ailleurs en pleine récession.

Le ministère de l'Agriculture, occupé par les manifestants, a mis en garde ces derniers jours contre des "conséquences destructrices pour le secteur" agricole, alors que la crise politique qui secoue Kiev depuis deux mois a pris un tour particulièrement violent la semaine dernière.

Mais pour le moment, "il n'y a pas de paralysie des exportations. La baisse des exportations depuis l'Ukraine ces dernières semaines n'est liée qu'à des problèmes de logistique hivernale", alors que le pays subit des températures glaciales, estime Michel Portier, directeur du cabinet de conseil agricole Agritel, qui dispose d'un bureau à Kiev.

"Il n'y a pas de défaut de livraison", ajoute-t-il.

Pour éviter des annulations de contrats liées à des retards de livraison dans les ports, "les exportateurs paient d'ailleurs actuellement une prime de 10 dollars/tonne pour des livraisons immédiates", souligne le cabinet d'analyse Offre et demande agricole.

Célèbre pour ses terres noires parmi les plus fertiles au monde, l'Ukraine est l'un des principaux exportateurs mondiaux de céréales. L'ex-république soviétique pourrait même se hisser cette année au second rang mondial des exportateurs (derrière les Etats-Unis), estime Agritel.

Grâce à des récoltes record de blé et de maïs, l'Ukraine s'est fixé l'objectif ambitieux d'exporter 28 millions de tonnes de céréales pour la campagne commerciale 2013/2014, soit environ cinq millions de tonnes de plus que pour la dernière campagne.

Au 23 janvier, l'Ukraine avait d'ores et déjà expédié 20,9 millions de tonnes de céréales, en hausse de 34% par rapport à l'année précédente, selon Offre et demande agricole.

Acteur agricole majeur du pourtour de la mer Noire, avec la Russie et le Kazakhstan, les atouts de l'Ukraine ne se comptent "pas forcément en termes de production car la Russie produit davantage, mais surtout en logistique car (...) elle a de loin les meilleures infrastructures portuaires", à Odessa par exemple, explique Hélène Morin, chargée des relations internationales chez Agritel.

La Russie "a des ports sur sa façade Nord mais c'est bien compliqué pour atteindre le marché méditerranéen", l'un des principaux débouchés des céréales de la mer Noire, souligne l'analyste.

L'Ukraine devrait même largement dépasser sa grande voisine en termes d'exportations de maïs cette année, et la talonner pour le blé, selon les estimations d'Agritel.

Les exportations de grains devraient rapporter un peu plus de 5 milliards d'euros pour la dernière campagne, soit 11% des exportations totales, selon la même source.

Le pays, au bord de la faillite selon les analystes, a bien besoin de cette manne, après une année 2013 catastrophique sur le plan économique et financier. Au troisième trimestre 2013, le PIB était de nouveau en recul de 1,3% par rapport à l'année précédente.

La crise politique s'est accompagnée d'une chute de la monnaie nationale, la hryvnia. Mardi, l'agence de notation financière Standard & Poor's, inquiète de la solvabilité du pays, a abaissé sa note souveraine à "CCC+", un niveau réservé aux pays au bord du défaut de paiement.

Mais le soutien apporté par les céréales à l'économie pourrait faiblir. Les premières estimations pour la récolte 2014 sont bien inférieures à celles de 2013.

emi/ach/cb/ros

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.