Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Centrafrique: des Séléka provoquent la panique à Sibut, la crise humanitaire s'aggrave

Centrafrique: des Séléka provoquent la panique à Sibut, la crise humanitaire s'aggrave

Une imposante colonne d'une cinquantaine de véhicules, chargés de combattants de l'ex-rébellion Séléka lourdement armés, a pris jeudi le contrôle de Sibut, à 180 km de Bangui, où, comme dans d'autres villes centrafricaines, la population terrorisée a dû fuir les exactions.

Médecins sans frontières (MSF) a signalé des événements similaires dans d'autres villes de Centrafrique où, prévient l'ONG, la crise humanitaire s'aggrave.

La crise centrafricaine est, avec le conflit au Soudan du sud, au coeur des travaux du 22e sommet de l'Union africaine (UA), qui s'est ouvert jeudi à Addis Abeba.

A Sibut, les combattants musulmans, qui ne s'expriment qu'en arabe, ont commis mercredi des exactions contre la population de la ville qui a fui en brousse, a déclaré, sous couvert d'anonymat, une source de la gendarmerie centrafricaine.

La colonne est commandée par Mamadou Rakis, ancien directeur général adjoint de la police centrafricaine de l'ex-président Michel Djotodia, selon cette source.

Un détachement gabonais de la force africaine en Centrafrique (Misca), présent dans la localité, s'est replié, de même source. L'état-major de la Misca a affirmé à l'AFP "n'être au courant de rien".

"Le contingent Misca a décroché", a néanmoins confirmé une source diplomatique. Les militaires français, présents depuis le 5 décembre en Centrafrique, ne sont pas présents à Sibut.

Selon la source diplomatique, "il y a eu une redistribution des cartes au sein de la Séléka" depuis la démission contrainte le 10 janvier de son chef Michel Djotodia, puis le départ de certains officiers vers le Tchad et le cantonnement des combattants à Bangui ces derniers jours.

D'après cette source, la colonne entrée à Sibut est composée de soldats en déshérence.

Jeudi, MSF s'est alarmé de l'aggravation de la crise humanitaire, accompagnée d'un regain de violences à l'intérieur du pays.

"Des combats et des actes de représailles sont signalés entre les éléments de la Séléka et des groupes de miliciens (chrétiens) anti-balaka", affirme l'ONG, qui a déployé des équipes à Berberati (sud-ouest) et plusieurs villes du nord-ouest.

Certaines villes ont été désertées par leurs habitants, comme Bocaranga (nord-ouest), "une ville fantôme, vide, détruite, pillée. C'est effrayant" témoigne Delphine Chedorge, coordinatrice d'urgence pour MSF. "Les contacts que nous avons en province nous font part de violences extrêmes et de déplacements de population. La population est terrorisée".

Dans la capitale, malgré un dispositif de plus en plus étoffé au fil des semaines, les soldats français et africains ne peuvent endiguer les explosions soudaines de violences, de jour comme de nuit, ponctuées de pillages.

Signe de la tension extrême qui règne, des soldats français ont directement menacé jeudi "d'utiliser la force" contre une foule de pillards qui voulaient s'en prendre à des biens appartenant à des musulmans dans le quartier de Yangato, près de l'aéroport de Bangui.

Parlant dans un mégaphone, un officier français a lancé à la foule: "Dispersez-vous ou nous utiliserons la force contre vous. Tout homme qui commet des exactions est un ennemi de la paix".

Il y a deux jours, une dizaine de combattants Séléka avaient été tués à Bangui par les soldats français, pris à partie par les ex-rebelles devant le camp militaire RDOT où ils sont cantonnés, selon une source diplomatique.

Face à l'urgence de la situation, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a appelé jeudi à Berlin la communauté internationale à agir "avant qu'il ne soit trop tard", soulignant que "des atrocités massives sont commises, des meurtres, des détentions arbitraires, des arrestations, des violences sexuelles et l'enrôlement d'enfants à des fins militaires".

Le Conseil de sécurité de l'Onu a donné son feu vert mardi à l'engagement d'une force européenne de 500 soldats supplémentaires en Centrafrique, pour épauler les 1.600 militaires français et les 5.500 soldats de la Misca.

"C'est bienvenu et nécessaire", a salué M. Ban, même si son déploiement devrait prendre plusieurs semaines.

Ces renforts risquent également d'être insuffisants pour stabiliser un pays dévasté par des mois de tueries interreligieuses, avec des centaines de milliers de déplacés. L'Onu considère qu'il faudrait déployer plus de 10.000 Casques bleus pour sécuriser la Centrafrique.

C'est aussi l'avis de la nouvelle présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba Panza, qui, dès son élection le 20 janvier, a réclamé plus de soldats pour arrêter les violences, elle qui doit conduire son pays à des élections générales au plus tard dans un an.

bur-cl/mc/mba

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.