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Un Paris à jamais disparu exposé au Met à New York

Un Paris à jamais disparu exposé au Met à New York

La rivière Bièvre et ses tanneurs, l'ancienne rue Constantine, des publicités peintes sur les murs place Saint André des Arts: une exposition photo saisissante raconte au Metropolitan museum à New York un Paris disparu, celui d'avant les grands projets haussmanniens de Napoléon III.

"Photographe du musée impérial du Louvre", puis "photographe de la ville de Paris", Charles Marville (1813-1879) de son vrai nom Charles-François Bossu, avait à partir des années 1850 photographié Paris comme jamais auparavant, immortalisant ses ponts et ses quais, ses lacis de petites ruelles pavées, ses immeubles insalubres et ses dizaines de passages aujourd'hui disparus. Il s'applique aussi, avec les moyens de l'époque, à photographier son ciel à travers plusieurs études (1856-57).

Il documente ensuite les grands chantiers de modernisation dirigés par Georges-Eugène Haussmann à la demande de Napoléon III, pour "aérer, unifier et embellir la ville", avec de larges avenues droites, des parcs, des immeubles plus hauts, à l'alignement et aux façades strictement réglementés.

Ses photos, dont une centaine sont présentées au Met à New York à partir de mercredi, reflètent le changement souvent violent, et un Paris disparu, dont les pauvres seront poussés à la périphérie par les grands travaux.

Dans les années 1860, il documente ainsi méthodiquement rues et passages voués à disparaître, en tant que photographe de la ville. Il immortalise notamment la lente transformation du quartier de l'Opéra. On y rase la très populaire butte des Moulins, des rues entières y sont détruites. Plusieurs photos de Marville prises en 1876 témoignent de la violence de cette transformation.

"C'était le premier grand photographe de Paris et il a capturé sa complexité, au milieu de cette transformation inimaginable", explique Sarah Kennel, la conservatrice qui a monté l'exposition, initialement présentée à la National Gallery of Art à Washington.

Marville photographie aussi le bois de Boulogne (1858-60), qui d'un domaine de chasse est transformé en parc public, avec cascades et grottes. Il immortalise le château de Bagatelle (1858-1862) l'intérieur des nouvelles Halles centrales en 1874, photographie aussi le nouveau mobilier urbain, les lampadaires, les kiosques, les colonnes Morris, les pissotières, progressivement installés dans la ville.

Mais il saisit aussi les taudis du haut de la rue Champlain (20e arrondissement) (1877-1878) où les pauvres sont arrivés en masse, illustration de ces deux villes si "différentes et hostiles: la ville du luxe, encerclée par la ville de la misère", souligne l'exposition.

Son travail n'est pas seulement "une série de documents historiques", mais traduit aussi "la sensibilité d'un homme qui voulait laisser sa trace", estime Sarah Kennel.

Plusieurs auto-portraits permettent aussi de mieux cerner l'homme.

Marville était auparavant peintre graveur et ses compositions en ont la délicatesse et le sens du détail. Mais les personnages y sont rares.

Certaines des photos présentées sont protégées par un rideau de velours, car extrêmement sensibles à la lumière. Une quarantaine ont été prêtées par le musée Carnavalet à Paris. D'autres proviennent du fonds propre du Met, de la bibliothèque nationale de France, du musée d'Orsay ou de la bibliothèque historique de la ville de Paris.

Une exposition complémentaire, "Paris as Muse", offre aux visiteurs du Met quelque 40 photos de Paris prises entre 1840 et 1930.

L'exposition "Marville" au Met dure du 29 janvier au 4 mai. Elle se déplacera ensuite au Musée des Arts de Houston du 15 juin au 14 septembre.

bd/bdx/glr

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