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Monnaies: les émergents sortent l'artillerie lourde, mais en vain

Monnaies: les émergents sortent l'artillerie lourde, mais en vain

Plusieurs banques centrales des pays émergents ont sorti l'artillerie lourde pour contrer la dégringolade de leurs monnaies, mais l'apaisement des tensions n'a été que de courte durée alors que ces devises restent à la merci des décisions américaines.

"Les investisseurs présents sur les marchés émergents qui espéraient une décision de politique monétaire choc de la Banque centrale turque n'ont pas été déçus", ont noté les analystes de Deutsche Bank.

A l'issue d'une réunion d'urgence, la banque centrale turque a annoncé mardi soir, contre l'avis du gouvernement, une très forte augmentation de ses principaux taux directeurs (de 4,4 à 10% pour son taux hebdomadaire) pour tenter d'enrayer la chute continue de la devise nationale face au dollar et à l'euro.

Une "gigantesque et audacieuse hausse de taux", comme l'a observé Anita Paluch, analyste chez Varengold, qui "a permis de calmer un peu les inquiétudes et diminué la demande pour les actifs jugés les plus sûrs", comme le dollar et le yen.

Avec cette décision, la Turquie a emboîté le pas à l'Argentine, à l'Inde, ou encore à la Russie, qui ont ces derniers jours sorti les armes monétaires lourdes - contrôles sur l'achat de devises, hausses de taux ou injections de liquidités - afin de freiner la fuite des capitaux qui a fait chuter leurs monnaies ces derniers mois.

Mercredi, c'était au tour de la banque centrale d'Afrique du sud d'agir en relevant ses taux d'intérêt pour soutenir le rand mais dans des proportions moindres que son homologue turque puisque son taux de base est passé de 5 à 5,5%.

Ces mesures des banques centrales ne semblent pourtant n'avoir eu qu'un effet temporaire: la livre turque avait déjà effacé à la mi-journée la totalité du rebond provoqué par la hausse des taux, tandis que le rouble plongeait à un nouveau plus bas historique face à l'euro et que le rand continuait de creuser ses pertes.

"Il faut rendre hommage aux banques centrales qui ont mis en place une contre-attaque (...) mais il est peu probable que ces actions aient un impact à long terme" car elles ne s'attaquent pas aux problèmes fondamentaux qui pénalisent leurs économies, a prévenu Kathleen Brooks, analyste chez Forex.com.

Depuis l'été dernier, les investisseurs se désengagent massivement des monnaies émergentes, vers lesquelles ils s'étaient tournés pour absorber une partie des excès de liquidités injectées par la Réserve fédérale américaine (Fed) pour soutenir l'économie des États-Unis.

Déclenchée par la perspective de la diminution de ces injections massives de liquidités aux États-Unis, la dégringolade des monnaies émergentes s'est accélérée avec la confirmation fin 2013 de la première réduction de 85 à 75 milliards de dollars en janvier du montant des rachats d'actifs de la Fed.

Et ces devises restent à la merci des autorités monétaires américaines qui, selon les pronostics, devraient annoncer mercredi une nouvelle réduction de rachats d'actifs.

Tentant de calmer le jeu, le Fonds Monétaire International a récusé mardi tout mouvement de "panique" touchant les pays émergents et mis en avant la "combinaison de facteurs particuliers" à chacun de ces pays.

Ceux-ci restent en effet plombés dans l'ensemble par un cocktail alliant, à diverses doses, de gros déficits de leurs comptes courants, des difficultés à se financer sur les marchés externes, et une certaine instabilité politique voire sociale.

Certains pays, comme la Russie, l'Ukraine ou l'Argentine, avaient aussi récemment décidé de relâcher le contrôle qu'exercent leurs banques centrales sur leurs monnaies afin de les désarrimer progressivement du dollar, ce qui pourrait rendre leurs économies plus compétitives, mais a accentué la chute de leurs devises.

acd/mg/phv

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