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La crise ukrainienne, une déconvenue pour Poutine

La crise ukrainienne, une déconvenue pour Poutine

Vladimir Poutine avait réussi à dissuader l'Ukraine de signer un accord d'association avec l'UE, mais la chute du gouvernement à Kiev après deux mois de contestation pro-européenne remet en cause ce qui paraissait une victoire stratégique du président russe.

Quelques éléments sur la politique du Kremlin à l'égard de l'Ukraine, que la Russie cherche farouchement à garder dans son orbite :

L'homme fort de la Russie a fait de la création d'une union économique des pays de l'ex-URSS, qui soit à même de rivaliser avec l'Union européenne mais aussi les Etats-Unis et la Chine, un des objectifs principaux de ses 14 ans de pouvoir.

Les analystes soulignent que le rêve de Poutine restera illusoire s'il n'inclut pas l'Ukraine, un pays de 46 millions d'habitants, doté d'un fort potentiel tant agricole qu'industriel. Or un accord de libre-échange entre l'Ukraine et l'UE empêcherait ce projet.

"L'idée de Poutine d'une union économique est beaucoup moins sérieuse sans l'Ukraine", souligne Maria Lipman, de l'antenne du Centre Carnegie à Moscou.

Poutine considérait Viktor Ianoukovitch comme un allié pro-russe quand il a reconnu sa victoire lors de l'élection controversée de 2004, annulée après des semaines de contestation dans la rue et grâce à une médiation de l'UE dans ce qui a été baptisé la Révolution orange. Un président pro-occidental, Viktor Iouchtchenko, avait été élu, avec pour Premier ministre Ioulia Timochenko, aujourd'hui emprisonnée.

Finalement élu à la présidence en 2010, Ianoukovitch s'est avéré être un allié moins commode que prévu, plus enclin à défendre les intérêts des oligarques ukrainiens qu'à obéir au Kremlin.

Mais Ianoukovitch s'est finalement fait l'otage du Kremlin en renonçant à l'accord d'association avec l'UE pour signer avec Poutine un crédit de 15 milliards de dollars, et la baisse d'un tiers des prix du gaz russe dont l'économie ukrainienne dépend.

En récession, l'Ukraine était proche de la cessation de paiements, sa solvabilité mise en doute par les agences de notation, et elle avait cruellement besoin d'un soutien que le FMI, de son côté, n'acceptait de lui accorder qu'à condition de réformes douloureuses.

Vladimir Poutine a affirmé mardi, lors d'un sommet avec les dirigeants européens à Bruxelles, au moment où était démis le gouvernement ukrainien, que la Russie, qui a déjà versé 3 milliards de dollars en décembre, honorerait de toute façon ses engagements.

Mais l'influent vice-Premier ministre Igor Chouvalov a précisé en marge du sommet que le versement des 12 milliards de dollars restants pourrait être reconsidéré selon les "priorités" affichées par le nouveau gouvernement.

M. Poutine s'est rangé à cet avis mercredi, jugeant qu'il convenait d'attendre la nomination du gouvernement ukrainien pour prendre une décision, ce qui a été interprété par des analystes comme le signe d'une certaine confusion à Moscou sur l'évolution de la situation.

Les deux mois de contestation à Kiev ont tourné à la confrontation violente, faisant au moins trois morts, après que Ianoukovitch a fait voter le 17 janvier des lois durcissant fortement les sanctions possibles contre les manifestants, jusqu'à la prison ferme.

Poutine a déclaré mardi que la Russie "ne s'ingérera jamais" dans cette crise. Les analystes estiment qu'il a pris garde de ne pas cautionner la politique de Ianoukovitch de peur que la situation échappe à tout contrôle et que la responsabilité en soit rejetée sur Moscou.

Vladimir Poutine a misé sa réputation et son prestige sur le succès des Jeux Olympiques d'hiver de Sotchi qui commencent le 7 février dans une ambiance déjà alourdie par les critiques contre la loi russe sur la "propagande homosexuelle".

En 2004, lors de la Révolution orange, le président russe n'avait pas hésité à dénoncer des Occidentaux reprenant leur "casque colonial" pour s'immiscer dans les affaires ukrainiennes.

Cette fois, "Poutine comprend qu'il ne peut pas s'ingérer de manière trop ouverte en Ukraine parce que cela réduirait à néant son projet de Sotchi", a dit le politologue indépendant Dmitri Orechkine.

"Soutenir ouvertement Ianoukovitch signifierait gâcher les Jeux et ne ferait que provoquer" la contestation pro-européenne en Ukraine, a-t-il ajouté.

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