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A Lviv, l'autogestion sous l'autorité du "komendant" Sokolov

A Lviv, l'autogestion sous l'autorité du "komendant" Sokolov

Protégé derrière ses barricades de pneus et ses sacs de neige, occupé par 300 militants, le siège du gouvernement local est devenu le quartier général de la contestation à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine. Et c'est le "komendant" qui donne les ordres.

Malgré son grade autoproclamé et les airs de base militaire qu'ont pris les lieux sous le contrôle de l'opposition, Andriï Sokolov n'a pas l'apparence d'un révolutionnaire.

En jeans et pull-over, cet ancien mécanicien des chemins de fer, syndicaliste de 47 ans, est désormais de facto le leader de la contestation dans ce bastion nationaliste, qui constitue aussi la première rébellion de l'Ukraine post-soviétique. Il risque 15 ans de prison.

"Pas moyen de faire marche arrière. C'est soit la prison, soit la victoire", assure Andriï Sokolov, qui espère faire de Lviv un "modèle" pour les autres régions mobilisées contre le président Viktor Ianoukovitch.

Dans la ville, largement acquise à l'opposition, les opposants ont mis en place un "parlement populaire" mêlant manifestants et élus de l'opposition, ainsi qu'un "comité exécutif" dont le nom évoque la Révolution russe de 1917.

Ce type d'initiative, inédite en Ukraine depuis l'indépendance acquise en 1991, s'étend dans le pays. Dans la moitié des régions, les gouverneurs, nommés par le président, ont perdu le contrôle de leur administration.

Pour son premier jour de travail, le comité exécutif de Lviv a lancé un appel à l'aide à l'Europe et à la communauté internationale.

"Nous appelons à l'aide pour aider le peuple ukrainien à défendre un gouvernement démocratique et éviter une dictature", a dit Petr Kolodi, président de ce comité.

Le comité a aussi voté la création d'une police municipale autogérée, et l'interdiction de l'armée et des forces de sécurité déployées "pour empêcher les citoyens de tenir des manifestations pacifiques".

Il a en outre ordonné l'expulsion hors de la ville des redoutées unités antiémeutes Berkout et déclaré que les hôpitaux locaux soigneraient les manifestants blessés, d'où qu'ils viennent en Ukraine.

L'application concrète de ces décisions reste une question en suspens et le gouverneur Oleg Salo a assuré qu'il continuait de diriger la région "par téléphone" depuis un lieu secret.

"Seul le président peut résoudre cette situation", a-t-il estimé.

Lorsque les contestataires ont pris d'assaut l'administration jeudi, il a accepté de signer sa démission, avant d'assurer que le document, obtenu sous la menace, n'était pas valide.

Depuis, il a tenté plusieurs fois d'accéder à son bureau. Sans succès.

"Les manifestations dans notre région et à travers l'Ukraine ne veulent pas dire que nous ne devrions pas travailler", a dit M. Salo à la presse.

Le gouverneur était chef de la police locale pendant la Révolution orange de 2004, qui avait abouti à l'invalidation de l'élection de Viktor Ianoukovitch à la présidentielle et l'arrivée au pouvoir de pro-occidentaux.

Arrivée au pouvoir, l'opposition a ouvert une enquête contre M. Salo, devenu un fugitif, mais les poursuites ont été abandonnées lorsque M. Ianoukovitch est arrivé au pouvoir.

Andriï Sokolov affirme bénéficier de la "compréhension" de l'antenne locale du ministère de l'Intérieur, permettant à ses forces d'autodéfense participer maintenant au maintien de l'ordre dans les rues de Lviv.

Surtout, il assure avoir obtenu l'assurance de la police de la route qu'elle n'arrêterait pas les cars de militants en partance pour Kiev, l'ouest fournissant une bonne partie des militants occupant la capitale ukrainienne.

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