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A l'heure de vider Guantanamo, un des premiers détenus plaide sa libération

A l'heure de vider Guantanamo, un des premiers détenus plaide sa libération

Un des tout premiers prisonniers de Guantanamo a plaidé mardi pour sa libération, après douze ans de détention sans inculpation, alors que le président américain Barack Obama redouble d'efforts pour fermer la prison controversée.

Jusqu'ici considéré comme dangereux, le Yéménite Abdel Malik Wahab al Rahabi, âgé de 34 ans, est apparu frêle et grave, dans une tunique blanche de prisonnier, pendant une audience de 19 minutes à Guantanamo, retransmise pour la première fois à huit journalistes, dont l'AFP, réunis dans une salle du Pentagone à Arlington (Virginie, est).

Il s'agissait de la deuxième comparution de ce genre devant le "Periodic review Board" (PRB) créé en 2011 par l'administration Obama, l'équivalent d'un comité fédéral de révision des peines pour des détenus n'ayant toutefois jamais été inculpés ni condamnés.

Dans le cadre de l'objectif affiché par Barack Obama de vider et de fermer la prison de Guantanamo, le but de cette comparution est de savoir si ce détenu "continue de représenter une menace durable pour la sécurité" nationale, a déclaré Todd Breasseale, un porte-parole du Pentagone, avant l'audience, qui s'est ensuite prolongée à huis-clos.

Ce groupe est composé de six experts des ministères de la Défense, de la Justice, de la Sécurité intérieure, des Affaires étrangères, du Renseignement national et de la force de coalition qui commande la prison militaire.

Le 9 janvier, il avait déjà recommandé le transfert d'un premier Yéménite, Mahmoud al-Mujahid, également jusqu'alors considéré comme dangereux pour la sécurité nationale américaine.

"Abdel Malik Wahab al Rahabi, ceci est votre +Periodic Review Board+ pour réviser votre situation et voir si votre détention se poursuivra (...)", a déclaré un représentant du comité, au début de la retransmission de l'audience aux médias et à quatre organisations des droits de l'homme, avec un différé de 40 secondes.

Encadré de ses avocats civil et militaires, le détenu, à la barbe bien taillée, hochant la tête de temps à autre en écoutant la traduction des échanges en arabe, a gardé le silence jusqu'à la fin de l'audience publique, où il a décroché un large sourire. Il devait ensuite faire une déclaration, mais à huis-clos.

Déplorant le manque de "transparence" de la procédure, Andrea Prasow de Human Rights Watch a regretté de ne pas avoir vu "la partie la plus pertinente avec le détenu se défendant lui-même".

Le Yéménite était arrivé le 11 janvier 2002 à Guantanamo, parmi les 20 premiers présumés "ennemis combattants" à fouler le sol de cette enclave cubaine, enfermés alors dans des cages à ciel ouvert.

Présenté mardi par le gouvernement comme un ancien garde du corps d'Oussama ben Laden, "presque certainement un membre d'Al-Qaïda (...) sélectionné pour participer à une tentative de détournement d'avion", M. al Rahabi "cherchera probablement à rentrer auprès de sa famille à Ibb, Yémen", a déclaré un représentant de l'administration Obama, sous couvert de l'anonymat.

Mais son beau-frère, ex-détenu de Guantanamo relâché en 2007 et considéré aujourd'hui comme un "extrémiste connu à Ibb", pourrait lui donner aussi la "possibilité de rejoindre l'AQAP (Al-Qaïda dans la Péninsule arabique, basé au Yémen) s'il le décide", a-t-il envisagé.

"Sur la base de ses liens familiaux forts, de ses aspirations et ses possibilités d'emploi, une fois dehors, sa formation continue et son comportement docile (en prison), nous sommes convaincus qu'il rentrera certainement auprès de sa famille", retrouver sa femme et sa fille Aisha de 13 ans qu'il n'a connue que bébé, a plaidé son conseiller militaire.

L'ancien gréviste de la faim a déjà développé "un projet d'entreprise agricole appelé +Yemen Milk and Honey Farms Limited+" qui montre son désir de réinsertion, a aussi argué son avocat civil David Remes, qui le défend depuis 2004.

Un éventuel feu vert pour son rapatriement sera connu au plus tard sous 30 jours. Il reste à ce jour 155 détenus à Guantanamo, dont 76 avaient été déclarés libérables par un comité similaire sous l'administration Bush.

Avec 88 hommes, le plus gros contingent est yéménite. Barack Obama avait d'ailleurs levé son moratoire sur le rapatriement des Yéménites, fin mai 2013. Mais aucun rapatriement de cette nationalité n'a eu lieu depuis.

chv/are

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