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Entre buffet et "révolution": bienvenue à l'Hôtel Ukraïna

Entre buffet et "révolution": bienvenue à l'Hôtel Ukraïna

Inquiètes de ce qui se passe juste en contrebas, sur la place de l'Indépendance à Kiev, où un flot presque continu de chants patriotiques et religieux s'échappe des haut-parleurs, les employées de l'hôtel Ukraïna se livrent par petits groupes à des conciliabules.

"C'est une catastrophe !", soupire une femme à la chevelure grisonnante engoncée dans son uniforme de travail bleu. "As-tu vu ce qu'ils ont fait à cet immeuble ? Toutes les vitres ont été brisées, il y a du verre partout", lui réplique une de ses collègues, parlant d'un musée tout proche occupé par les opposants au président Viktor Ianoukovitch.

"Et dire qu'ils ont fait toute une histoire pour de la boue sur la moquette ici", ajoute une autre, dans un des couloirs de l'hôtel, imposante bâtisse datant du début des années 1960, quand l'Ukraine, devenue indépendante en 1991, était encore une des quinze républiques fédérées de l'URSS. Il s'appelait d'ailleurs à l'époque le "Moskva" ("Moscou")...

Il faut dire qu'il offre une vue imprenable sur Maïdan, la place de l'Indépendance, où des manifestations plus ou moins importantes ont lieu depuis plus de deux mois pour dénoncer le pouvoir en place. Il fait pour ainsi dire désormais partie de l'Histoire, un peu à l'instar de l'Holiday Inn de Sarajevo et de l'Hôtel Palestine de Bagdad, qui ont en leur temps, au plus fort des conflits respectivement en Bosnie et en Irak, également connu leur heure de gloire.

Les journalistes qui y séjournent peuvent sans difficulté, tout en prenant leur petit-déjeuner au buffet du premier étage, voir les gens s'y rassembler pour écouter des discours, des poèmes ou juste se faire photographier.

Les fenêtres d'une des ailes de l'Ukraïna donnent sur une sorte de camp militaire mis en place par les contestataires, disparaissant parfois sous les épaisses volutes de fumée s'élevant au-dessus des braseros, des cuisinières de campagne et autres fours improvisés.

De l'autre côté de l'hôtel se trouve le bureau du président ukrainien, placé sous l'étroite surveillance des forces de sécurité, tandis que les barricades continuent de doucement s'étendre sur cette petite colline, au rythme de la progression de militants de l'opposition.

Tout près de l'entrée, à l'extérieur, des contestataires armés de battes de baseball ou de barres de fer patrouillent, d'autres sont assoupis à l'intérieur, non loin de la réception, d'autres encore ont la chance de partager la chambre d'un des députés de l'opposition.

"Nous sommes ici pour protéger l'hôtel et ses hôtes", assure Dima, l'un de ces hommes, membre du parti nationaliste Svoboda (Liberté), un casque de l'armée négligemment posé sur son bonnet en laine.

"Nous avons des informations selon lesquelles il y a eu des agents provocateurs qui ont tenté de causer des problèmes. Les journalistes ont aussi été pris pour cible", assure ce jeune homme corpulent, un chômeur originaire d'Ivano-Frankivsk, dans l'ouest de l'Ukraine.

Quant au directeur par intérim de l'Ukraïna, Oleksandre Dobrovolski, il affirme que son établissement de 371 chambres fonctionne normalement, malgré le chaos régnant dehors.

dt-bds/gmo/plh

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