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Banquet kitsch et grandiose à Pékin pour l'amitié franco-chinoise

Banquet kitsch et grandiose à Pékin pour l'amitié franco-chinoise

Du pot-au-feu et du riz glutineux servis sous les ors du Grand Palais du peuple, avec en fond musical "Petits canoteurs sur le lac" entonné par une chorale d'enfants: l'amitié sino-française s'est incarnée lundi à Pékin dans un banquet fastueux et kitsch.

Cinquante ans jour pour jour après la reconnaissance par Paris de la Chine populaire, toute la pompe dont sont capables les autorités communistes s'est condensée dans un immense hall du bâtiment d'architecture stalinienne.

Une trentaine de tables aux nappes brodées sont entourées de chaises ceintes d'un gros noeud ambré. Les 200 convives ont le choix entre baguettes et couverts en argent. Les deux drapeaux, le tricolore et le rouge aux cinq étoiles, surmontent une estrade.

La vaste salle aux cinq lustres géants est encadrée par vingt colonnes ornées de rinceaux dorés, entre lesquelles des fresques représentent des scènes de la nature. On y voit des rivières serpentant dans les montagnes couronnées par la Grande Muraille ou des migrations de grues, oiseau symbole de longévité.

A midi pile, les deux délégations font leur entrée, emmenées par le président de l'Assemblée nationale française, Claude Bartolone, et son homologue de l'Assemblée nationale populaire, Zhang Dejiang.

Les deux hommes, accompagnés de leurs épouses, s'installent côte à côte à la table d'honneur, vaste plateau circulaire au milieu duquel trône une installation représentant des cygnes prenant leur envol.

Chacun à leur tour, ils vont vanter l'indéfectible amitié sino-française et l'établissement "visionnaire" des relations diplomatiques entre les deux pays le 27 janvier 1964.

Tandis que Zhang Dejiang entame son discours, Véronique Bartolone sort son smartphone et immortalise par une série de clichés le raout officiel.

L'apparat du cadre semble se refléter dans la grandiloquence des paroles du numéro trois du régime: "L'amitié traditionnelle bâtie par nos dirigeants est aussi grande que les Alpes et durera comme l'eau du Yangtsé qui coule éternellement".

M. Bartolone lui succède derrière le pupitre. "Le fait que Zhou Enlai et Deng Xiaoping se soient rencontrés à Paris reste présent dans nos mémoires", assure le responsable français, en référence aux deux dirigeants communistes qui furent étudiants en France dans les années 1920, où ils façonnèrent leur conception d'un monde marxiste.

"Nous quitterons Pékin avec en mémoire l'éclat de ces célébrations", conclut M. Bartolone, juste avant l'ouverture du festin.

Les vins servis sont chinois, comme ce Chateau Sungold rouge, une cuvée privilégiée dans les réceptions du Parti communiste chinois.

Mais apparemment quelqu'un a oublié de faire vérifier, avant impression, le menu officiel par un francophone de langue maternelle. D'où l'impression de grande originalité culinaire qu'on retire à la lecture des plats.

Après le "potage au cèpe de pin et bambou spongieux", les convives se voient servir des "cubes dindon pimentés avec arachides", de la "jeune moutarde cuite à l'eau" et des "boulettes de riz glutineux de diverses farces sucrées".

Autour des invités s'activent des serveuses élégamment vêtues d'une qipao blanche, robe épousant le corps et fendue sur le côté.

L'animation sonore est assurée par le Choeur de la troupe artistique des enfants de Chine. Après "Petits canoteurs sur le lac", le programme musical comporte "Caresse sur l'océan Cerf-volant" et "Balade au jardin enneigé des Lamei", du nom d'un arbuste qui fleurit l'hiver.

Quant au pot-au-feu "à la chinoise", il a été préparé à la façon de Su Dongpo, un poète chinois classique qui vécut il y a plus de 900 ans.

Le banquet achevé sur une assiette de fruits, les convives font un saut pour visiter la Cité interdite. Puis ils retraversent la place Tiananmen pour inaugurer l'exposition au Musée national célébrant le général de Gaulle, dont la Citroën DS présidentielle a fait le voyage jusqu'à Pékin.

seb/jug/jh

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