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Un éminent historien rend une distinction à la Hongrie, accusée de falsifier l'histoire

Un éminent historien rend une distinction à la Hongrie, accusée de falsifier l'histoire

L'historien américain Randolph Braham, un survivant de l'Holocauste, a annoncé dimanche qu'il allait rendre une distinction au gouvernement conservateur hongrois de Viktor Orban pour protester contre une "falsification continue de l'Histoire" par le pouvoir en place.

M. Braham, 91 ans, s'était vu attribuer cette récompense en 2011 pour ses recherches sur l'Holocauste en Hongrie.

"La campagne de falsification de l'Histoire" qui vise à blanchir la Hongrie de ses responsabilités dans la Shoah sous le régime de Miklos Horthy, "m'a choqué", écrit l'historien d'origine roumaine, professeur à l'Université de New York, selon une lettre envoyée à l'agence de presse hongroise MTI.

Miklos Horthy, régent controversé de la Hongrie pendant la deuxième guerre mondiale et allié de l'Allemagne nazie, a légiféré à plusieurs reprises contre les Juifs. Dès 1941, 18.000 personnes ont été déportées, dont 10.000 ont péri.

Il est considéré aussi comme un complice des déportations massives qui ont eu lieu après l'occupation allemande à partir de 1944. Au total, les déportations ont abouti à la mort de 600.000 Juifs hongrois, dont 450.000 après l'occupation.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, le gouvernement ultra-conservateur d'Orban est accusé d'entretenir implicitement des sentiments antisémites. Au premier rang des reproches figurent la renaissance d'un culte voué à Miklos Horthy et l'introduction dans les programmes scolaires d'auteurs associés au nazisme.

Ulcéré, le prix Nobel de la paix et survivant de l'Holocauste Elie Wiesel avait renvoyé dès 2012 une décoration hongroise.

"La décision du gouvernement d'ériger un monument national commémorant l'invasion allemande a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", écrit M. Braham.

Ce monument, qui doit être inauguré le 19 mars dans le cadre des manifestations marquant le 70me anniversaire des déportations, est dédié à toutes les victimes de l'occupation allemande, y compris juives.

Il "détourne l'attention du rôle joué par le régime Horthy dans l'extermination des Juifs et met sur le même plan les souffrances des Hongrois causées par l'occupation et l'Holocauste", dénonce l'historien.

D'un coût d'environ 900.000 euros, il représente un aigle symbolisant l'Allemagne nazie, fondant sur un archange Gabriel de sept mètres représentant la Hongrie, le tout perché sur treize colonnes.

Le projet a soulevé un tollé au sein de la communauté juive, qui compte environ 100.000 personnes, et de nombreuses critiques d'historiens et de partis d'opposition.

Un groupe de 26 historiens réputés a publié la semaine dernière une lettre ouverte rappelant que l'Holocauste en Hongrie avait eu lieu "avec l'active contribution des autorités hongroises".

Ériger un mémorial pour toutes les victimes revient à "lancer le message: +nous sommes tous innocents+", indique à l'AFP l'un de ses historiens, Krisztian Ungvary.

La polémique autour du monument a été envenimée par des déclarations de Sandor Szakaly, un historien nommé en octobre 2013 par le gouvernement Orban pour diriger un nouvel institut d'histoire baptisé "Veritas". Il avait qualifié de "procédure administrative pour expulser des étrangers" les déportations de Juifs hongrois sous le régime Horthy.

Les organisations juives ont récemment menacé de boycotter les commémorations de la Shoah à moins qu'Orban renonce au projet de monument.

Le gouvernement a rejeté toutes les critiques en soulignant avoir reconnu officiellement et à plusieurs reprises la responsabilité de la Hongrie dans l'Holocauste.

Dans une réponse à la principale organisation juive Mazsihisz, Viktor Orban avait indiqué que le mémorial était "une démonstration de respect vis à vis des victimes et n'exigeait pas d'explications supplémentaires".

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