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Ukraine : l'opposition reste déterminée malgré les concessions du président

Ukraine : l'opposition reste déterminée malgré les concessions du président

L'opposition ukrainienne restait déterminée à continuer "la lutte" dimanche, après une nouvelle nuit marquée par des heurts à Kiev, jugeant insuffisantes les concessions sans précédent faites par le président Viktor Ianoukovitch pour régler la crise qui secoue l'Ukraine.

Ils n'étaient toutefois que quelques milliers de manifestants et de badauds en début d'après-midi place de l'Indépendance, haut lieu depuis deux mois de la contestation dans la capitale, alors que des dizaines, voire des centaines, de milliers de personnes s'y étaient regroupées pendant les immenses rassemblements dominicaux des semaines précédentes.

Le tout sous le regard de militants armés de bâtons et casqués chargés du maintien de l'ordre à l'intérieur de ce véritable camp retranché hérissé de barricades.

"Les gens ont peur, ils sont soumis à des pressions à leur travail" s'ils affichent en public leur opposition au pouvoir, dit à l'AFP Sergueï, un jeune employé qui refuse de donner son nom de famille.

Parallèlement, des milliers de personnes ont participé non loin de là, en la cathédrale Saint-Michel, aux funérailles d'un jeune Biélorusse, un des contestataires tués au cours de récents affrontements avec la police, selon un journaliste de l'AFP.

Trois des principaux dirigeants de l'opposition, Vitali Klitschko, Arséni Iatséniouk et OlegTiagnybok, ont assisté à la cérémonie.

Signe que la situation demeurait tendue, 2.000 manifestants ont pris d'assaut dans la nuit de samedi à dimanche un bâtiment lui aussi tout proche, la "Maison de l'Ukraine", en délogeant les membres des forces de sécurité qui s'y trouvaient.

Un correspondant de l'AFP a constaté dimanche matin que les opposants s'affairaient à nettoyer cette salle d'exposition, dont le sol est jonché de débris de verre et couvert par endroits d'une couche de glace, les policiers ayant répliqué non seulement avec des grenades assourdissantes, mais aussi avec des lances à eau sous une température frisant les -15 degrés.

Les autorités ont de leur côté affirmé que les forces de l'ordre avaient opéré un retrait tactique afin d'éviter un envenimement de la situation et que deux de leurs membres avaient été blessés et hospitalisés.

L'assaut s'est déroulé peu après les discours des chefs de l'opposition qui, sans se prononcer explicitement sur les propositions de Viktor Ianoukovitch, ont souligné qu'ils étaient toujours mobilisés, exigeant notamment la convocation d'une élection présidentielle dès cette année et non en 2015 comme cela est prévu.

"La lutte continue", a ainsi lancé l'opposant nationaliste Oleg Tiagnybok devant les dizaines de milliers de personnes réunies samedi soir sur la place de l'Indépendance.

"Nous sommes déterminés et nous ne reculons pas", a assuré Vitali Klitschko, auquel le chef de l'Etat a proposé de devenir vice-Premier ministre, tout en reconnaissant que "Ianoukovitch a satisfait un grand nombre de nos exigences". "Les négociations se poursuivent", a en outre annoncé l'ancien boxeur.

Quant à Arséni Iatséniouk, qui s'est vu offrir par le président d'être le chef du gouvernement, il s'est déclaré "prêt à prendre ses responsabilités", mais a ajouté ne "pas croire un mot" de ce que dit le pouvoir.

"Nous n'allons pas bouger", a martelé le leader du parti Baktivchtchina de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko.

Cette ouverture surprise de Viktor Ianoukovitch est intervenue à l'issue d'une semaine marquée par des violences à Kiev et par une intensification de la contestation dans les régions.

Le chef de l'Etat a également accepté la création d'un groupe de travail chargé de "modifier la législation sur les référendums et peut-être, via ce mécanisme, de proposer des amendements à la Constitution", pour que des prérogatives accrues soient octroyées au gouvernement.

L'opposition souhaite, pour sa part, un retour à la Constitution de 2004, adoptée après la Révolution orange qui avait doté l'Ukraine, ancienne république soviétique, d'un régime parlementaire, avec donc un puissant Premier ministre.

La Constitution avait plus tard été révisée, donnant cette fois l'essentiel du pouvoir au président.

L'opposition est mobilisée depuis le refus de Viktor Ianoukovitch fin novembre de signer un accord avec l'Union européenne, lui préférant un rapprochement avec la Russie.

Le bilan officiel des affrontements de la semaine est de trois morts, mais les contestataires affirment que six des leurs ont été tués.

Hors de la capitale, les sièges des administrations de la plupart des régions de l'Ouest, davantage tournées vers l'Union européenne, sont occupés par des milliers de manifestants qui réclament le départ des gouverneurs nommés par le président.

Fait nouveau, ce mouvement s'est propagé samedi à certaines régions du Nord (Tcherniguiv) et de l'Est (Poltava) et des centaines de personnes tentaient d'investir dimanche l'administration régionale à Zaporijjia, dans l'Est, gardée par des policiers antiémeutes.

Au plan international, Catherine Ashton, le chef de la diplomatie européenne, est attendue à Kiev jeudi et vendredi. D'ici là, mardi, un sommet doit réunir l'UE et la Russie, que les Européens accusent d'avoir usé de son influence pour convaincre l'Ukraine de renoncer à un accord d'association avec Bruxelles.

"Je souhaite un dialogue constructif entre les institutions et la société civile et que, sans usage de la force, l'esprit de la paix et la recherche du bien commun prévalent dans les coeurs de tous", a déclaré dimanche le pape François.

"Nous sommes très inquiets de la situation en Ukraine. Je ne pense pas qu'elle doive être considérée comme un affrontement Est-Ouest", a dit le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague.

bds/gmo/mr

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