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Ukraine: la pression s'accroît sur le pouvoir malgré ses concessions

Ukraine: la pression s'accroît sur le pouvoir malgré ses concessions

Le pouvoir ukrainien, malgré une ouverture surprise en direction de l'opposition, se trouvait samedi sous la pression accrue de la contestation, à Kiev et dans l'ouest du pays, ainsi que de l'UE qui intensifie les contacts à l'issue d'une semaine de violences.

A Kiev, épicentre de la contestation, des centaines de protestataires se trouvaient toujours samedi matin dans un face-à-face tendu avec la police, même si la tension avait baissé d'un cran après une nuit d'affrontements.

L'annonce par le président Viktor Ianoukovitch pour la semaine prochaine d'un remaniement ministériel et d'amendements aux nouvelles lois anticontestation n'a pas découragé les manifestants mobilisés depuis plus de deux mois.

Les autorités et l'opposition se sont accusées mutuellement de provocation après l'annonce de la découverte du corps d'un policier et de l'incarcération pour deux mois d'une douzaine de manifestants.

Dans la capitale ukrainienne, où l'opposition espère réunir dimanche des centaines de milliers de personnes, la tension est remontée dans la nuit de vendredi à samedi sur les lieux des violents affrontements observés entre dimanche et jeudi, qui ont fait au moins deux morts, cinq selon l'opposition.

Et si les affrontements n'ont pas été aussi violents que lors des scènes de guérilla urbaine du début de semaine, ils ont marqué un regain de tension après deux jours de trêve et auguraient mal d'une accalmie après les gestes concédés par le régime.

Selon un photographe de l'AFP, les manifestants ont de nouveau enflammé des pneus sur la barricade les séparant des forces de l'ordre rue Grouchevski, transformée en un mur de feu avec une épaisse fumée noire qui, le vent aidant, les cachaient de la vue des policiers. Ils ont envoyé pavés et cocktails Molotov vers les forces de l'ordre, qui ont répliqué avec des balles en caoutchouc et des grenades assourdissantes.

Samedi, au petit matin, seuls de petits feux subsistaient, et permettaient aux manifestants de se réchauffer au moment où le mercure est tombé à -20 degrés dans la nuit.

La nuit précédente, les contestataires avaient, dans le calme, envahi le ministère de l'Agriculture, situé près de la place de l'Indépendance, et édifié de nouvelles barricades, étendant le territoire de "Maïdan", l'autre nom de la place employé pour désigner la zone occupée par l'opposition.

Hors de Kiev, les administrations de la plupart des régions de l'ouest, ukrainophone et tourné vers l'Europe, sont occupées par des milliers de manifestants qui réclament le départ des gouverneurs nommés par le président.

Sans envahir les locaux, quelque 3.000 manifestants, selon l'agence Interfax, se sont rassemblés devant l'administration de la région de Poltava, dans l'est, une partie du pays plus proche de la Russie où le pouvoir continue de bénéficier d'un soutien notable.

Viktor Ianoukovitch doit aussi composer avec une intense activité diplomatique des pays européens, qui ont dénoncé cette semaine l'emploi de la violence contre les manifestants et dont certains, comme la France et l'Allemagne, ont convoqué vendredi les ambassadeurs.

La situation en Ukraine doit constituer samedi le coeur d'une rencontre à Varsovie entre le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, avec le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et le président polonais Bronislaw Komorowski.

La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, est attendue à Kiev les 30 et 31 janvier.

C'est après un entretien vendredi avec le commissaire européen à l'élargissement Stefan Füle que Viktor Ianoukovitch a annoncé une série de concessions, créant la surprise au lendemain de négociations avec l'opposition qui n'avaient abouti à aucune avancée majeure.

Il a annoncé que le gouvernement, dont l'opposition demande la démission, serait remanié lors d'une session extraordinaire du Parlement convoquée mardi.

M. Ianoukovitch a indiqué qu'il comptait faire libérer tous les manifestants arrêtés, et amender les lois controversées, adoptées la semaine dernière, visant à durcir, jusqu'à la prison ferme, les sanctions contre les manifestants.

Le mouvement, né de la volte-face en novembre du pouvoir ukrainien ayant refusé de signer un accord d'association avec l'Union européenne pour se tourner vers la Russie, s'est considérablement radicalisé après le vote de ces lois.

"Changer le gouvernement ne suffit pas, il faut changer les règles du jeu", a déclaré l'ex-boxeur Vitali Klitschko, tout en assurant qu'il était prêt à de nouveaux pourparlers avec le pouvoir.

La Russie, qui n'a cessé de dénoncer des "ingérences" occidentales dans les affaires d'un pays "frère", et a été accusée par les Européens d'avoir exercé des pressions économiques sur Kiev pour le dissuader de signer l'accord d'association avec l'UE, a souligné suivre la situation avec la plus grande attention.

Après l'abandon de l'accord d'association avec l'UE, la Russie a accordé à l'Ukraine une ligne de crédit de 15 milliards d'euros et abaissé le prix de son gaz.

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