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En Colombie, la métamorphose de Medellin

En Colombie, la métamorphose de Medellin

A Medellin, le "funiculaire des pauvres", inauguré il y a dix ans, s'aventure dans les quartiers misérables de la deuxième ville de Colombie. Une expérience qui a révolutionné l'ex-fief des cartels de cocaïne, inspirant les cités violentes d'Amérique latine comme Caracas ou Rio.

Une ligne de métro avec des bibliothèques dans les stations, un funiculaire et même des escalators en plein air: une politique urbaine innovante a désenclavé les zones sensibles de cette localité de 2,5 millions d'habitants située dans le nord du pays et longtemps considérée comme l'une des des plus dangereuses de la planète.

Ce réseau de transport "génère un sentiment d'appartenance", explique à l'AFP Juliana Correa, directrice de la communication du métro de Medellin. "Avant les gens des quartiers pauvres disaient +je vais descendre à Medellin+. Aujourd'hui ils sentent qu'ils font partie de la ville".

La station Acevedo, où convergent le métro et le funiculaire baptisé Metrocable, est même devenue un lieu d'attraction avec son panorama imprenable, une gigantesque bibliothèque et depuis 2004 un service de location de vélos.

"C'était un quartier ultra-violent, il n'y avait pas grand monde, pas autant de transports", rappelle à l'AFP Luz Valdez, toute heureuse de voir défiler les touristes devant sa petite épicerie à la sortie de la station.

Il paraît bien loin le temps où les puissants cartels de cocaïne faisaient régner la terreur dans les années 90, avant leur éparpillement progressif à la suite de la mort du célèbre baron de la drogue Pablo Escobar, abattu en 1993 par un commando d'élite de la police.

Medellin a vécu "une nuit sombre, longue et douloureuse", admet le maire Anibal Gaviria, interrogé par l'AFP. A l'époque, la ville présentait un des taux d'homicide de 380 pour 100.000 habitants. Il a depuis été divisé par dix, selon la mairie.

L'une des clé du redressement réside dans ce programme dit d'"acupuncture urbaine" mis en oeuvre depuis dix ans dans les points sensibles.

Ce programme, doté d'un budget de 88 millions de dollars pour 2014, affiche plusieurs facettes: offre de transports, développement des politiques d'éducation et de santé, déploiement d'effectifs de sécurité.

Autre résultat spectaculaire: ces escalators électriques, qui depuis 2011 s'aventurent dans la "Comuna 13", le quartier le plus violent de Medellin, remplaçant les 350 marches que devaient gravir ses habitants.

"Des projets comme le Metrocable, le métro, les escaliers électriques, les bibliothèques, implique une présence de l'Etat dans des secteurs qui avaient été abandonnés", explique M. Gaviria.

Les problèmes sociaux n'ont évidemment pas disparu de la capitale de la région d'Antioquia, où la fin des grands cartels a ouvert la voie à de petits gangs criminels plus discrets.

Mais "il y a plus de contrôle de la part des autorités. Avec autant de touristes, le gouvernement a dû serrer la vis car nous étions avant livrés à nous-mêmes", confit Ferney Navarro, un habitant de 32 ans.

Les statistiques confortent ce sentiment d'amélioration. Une étude de l'université de Columbia aux Etats-Unis indique que la criminalité dans les quartiers pauvres de Medellin dotés du funiculaire a baissé de 66% entre 2003 et 2008.n

Un phénomène qui coïncide avec la forte chute du taux d'homicide pour toute la Colombie, qui est passé entre 1991 et 2012 de 78 à 32 pour 100.000 habitants, selon les données de la police.

Le secret de Medellin a même pu s'adapter à d'autres régions, le maire y voyant "une source d'inspiration pour d'autres villes qui vivent des moments difficiles".

Un "funiculaire des pauvres" est aussi né à Rio de Janeiro et à Caracas, tandis que La Paz vient de lancer les travaux.

Au Brésil,la présidente Dilma Rousseff n'a pas tari d'éloges lors de l'inauguration du funiculaire dans la favela Complexo do Alemao en 2011. "C'est le symbole que nous n'investissons pas seulement dans les avenues ou les usines hydroélectriques mais aussi dans les personnes afin de changer leur vie", a-t-elle lancé.

A San Agustin del Sur, à la périphérie de la capitale du Venezuela, une réplique du Metrocable grimpe aussi le long de la montagne jusqu'aux bidonvilles, transportant quotidiennement plus de 40.000 passagers.

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