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Ukraine: L'UE se cherche un rôle entre "indignation" et médiation

Ukraine: L'UE se cherche un rôle entre "indignation" et médiation

Discussion avec le pouvoir d'un côté, convocation d'ambassadeurs de l'autre: l'Union européenne cherche à jouer un rôle équilibré dans la crise politique en Ukraine, où son influence est testée.

Les tentatives de médiation ont été menées vendredi par le commissaire européen à l'Elargissement, Stefan Füle, dépêché par les 28 à Kiev.

Il y a rencontré le président Viktor Ianoukovitch pour l'exhorter à engager un "véritable dialogue avec l'opposition et la société civile", selon un porte-parole de l'UE.

A l'issue de cette réunion, M. Ianoukovitch a fait un geste d'apaisement en annonçant un remaniement du gouvernement ainsi que des amendements aux lois anti-protestation controversées.

Favoriser le "dialogue" et la "négociation" est la priorité affichée par l'UE, qui avait brièvement haussé le ton envers le pouvoir mercredi après l'annonce des premiers morts à Kiev.

"Seul un dialogue sans exclusive permet une solution viable", a affirmé Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, qui a prévu de se rendre à son tour à Kiev les 30 et 31 janvier.

Parallèlement, plusieurs capitales ont adopté un ton plus ferme, à l'instar de Berlin et Paris qui ont toutes deux convoqué vendredi l'ambassadeur d'Ukraine.

A Paris, il s'agissait d'exprimer "la condamnation de la part de la France" après la répression des manifestations à Kiev, a expliqué Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères. Il s'est déclaré "inquiet et indigné".

Les 28 craignent surtout que la situation ne dégénère en un affrontement direct qui pourrait, s'il se prolongeait et s'étendait, déboucher sur une guerre civile dans le pays. Cette éventualité pourrait se réaliser si le pouvoir, se voyant acculé, estimait que sa seule issue était de lancer une répression à grande échelle.

"Si le régime de Kiev choisissait une solution militaire, cela deviendrait très sanglant et, in fine, cela échouerait", a averti vendredi le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt.

Afin d'éviter un tel scénario, l'UE a pris la précaution de ne pas crisper davantage M. Ianoukovitch en rejetant, dans l'immédiat, l'option des sanctions contre le régime, contrairement aux Etats-Unis.

Cette ligne a été affirmée en premier lieu par la chancelière allemande Angela Merkel, selon qui les sanctions ne sont "pas à l'ordre du jour pour le moment".

Lors d'une réunion de diplomates de l'UE jeudi, le représentant lituanien a plaidé pour des sanctions mais "personne n'a soutenu l'idée" a indiqué une source européenne parlant sous couvert de l'anonymat.

L'UE cherche par ailleurs à maintenir le contact avec l'opposition modérée par crainte d'une montée en puissance de formations radicales, davantage présentes sur la place de l'Indépendance.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, s'est ainsi entretenu vendredi avec l'ancien boxeur Vitali Klitschko, tête de file des opposants pro-européens. Il "est l'un des grands dirigeants de l'opposition", a précisé M. Fabius.

Présent à Kiev jusqu'à samedi, M. Füle a également prévu de rencontrer des personnalités de l'opposition, selon un porte-parole, qui n'a pas donné de noms.

Depuis le début de la crise provoquée par le rejet en novembre de l'accord d'association proposé par Bruxelles, "l'Union européenne a été extrêmement patiente avec M. Ianoukovitch", a constaté vendredi Hannes Swoboda, le président du groupe socialiste au Parlement européen.

Cette patience devrait être de mise jusqu'au sommet UE-Russie prévu mardi à Bruxelles en présence du président Vladimir Poutine, avec l'Ukraine en tête des préoccupations.

bur-jri/aje/jeb

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