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Soudan du Sud: combats "sporadiques" malgré le cessez-le-feu

Soudan du Sud: combats "sporadiques" malgré le cessez-le-feu

Le Soudan du Sud restait selon l'ONU le théâtre de combats "sporadiques" entre l'armée et les rebelles, en dépit d'un cessez-le-feu entré en vigueur vendredi afin de stopper le conflit qui ravage le pays depuis plus d'un mois.

"La mission des Nations unies au Soudan du Sud affirme que des combats sporadiques ont eu lieu dans certains endroits du pays aujourd'hui", a déclaré le porte-parole adjoint de l'ONU, Farhan Haq, précisant que certains affrontements s'étaient produits après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu à 17H30 GMT.

Les rebelles menés par l'ex-vice président sud-soudanais Riek Machar avaient affirmé avoir été attaqués vendredi matin par l'armée gouvernementale, qui a nié.

Au lendemain de la signature de la trêve à Addis Abeba, les deux camps donnaient des informations contradictoires sur la situation sur le terrain, impossible à vérifier de façon indépendante. Et les centaines de milliers de déplacés craignaient toujours de quitter les camps où ils ont trouvé refuge.

"Les forces de Salva Kiir (le président sud-soudanais) attaquent actuellement nos positions dans l'Etat pétrolier d'Unité" (nord), a affirmé Lul Ruai Kuang, un porte-parole du camp Machar, ajoutant qu'une autre offensive avait été repoussée dans l'Etat de Jonglei (est).

Mais l'information a été démentie à Juba par le camp du président Kiir. La situation est "calme", a répété le porte-parole de l'armée sud-soudanaise, Philip Aguer, disant n'avoir "entendu parler d'aucun combat" dans la journée.

"Il est crucial que les deux parties appliquent complètement et immédiatement l'accord sur la fin des hostilités", a insisté le porte-parole de l'ONU.

Le Soudan du Sud est ravagé depuis le 15 décembre par des combats opposant les forces loyales au président Kiir à des troupes fidèles à l'ex-vice-président Machar, limogé en juillet. Le conflit a fait des milliers de morts - peut-être 10.000 selon des observateurs.

Près de 700.000 personnes ont en outre été chassées de chez elles, selon un dernier bilan publié par l'ONU qui accueillait vendredi 76.000 personnes dans ses huit bases à travers le pays, le nombre le plus élevé depuis le début du conflit.

Après trois semaines de laborieux pourparlers à Addis Abeba sous la médiation de l'organisation régionale Igad, les deux camps ont finalement signé jeudi soir un cessez-le-feu qui devait entrer en vigueur sous 24 heures, soit vendredi vers 17H30 GMT.

Le président Kiir a assuré vendredi que "le conflit (...) serait résolu via un dialogue pacifique" et a appelé les déplacés à rentrer chez eux. Mais certains, interrogés par l'AFP, tout en saluant la trêve, disaient toujours craindre de sortir des camps où ils se sont réfugiés.

"C'est une bonne étape, mais comment pourrions-nous la célébrer puisque nous sommes encore trop effrayés pour quitter le camp?", a expliqué David Choul, 23 ans, depuis une base de l'ONU à Juba où s'entassent 17.000 réfugiés. "Nous sommes encore trop inquiets. Je ne sors pas tant que je ne sais pas si dehors c'est sûr, et je ne sais pas quand ce sera le cas".

A 200 km au nord de Juba, à Minkammen, petite bourgade des bords du Nil-Blanc transformée en gigantesque camp de déplacés ces dernières semaines, Simon Thon attend de voir le résultat du cessez-le-feu sur le terrain.

"C'est une bonne nouvelle, mais les gens attendent de voir ce que cela veut réellement dire", dit cet enseignant qui a fui Bor, capitale du Jonglei située à une vingtaine de kilomètres plus au nord et l'un des principaux foyers de combats depuis mi-décembre.

"Nous avons besoin que (l'accord de cessez-le-feu) mette réellement fin aux combats et pour cela, nous prions pour que tout le monde obéisse", poursuit-il.

Nombreux sont ceux qui craignent que la trêve soit difficile à appliquer. Riek Machar ne contrôle sans doute pas l'ensemble des troupes qui le soutiennent, alliance plus ou moins stable de militaires mutins et de diverses milices ethniques.

Nombreux sont aussi ceux qui pensent qu'il faudra bien plus pour panser les plaies du jeune Soudan du Sud: les combats ont donné lieu à des atrocités perpétrées par les deux camps, et le conflit a pris un caractère interethnique, MM. Kiir et Machar instrumentalisant les rivalités entre les peuples Dinka et Nuer dont ils sont issus.

Le conflit au Soudan du Sud prend sa source dans de vieilles rivalités politiques et ethniques, héritées de la longue guerre civile (1983-2005) qui a déchiré le Soudan avant sa partition et la sécession du Soudan du Sud en juillet 2011.

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