Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Fin de la Transition à Madagascar : Rajoelina quitte le pouvoir, Jean Louis reconnaît sa défaite

Fin de la Transition à Madagascar : Rajoelina quitte le pouvoir, Jean Louis reconnaît sa défaite

Homme fort de Madagascar depuis 2009, Andry Rajoelina a transmis les symboles du pouvoir vendredi à Hery Rajaonarimampianina, élu président le 20 décembre et dont l'adversaire a reconnu sa défaite, un pas important pour sortir le pays de la crise et de l'isolement.

Arrivé au pouvoir par un coup de force, M. Rajoelina a remis une grosse clef dorée à son successeur démocratiquement élu, qui doit encore être investi samedi, au cours d'une cérémonie officielle.

Fait marquant de la journée, Robinson Jean Louis, le candidat battu qui avait dénoncé des fraudes massives lors de l'élection, a reconnu la victoire de son adversaire et annoncé qu'il serait présent avec son épouse à la cérémonie.

"La cour électorale a prononcé la victoire de Monsieur Hery Rajaonarimampianina et je le félicite pour cette victoire", a-t-il dit au micro de RFI en ajoutant: "Je ne pense pas qu'il y a un vainqueur ou vaincu, on va travailler ensemble."

"Nous allons nous mettre dans l'opposition, dans une véritable opposition légale" et "jouer effectivement le rôle du détenteur du pouvoir de critique et de contre proposition", a déclaré M. Jean Louis.

"Je vous souhaite beaucoup de succès, je vous donne ma bénédiction", avait auparavant déclaré, ému, M. Rajoelina à M. Rajaonarimampianina dans un discours prononcé au palais présidentiel en présence des hauts dignitaires du pays, de représentants des forces de l'ordre, du corps diplomatique et d'invités venus de pays voisins.

Hery Rajaonarimampianina n'a pas pris la parole. Il doit être investi samedi matin dans un stade d'Antananarivo, et tenir une conférence de presse dans la foulée.

Andry Rajoelina était parvenu au pouvoir en mars 2009, à la faveur d'un coup de force qui a renversé le président Marc Ravalomanana. Il était depuis à la tête d'un régime non élu, "de transition" qui prend fin.

"Je suis entré dans ce palais par patriotisme et je quitte ce palais par patriotisme. (...) Je vais m'en aller, quitter le poste de président de la Transition. Je vais redevenir un simple citoyen à partir de demain (samedi). Mais où que je sois, je ne serai pas loin de vous mes amis, les Malgaches", a-t-il lancé vendredi.

Des stylos en forme de main faisant le V de la victoire - son geste fétiche quand il s'adresse à la foule - des pin's et des foulards avec sa photo ont été distribués à l'issue de la cérémonie.

Mais cet adieu ne pourrait n'être qu'un bref au revoir. Son camp revendique en effet une majorité relative dans la nouvelle Assemblée nationale, également élue le 20 décembre, et dont la composition doit encore être confirmée, au plus tard le 18 février, par la Cour électorale spéciale après examen des recours.

M. Rajoelina s'est dit disponible pour être Premier ministre.

Âgé de 39 ans, il a également avancé depuis longtemps que la présidence l'intéressait en 2018, dans un scénario qui évoquerait l'alternance de Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev à la tête de l'État et du gouvernement russes.

Le processus électoral, qui s'est déroulé dans le calme, était considéré comme l'indispensable premier pas pour sortir de la grave crise politique, économique et sociale qui a profondément appauvri Madagascar, mise au ban des Nations depuis près de cinq ans.

La Banque mondiale relève que la croissance du pays a été nulle sur la période de 2009-2013, alors qu'elle était de 5% en moyenne sous Marc Ravalomanana -- c'était avant la crise financière mondiale. La population continuant à augmenter, le revenu par habitant est retombé à son niveau de 2001, et plus de 92% des Malgaches vivent désormais avec moins de 2 dollars par jour.

La communauté internationale, qui se dit prête à aider à nouveau la Grande Ile quand le processus de retour à l'ordre constitutionnel sera achevé sans heurts, avait empêché MM. Rajoelina et Ravalomanana de se présenter directement à la présidentielle, craignant des troubles.

Les deux principaux protagonistes de la crise malgache depuis 2009 se sont donc affrontés par candidats interposés, l'ancien ministre des Finances Hery Rajaonarimampianina pour l'un, l'ancien ministre de la Santé Robinson Jean Louis pour l'autre.

Hery Rajaonarimampianina, un ancien comptable de 55 ans, l'a emporté au second tour avec 53,49% des voix. Il a été accusé par ses adversaires d'avoir couvert les trafics du régime de Transition (bois de rose, pierres précieuses, etc.), ce qu'il a toujours nié.

tm-liu/clr/de

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.