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Sans travail, sans aides, le combat d'une mère de famille espagnole

Sans travail, sans aides, le combat d'une mère de famille espagnole

Elle a perdu son travail, épuisé les aides sociales. On lui a coupé l'électricité. Depuis deux ans, la vie de Dolores Ferrer, une Espagnole de 35 ans qui élève seule ses deux enfants, s'est transformée en un combat de tous les instants.

Aujourd'hui, Dolores, Nerea, sa fille de 14 ans, et Cristian, 10 ans, risquent l'expulsion du logement social de 33 mètres carrés que la famille occupe sans autorisation depuis 20 ans à Villaverde, une banlieue ouvrière du sud de Madrid.

C'est là que tous trois survivent, sans ressources, dormant dans une seule petite chambre de deux lits, s'éclairant avec de l'électricité volée au réseau.

"Depuis que je me suis retrouvée sans travail, je n'ai jamais relevé la tête", témoigne la jeune femme, déterminée, le regard franc. A côté d'elle, le petit garçon, silencieux, fait ses devoirs dans le canapé défoncé du minuscule salon.

"L'électricité, j'ai arrêté de la payer il y a trois ans. Si j'enlève le montant des factures aux 400 ou 500 euros que j'avais pour vivre, que restait-il pour faire manger mes enfants?"

Dolores vit depuis huit ans séparée de son mari, qui la battait. Un jour, se souvient-elle, "il m'a tellement frappée que je me suis réveillée à l'hôpital".

Jusqu'à la fin 2011, elle travaillait comme femme de ménage, avec des contrats précaires.

"Je ne gagnais pas beaucoup. Mon dernier salaire était de 500 euros et je me débrouillais avec cela". Mais à la fin 2011, au plus fort de la crise qui a fait bondir le chômage à plus d'un quart des actifs, Dolores perd son travail.

"Avant, même quand j'étais sans contrat, ils m'appelaient pour aller faire du ménage ou du repassage. Maintenant, je n'ai même plus cela. Les gens ne veulent plus dépenser cet argent-là".

Durant 15 mois, Dolores et les enfants ont subsisté grâce à une allocation de 400 euros, arrivée à son terme en janvier 2013. Mais depuis longtemps déjà, elle ne pouvait plus payer ses factures d'électricité.

"L'électricité a beaucoup augmenté. Plus que l'eau et que le gaz. Ces prix, c'est exagéré pour un service de base", s'indigne-t-elle.

En Espagne, le prix de l'électricité a flambé de 43% depuis 2008 et atteint des niveaux astronomiques pour beaucoup de familles. Presque 18% des foyers, plus de trois millions de personnes, ne pouvaient se chauffer correctement à la fin 2012, selon l'Institut national de la statistique.

Mais comme "une maison ne peut pas se passer d'électricité", Dolores a dû trouver une solution quand on lui a coupé son compteur.

"J'ai passé presque 20 jours sans lumière et j'ai dû emmener mes enfants chez ma soeur", raconte-t-elle. Puis dans le quartier, où ces situations sont monnaie courante, un voisin lui a expliqué comment elle pouvait se raccorder illégalement au réseau.

"La compagnie d'électricité enlève une pièce, un fusible spécial que l'on trouve dans certaines quincailleries. Il suffit d'en trouver un et de le remplacer". Tous les deux mois il faut recommencer, lorsque le technicien passe contrôler les compteurs.

"J'ai aussi passé cinq mois sans eau chaude, parce que je ne pouvais pas réparer la chaudière", se souvient encore Dolores. "On se lavait en faisant chauffer des marmites, beaucoup de marmites, ou en demandant à la voisine des bassines d'eau chaude".

"C'était terrible. Ca t'enlevait toute envie de te baigner", ajoute Nerea, une adolescente aux longs cheveux bruns, qui joue avec Narco, le pinscher nain de la famille.

Dans la pièce qui sert de salon, de salle à manger et de cuisine, ils ont aussi un chat et un lapin blanc.

Depuis un an, Dolores et ses enfants vivent de la solidarité du voisinage. "Dans le quartier, c'est comme si nous étions une seule grande famille".

Deux fois déjà, en juin et en septembre, ils ont failli être expulsés et n'ont pu rester dans l'appartement, provisoirement, que grâce à l'intervention de militants pour le droit au logement.

Aujourd'hui, Dolores espère obtenir une allocation pour femme battue et un autre logement social, en toute légalité cette fois. "Ce que je veux, c'est vivre sans avoir peur", confie-t-elle, en pleurs. "Que mes enfants vivent en paix".

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