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Le PDG du Fonds soupçonnait Lavallée de toucher des pots-de-vin

Le PDG du Fonds soupçonnait Lavallée de toucher des pots-de-vin

Jean Lavallée s'est défendu avec vigueur d'avoir jamais touché des pots-de-vin durant sa carrière syndicale. « J'ai jamais accepté un sou noir de pot-de-vin : faites les enquêtes que vous voulez » a lancé, ulcéré, l'ancien président de la FTQ-Construction, qui réagissait à un extrait d'écoute électronique entre Michel Arsenault et Yvon Bolduc.

Un texte de Bernard Leduc

Dans cette écoute du 9 mars 2009, celui qui est toujours PDG du Fonds de solidarité lance au président de la FTQ :« Johnny, y s'est jamais trop trop caché qu'y prenait des pots-de-vin », des propos qui ont fait bondir l'ancien président du C.A de la SOLIM.

« La façon que je peux comprendre que ça puisse se faire », poursuit Yvon Bolduc dans cette écoute, « c'est qui dit :'' je fais passer le dossier au conseil et une fois que l'autorisation est faite, l'argent est investi pour faire le développement X mais toi le développeur tu me donne ma part ».

Selon Yvon Bolduc, l'ex-PDG de la SOLIM, Richard Marion, « était au fait que ça se passait avec Johnny (...) pis quand Johnny a vu que l'autre y pouvait utiliser ça comme levier, ben il l'a calissé dehors ». Il ajoute que » si Johnny n'est pas blanc comme neige », dans les faits « les deux sont pas clean clean ».

Des mafieux qui tirent profit de la FIPOE

Jean Lavallée soutient n'avoir jamais su que plusieurs individus liés à la mafia avaient acheté des condos dans un immeuble dont la construction avait été financée au coût de 3,7 millions $ par son syndicat, la FIPOE, avant que l'émission Enquête n'en fassent état à la fin 2010.

On retrouve notamment parmi les acheteurs des 16 condos du 6650 boulevard Couture Vittorio Vincenzo Mirarchi, depuis co-accusé avec le mafieux Raynald Desjardins dans l'assassinat de l'aspirant parrain Salvatore Montagna, ainsi que la femme du mafieux Tony Suzuki.

L'ex-président de la FTQ-Construction a dit avoir accepté de financer la construction de l'immeuble avec l'argent de la FIPOE, en 2004, à la demande de Jocelyn Dupuis, alors directeur général de la FTQ-Construction. Il soutient qu'à sa connaissance, seuls des individus liés à la FTQ et leurs familles devaient en être les acheteurs.

La commission a cependant démontré qu'il avait lui-même impliqué la FIPOE dans une entente avec Raynald Desjardins pour lui vendre un condo, après avoir pourtant soutenu avoir toujours laisser le dossier des ventes entre les mains du promoteur John Pampura.

La commission a ainsi présenté une lettre dans laquelle Raynald Desjardins, par le biais de son entreprise Desj & Co. demande à la FIPOE qu'elle lui rembourse sa mise de fonds de 90 000 $. Selon la commission, Samara, une autre entreprise de Raynald Desjardins, a envoyé une lettre similaire

Jean Lavallée a par ailleurs affirmé qu'à sa connaissance, c'est le représentant du local des vitriers FTQ Johnny Bertolo qui « leadait » le projet du promoteur Pampura, incidemment un ancien associé de Tony Accurso.

Or, Johnny Bertolo, assassiné en 2005, est un individu relié au crime organisé italien qui, avant d'occuper ses fonctions à la FTQ-Construction, avait purgé une longue peine de prison pour complot pour trafic de stupéfiants.

Jocelyn Dupuis avait par ailleurs admis avoir fait la connaissance des mafieux Raynald Desjardins, Tony Volpato et Tony Suzuki par l'entremise de Johnny Bertolo. M. Dupuis sera par la suite impliqué dans Carboneutre avec son frère, Joe Bertolo.

L'histoire avait pour l'essentiel déjà été révélée par Enquête il y a plusieurs années. Des écoutes présentées par la commission Charbonneau ont aussi démontré que Jocelyn Dupuis était au courant de l'entente entre MM. Lavallée et Desjardins pour le condo et qu'il entendait utiliser cette information pour obtenir gain de cause dans sa lutte contre le clan Lavallée, dans la foulée des élections de novembre 2008 à la FTQ-Construction.

Par ailleurs, lors de son témoignage, Richard Marion, qui précéda Guy Gionet comme PDG à la SOLIM, affirmait avoir payé de son poste, en 2004, son refus d'investir dans des dossiers défendus par le tandem Lavallée-Accurso, notamment celui du boulevard Couture...

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