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La ceinture de platine sud-africaine paralysée par la grève

La ceinture de platine sud-africaine paralysée par la grève

Les sites sud-africains des trois premiers producteurs mondiaux de platine étaient très affectés jeudi par une grève des mineurs qui réclament de substantielles augmentations de salaires, moins de deux ans après la sanglante vague de grèves sauvages qui avait ébranlé le secteur et le pays.

Le syndicat radical Amcu, majoritaire dans les mines de platine qui fournissent environ 70% de la production mondiale, réclame un salaire de base de 12.500 rands (environ 840 euros) par mois, soit presque deux fois et demi le niveau actuel, ce que les patrons jugent "irréalistes", la branche, faiblement mécanisée, employant des dizaines de milliers de personnes peu qualifiées.

Les trois groupes touchés sont Anglo American Platinum (Amplats), Impala Platinum (Implats) et Lonmin, respectivement numéro un, deux et trois mondiaux du secteur.

"Nous avons laissé suffisamment de temps à la direction pour réfléchir. Les cours du platine sont très élevés, et l'essence est trop chère pour nous, on n'y arrive pas", a expliqué Peter Moreki, 30 ans, un employé d'Amplats qui aurait dû embaucher mercredi soir à 22H00 (20H00 GMT) à la raffinerie de Waterfal, près de Rustenburg (nord).

La grève, qui concerne plus de 80.000 personnes, va durer "aussi longtemps qu'il faudra pour qu'ils nous répondent", a-t-il ajouté, tandis qu'un responsable de la direction s'entretenait avec des leaders du groupe.

"On ne veut pas de la zone de piquet de grève qu'ils nous ont octroyée devant la compagnie, c'est sans eau, trop confiné. On n'a pas confiance", a ajouté son collègue Joseph Ndebele, 28 ans, qui déclare spontanément avoir peur de se faire tirer dessus.

Père de quatre enfants et endetté jusqu'au cou, il a laissé son téléphone portable au vestiaire. "Pas de téléphone quand on fait grève. On a peur de se faire intimider", dit-il, affirmant que la direction a envoyé lundi des SMS menaçant de lui faire perdre son salaire.

Non loin de là devant la mine de Bathopele, la direction a installé des toilettes chimiques et des tentes pour la centaine de mineurs gardant le piquet de grève.

"Amcu est le syndicat majoritaire avec environ 90% des effectifs. Les 10% restants vont aller pointer, mais comme dans toute grève ils ne vont pas aller travailler sans craindre pour leur vie. Mais cette fois, la grève sera pacifique. Le service d'ordre fera en sorte que personne ne soit intimidé ou attaqué en allant au travail", a indiqué à l'agence Sapa Evans Ramokga, un permanent d'Amcu.

Les grèves de 2012 avaient été particulièrement violentes, marquées par des affrontements entre grévistes et non grévistes, et entre le Syndicat national des mineurs (NUM, proche du pouvoir) et Amcu, petite formation radicale devenue majoritaire en exigeant beaucoup plus.

La police sud-africaine a rappelé que c'était à Amcu de faire respecter l'ordre, soulignant que les armes dangereuses étaient interdites et ajoutant que ses hommes seraient déployés dans toute la région.

Très symbolique dans ce mouvement, la mine de Marikana (nord), exploitée par le groupe britannique Lonmin, où la police a tiré sur des grévistes brandissant des armes traditionnelles en août 2012, faisant 34 morts.

Le site était gardé par des vigiles jeudi matin, et ses abords étaient déserts.

"Un rassemblement doit avoir lieu au stade de Wonderkop (à proximité de la mine, ndlr) dans la matinée", a précisé à l'AFP Jimmy Gama, un dirigeant d'Amcu.

Interrogé sur la médiation offerte par le gouvernement, notamment autour du vice-président Kgalema Motlanthe, lui-même issu du syndicalisme minier, M. Gama a indiqué que le syndicat "(consultait) ses membres". Il n'a pas exclu une réunion rapide dès vendredi, en déclarant: "Si les adhérents sont d'accord c'est possible."

Amplats, Implats --qui a carrément fermé ses installations-- et Lonmin ont indiqué que la situation était calme, et que la grève semblait très suivie.

Pilier de l'économie sud-africaine depuis la fin du XIXe siècle, le secteur minier représente environ un tiers de la capitalisation de la Bourse de Johannesburg.

Il assure 40% des exportations et est une source cruciale de devises pour le pays, employant un demi-million de personnes.

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