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Colombie : la fermeté envers les Farc, mais pas de changement de cap pour la paix

Colombie : la fermeté envers les Farc, mais pas de changement de cap pour la paix

Les dernières grandes offensives de l'armée contre les Farc en Colombie confortent la stratégie du président Juan Manuel Santos : envoyer un message de fermeté avant des échéances électorales mais sans changer de cap dans le processus de paix avec la guérilla.

Les sérieux revers infligés aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) - 26 rebelles abattus en quatre jours dans différentes régions du pays - tombent à pic pour le chef de l'Etat, candidat à un nouveau mandat lors de la présidentielle de mai.

En visite officielle en Espagne, M. Santos a félicité ses troupes, justifiant son choix de ne pas décréter de trêve durant les pourparlers de paix avec la rébellion marxiste, qui se déroulent depuis plus d'un an à Cuba, dans l'espoir de résoudre le conflit le plus vieux d'Amérique latine, qui a fait en près d'un demi-siècle plusieurs centaines de milliers de morts.

"L'offensive continue. Mais en même temps, nous cherchons la négociation", a-t-il dit, en citant l'ex-Premier ministre israélien Yitzhak Rabin : "Négocier comme s'il n'y avait pas de terrorisme et combattre les terroristes comme s'il n'y avait pas de négociations".

Pour certains experts colombiens, ce discours sonne comme une réponse à ses détracteurs, emmenés par son prédécesseur Alvaro Uribe, devenu le plus farouche opposant au processus de paix, et qui mène actuellement la campagne des législatives de mars, dans l'espoir d'enrayer les négociations.

"Le but est de montrer que la page Uribe est désormais tournée et qu'il représente le seul chemin vers la paix", explique à l'AFP Sandra Borda, professeure en relations internationales à l'Université des Andes.

"C'est aussi la poursuite de sa stratégie pour presser les Farc à signer un accord", ajoute-t-elle.

Pour le politologue colombien Jaime Zuluaga, le message de M. Santos a "un double objectif" : "Faire taire les critiques de certains secteurs proches d'Uribe" et "favoriser sa réélection".

Les hostilités entre l'armée et la rébellion, qui compte encore selon les autorités près de 8.000 combattants repliés dans les zones rurales après 49 ans d'existence, ont une traduction directe dans les sondages.

Les attentats attribués aux Farc font baisser la popularité du chef de l'Etat, alors que les offensives militaires la rehaussent. Après une chute dans les sondages l'an dernier, M. Santos jouit ainsi d'une cote meilleure qui est repassé au dessus des 50%.

Les offensives de l'armée ainsi que des attaques meurtrières récemment attribuées aux Farc font "partie de la règle du jeu", souligne le politologue Alejo Vargas, enseignant à l'Université nationale, interrogé par l'AFP.

"C'est la logique de la confrontation. Il n'y a pas de changement de cap dans le processus de paix", affirme-t-il.

"Quand l'armée localise un camp des Farc, elle attaque. Et c'est pareil pour la guérilla si elle a une opportunité pour une embuscade", poursuit ce spécialiste du conflit, qui voit plus un effet de "coïncidence" dans les derniers événements.

Selon lui, ces faits de guerre n'ont "aucune incidence sur le processus de paix".

Une interprétation que confirme M. Borda: "Il faut toujours prendre avec précaution les discours en dehors de la table de discussions", souligne-t-elle, y voyant plus des "messages politiques".

De fait, à Cuba, le chef de la délégation des Farc, Ivan Marquez, n'a pas fait allusion dans un premier temps aux pertes militaires enregistrée par la rébellion, préférant mettre l'accent sur les agressions contre la "Marche patriotique", un mouvement de gauche proche de ses idées.

Ayant recensé 29 meurtres de militants en deux ans, le représentant des rebelles a demandé au gouvernement d'y mettre fin sous peine que "le processus de paix ne se termine en farce".

Avant une pause des négociations jeudi, Ivan Marquez a été plus explicite, reprochant au gouvernement de céder à une "escalade dans la guerre", en faisant "semblant que le pays n'en souffrait pas".

De son côté, le président Santos a aussi évoqué le seul risque qui pourrait torpiller les négociations : un "acte irrationnel" à l'image d'un "attentat contre une personnalité".

"Le grand risque pour les négociations serait une attaque à grande échelle ou un magnicide", admet Juan David Rodriguez, chercheur au Cerac, un centre d'étude colombien spécialisé dans le conflit.

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