Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Brahimi rencontre les émissaires syriens pour préparer la négociation

Brahimi rencontre les émissaires syriens pour préparer la négociation

Le médiateur de l'ONU pour le conflit syrien, Lakhdar Brahimi, rencontre jeudi à huis clos dignitaires et opposants syriens pour les convaincre d'entamer des négociations vendredi à Genève après l'étalage tendu de leurs désaccords à Montreux.

La première rencontre mercredi entre des représentants du président Bachar al-Assad et des membres de l'opposition en exil, devant une quarantaine de pays et d'organisations internationales, a tourné au dialogue de sourds entre "rhétorique incendiaire", "élucubrations agressives" et accusations de "trahison".

Mais c'est véritablement vendredi à Genève que les diplomates de l'ONU et les deux camps syriens vont entrer dans le vif du sujet.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déjà prévenu: les négociations ne seront "ni simples ni rapides".

Pour l'heure, difficile de dire si les deux délégations seront assises à la même table ou si l'ONU, initiatrice de la rencontre avec l'aide des "parrains" internationaux, la Russie et les Etats-Unis, devra faire la navette entre les deux délégations.

M. Brahimi a indiqué qu'il allait rencontrer jeudi les deux parties "séparément et voir quelle est la meilleure manière d'aller de l'avant". "Allons-nous nous réunir dans une même salle et entamer les discussions ou parlerons-nous séparément un peu avant ? Je ne sais pas encore".

Un membre de la délégation de l'opposition, Hadi Bahra, a estimé pour l'AFP que "ce qui s'est passé hier a été évidemment dans notre intérêt et nous avons reçu des échos très positifs de l'intérieur de la Syrie". La délégation du gouvernement s'est conduite, selon lui, "comme une mafia, avec un style très éloigné de la diplomatie".

A Damas, la presse officielle tire jeudi à boulets rouges sur la conférence. "Au cours de la séance inaugurale, les ennemis de l'Etat et du peuple syriens, à leur tête le quatuor américano-franco-saoudo-turc, ont tenté d'imposer (leurs) vues en limitant la mission de la Conférence à l'éxécution de la clause du gouvernement intérimaire (..) proposée par Genève I", estime al-Baas, journal du parti au pouvoir.

"A Genève, (..) les imposteurs ont été démasqués. Ils parlaient en faveur du terrorisme tout en faisant des discours sur la justice et les droits de l'homme", affirme le quotidien officiel as-Soaura.

Pour la coalition de l'opposition, "le fait que le régime d'Assad poursuive ses campagnes de meurtre et de bombardements et s'accroche parallèlement au pouvoir (...) montre que ce régime tient à faire avorter toutes les initiatives en vue d'une solution politique", affirme-t-elle dans un communiqué.

"Aide humanitaire, prisonniers et cessez-le-feu"

La question du sort de Bachar al-Assad reste le principal motif de désaccord, l'opposition posant comme principe son départ et la constitution d'un gouvernement transitoire où il ne jouerait pas de rôle, le régime rejetant cette idée.

Faute de consensus sur cette question centrale, Lakhdar Brahimi pourrait se concentrer, ainsi que les Occidentaux et les Russes, sur la recherche de premières mesures visant à soulager une population qui depuis mars 2011 a vu 130.000 personnes mourir et des millions de personnes chassées de leurs maisons.

M. Brahimi a évoqué des "indications" que les délégations semblaient prêtes à discuter de l'acheminement de l'aide humanitaire, de cessez-le-feu localisés, notamment à Alep, et d'échanges de prisonniers.

Les grandes puissances et les pays arabes, soutiens de l'opposition, ont été invités à ne pas trop s'éloigner de Genève en cas de besoin.

Lors de la conférence à Montreux, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a rappelé à tous l'enjeu de la rencontre, "envoyer un message aux deux délégations syriennes et au peuple syrien pour dire que le monde veut une fin immédiate du conflit". "Trop, c'est trop, il est temps de négocier".

L'Iran, invité décommandé de la dernière heure à Montreux, a fait entendre sa voix jeudi en Suisse. Le président Hassan Rohani, s'exprimant au Forum économique de Davos, a jugé que "la meilleure solution était d'organiser des élections libres et démocratiques à l'intérieur de la Syrie. Aucun parti ou puissance extérieurs ne devrait décider à la place du peuple syrien et de la Syrie en tant que pays".

Sur le terrain, les combats continuent. Et jeudi, le chef d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a appelé les jihadistes à cesser "immédiatement" leurs combats fratricides et à se concentrer sur les troupes du régime d'Assad.

Plusieurs coalitions de rebelles syriens, excédés par les exactions attribuées aux jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont retourné leurs armes début janvier contre ce groupe lié à al-Qaïda.

Ces combats depuis vingt jours, ont fait près de 1.400 morts, a affirmé jeudi une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'homme .

kat/pjt/mr

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.