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Au salon de l'agriculture de Berlin, l'accord de libre-échange UE-USA inquiète

Au salon de l'agriculture de Berlin, l'accord de libre-échange UE-USA inquiète

La perspective d'un accord de libre-échange entre Europe et Etats-Unis inquiète les professionnels de l'agro-alimentaire réunis à Berlin cette semaine, qui craignent une baisse des normes, l'arrivée des OGM et de la viande aux hormones.

"Si les Américains ont le droit de vendre leurs porcs ici, ce ne sera pas facile pour nous", résume Kathrin Seeger, qui dirige avec son mari un élevage de porcs dans l'ouest de l'Allemagne.

"Nous sommes très critiques de tout ce qui touche aux OGM, aux techniques de production de masse", renchérit Heino Dwinger, à la tête d'une petite exploitation laitière bio dans le nord de l'Allemagne, et qui se dit "inquiet". "Encore plus en tant que consommateurs", renchérit sa femme, Sabrina Schaller.

L'Union européenne et les Etats-Unis discutent depuis l'an dernier d'un accord de libre-échange, qui serait le plus vaste du monde, et sur lequel les deux côtés fondent de gros espoirs. L'UE en attend un bond de ses exportations de 28%. Comme les barrières douanières sont faibles de part et d'autre de l'Atlantique, l'essentiel des négociations devrait porter sur l'harmonisation des règlementations, un sujet particulièrement sensible en matière d'agriculture et d'alimentation.

Les organismes génétiquement modifiés en particulier, cultivés à grande échelle aux Etats-Unis mais strictement encadrés en Europe, sont source d'inquiétude. Mais aussi les conditions d'élevage et les standards écologiques.

"A l'heure actuelle il est possible (en Europe) d'inciter les agriculteurs à élever leurs bêtes dans de bonnes conditions, et à produire pour le marché local", expliquait sur le salon Hubert Weiger, de l'association allemande de protection de la nature Bund. "Mais si cet accord de libre-échange voit le jour, nous serons soumis aux règles du marché mondial, et le marché mondial se préoccupe peu de protection de l'environnement et des animaux", selon lui. "Pour rester dans la course sur le marché de la viande, il faudra encore plus d'investissements dans des élevages géants", prédit-il.

Comme dans d'autres domaines, par exemple en terme de protection des données personnelles, les Européens craignent un alignement sur le moins-disant.

En marge de la "semaine verte", du nom du salon qui se tient à Berlin du 16 au 26 janvier, environ 30.000 manifestants ont défilé dans la capitale allemande samedi pour une agriculture plus propre. Le futur accord de libre-échange était dans le collimateur de beaucoup d'entre eux.

"La plus grande majorité des gens ne veulent pas de poulet chloré, de viande aux hormones et d'OGM", a déclaré Jochen Fritz, l'un des organisateurs de l'événement, parrainé par une centaine d'associations environnementales et caritatives et de fédérations d'agriculteurs et de consommateurs.

L'agriculture européenne est subventionnée à hauteur d'environ 60 milliards d'euros par an en vertu de la Politique agricole commune (PAC), elle-même mue par une forte volonté politique de conserver au secteur sa place sur le Vieux Continent.

Mais beaucoup d'agriculteurs savent qu'ils ne seraient pas compétitifs sur un marché entièrement ouvert. C'est le cas de M. Dwinger et sa ferme laitière. "Je suis un producteur régional", explique-t-il, ajoutant avoir déjà bien du mal à joindre les deux bouts.

Les craintes des professionnels sont aussi diffuses que les négociations elles-mêmes, qui se déroulent à l'abri des caméras et des micros, et sur les progrès desquelles les participants entretiennent le flou. Le caractère secret du processus était également critiqué par les manifestants à Berlin samedi.

Certains toutefois ne se laissent pas gagner par l'anxiété. "Cela ne m'inquiète pas du tout", explique ainsi Bernd Neumann, qui dirige une grosse exploitation laitière en Saxe (est). "Je pense qu'en Europe nous avons les meilleures normes et que ce sont elles qui vont s'imposer", veut-il croire.

mtr/oaa/jr

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