Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ukraine: la Russie dénonce une situation qui échappe à tout contrôle

Ukraine: la Russie dénonce une situation qui échappe à tout contrôle

La Russie a dénoncé mardi une situation qui "échappe à tout contrôle en Ukraine", théâtre de violents affrontements depuis dimanche et où des lois renforçant les sanctions contre les manifestants entrent en vigueur à minuit malgré les mises en garde des Occidentaux.

Après une deuxième nuit consécutive de heurts, une certaine accalmie s'est installée dans le centre de Kiev, les manifestants ne jetant plus de cocktails molotov sur les policiers. Ces derniers, armés de boucliers, formaient d'imposants cordons, mais sans faire usage de la force, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les négociations entre le pouvoir et l'opposition semblent au point mort. Vitali Klitschko, l'un des dirigeants de l'opposition, qui ne veut discuter qu'avec le chef de l'Etat, a quitté la présidence, le président Viktor Ianoukovitch ne pouvant le recevoir car "occupé".

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a jugé mardi que la situation était en train d'"échapper à tout contrôle" en Ukraine et a dénoncé le soutien "indécent" apporté, selon lui, à l'opposition par les Européens.

Ceux-ci ont accusé le pouvoir ukrainien d'avoir provoqué l'escalade de la violence en adoptant des lois répressives contre les contestataires.

Golos Ukraïny, le journal du Parlement, a publié les nouvelles lois qui durcissent, avec des peines allant jusqu'à cinq ans de prison, les sanctions potentielles à l'encontre des manifestants qui ont installé il y a deux mois un campement et des barricades dans le centre de la capitale, et de ceux qui occupent des bâtiments officiels.

Ces mesures entrent en vigueur mardi à minuit, a annoncé le ministre de la Justice Olena Loukach.

L'adoption de ces lois la semaine dernière a relancé la mobilisation. Dimanche, environ 200.000 personnes se sont réunies sur la place de l'Indépendance pour les dénoncer. Les violences entre forces de l'ordre et manifestants, à coups de cocktails Molotov et de tirs de balles en caoutchouc, se sont ensuite produites dans une rue voisine.

Au moins 35 journalistes ont été blessés dans les affrontements, a indiqué mardi une ONG de défense des médias.

D'après un correspondant de l'AFP sur place, plusieurs journalistes ont été grièvement blessés aux yeux par les projectiles qu'ont tirés les forces de l'ordre, qui apparemment visaient la tête.

Les policiers "m'ont brutalement jeté à terre, ont arraché mon casque sur lequel il était écrit Presse, m'ont frappé au moins deux fois à coups de matraque sur la tête, m'ont tordu les bras dans le dos et amené dans un fourgon de police", a raconté le journaliste Dmytro Barkar, de la radio américaine Radio Free Europe/Liberty, dans une vidéo le montrant avec un oeil tuméfié.

Selon le ministère de l'Intérieur, près de 200 personnes ont été blessées depuis dimanche. 80 policiers ont été hospitalisés.

Des sources médicales ont affirmé qu'au moins une personne avait eu la main amputée et que plusieurs avaient perdu la vue.

Au total, 50 militants ont été interpellés dont 22 ont été inculpés, a annoncé le ministère de l'Intérieur sans plus de précisions.

Dans la nuit de lundi à mardi, des milliers d'opposants ont encore passé la nuit dans les rues, malgré les températures avoisinant les -10°C, retranchés derrière de nouvelles barricades constituées de fourgons de police et d'autobus incendiés pendant les heurts.

Le président Viktor Ianoukovitch a estimé lundi soir que les manifestations se transformaient en "troubles massifs", et le parquet général a parlé de "crimes contre l'Etat".

"Imaginez que cela se passe dans n'importe quel pays de l'Union européenne. Possible ? On ne l'aurait jamais permis", a déclaré le chef de la diplomatie russe.

L'opposition a de son côté accusé des "provocateurs" amenés, selon elle, à dessein pour déstabiliser la situation.

Le président ukrainien, auquel les manifestants reprochent sa volte-face en novembre, lorsqu'il a brusquement renoncé à signer un accord d'association avec l'UE au profit d'un rapprochement avec la Russie, a promulgué vendredi soir les lois controversées malgré les mises en garde occidentales, et les menaces de sanctions.

Les lois, votées à main levée au Parlement, prévoient des peines de prison de 15 jours pour l'installation de tentes ou d'estrades dans des endroits publics et jusqu'à cinq ans de prison pour les personnes bloquant des bâtiments officiels.

Un autre texte oblige les ONG bénéficiant de financements occidentaux à s'enregistrer en tant qu'"agent de l'étranger", comme cela a été le cas en Russie après les manifestation de l'hiver 2011-2012, qui ont été suivies d'une mise au pas des principaux détracteurs du pouvoir en place.

dg-neo/nm/bds

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.