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Les carabiniers italiens, experts dans l'art de retrouver des oeuvres volées

Les carabiniers italiens, experts dans l'art de retrouver des oeuvres volées

Urnes funéraires étrusques, tableaux de la Renaissance, croix d'église: une centaine d'oeuvres, volées ou mises au jour illégalement et récupérées par les carabiniers, experts mondiaux dans ce domaine, sont présentées à partir de jeudi à Rome.

"Le chiffre d'affaires généré par le commerce illégal d'oeuvres d'art arrive en quatrième position au niveau mondial après celui des armes, de la drogue et des produits financiers", a souligné mardi le général Mariano Mossa, à la tête des Carabiniers (gendarmes) chargés du patrimoine culturel, lors de la présentation de l'exposition à la presse.

Parmi ces oeuvres, fruits de fouilles clandestines, de vols dans des musées et des églises, ou de ventes illégales, il y a de purs chefs d'oeuvres "soustraits, de manière illégale, immorale et dans un but lucratif, à la collectivité", selon Maurizio Caprara, porte-parole du président Giorgio Napolitano, dont le palais du Quirinal abrite l'exposition.

"Ceci démontre la compétence, l'enthousiasme et le professionnalisme des carabiniers qui récupèrent des pans entiers de notre mémoire, mais également combien notre patrimoine est extrêmement fragile", déclare le professeur Louis Godart, conseiller spécial du président de la République pour la conservation du patrimoine artistique, en appelant "urgemment à augmenter le personnel chargé de la surveillance" des biens culturels en Italie, qui possède le plus grand nombre de sites inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco.

Parmi les oeuvres on trouve un vase dit d'Andromède, mis au jour lors de fouilles clandestines et récupéré à l'occasion d'une transaction entre un homme d'affaires suisse et un client japonais, une tête en marbre de l'empereur Tibère du 1er siècle après JC dérobée en 1971 et retrouvée à Londres en 2011, un triptyque dédié à la Vierge volé au musée Stubbert de Florence en 1977 et retrouvé en 2009, une "Leda et le cygne" qui a failli partir pour toujours aux Etats-Unis, une "Vue du Panthéon" de Paolo Panini cachée dans le caveau d'une banque suisse...

Mais l'une des plus belles prises des carabiniers reste ce mausolée étrusque entier, "une des plus extraordinaires découvertes de ces dernières années en étruscologie", faite à l'occasion d'une fouille clandestine opérée pendant la construction d'un immeuble en périphérie de Pérouse (centre), souligne le professeur Godart.

Il s'agit d'une hypogée de la famille aristocratique des Cacni, ayant servi du IIIe au Ie siècle avant JC, et qui contient 23 urnes très bien conservées sur lesquelles sont représentées des scènes de la mythologie grecque, tel le sacrifice d'Iphigénie.

Cette exposition est l'occasion pour les carabiniers italiens, qui gèrent la plus grande banque de données au monde d'oeuvres d'art volées (quelque 5,7 millions d'objets), de mettre en valeur leur expertise reconnue mondialement depuis 45 ans. Nombre d'entre eux voyagent régulièrement pour former des collègues policiers à récupérer le patrimoine culturel de leur pays, volé ou exporté illégalement.

Leur prochain voyage ? La Libye, en attendant l'Irak et la Syrie, révèle le général Mossa.

Chaque jour, les carabiniers espèrent mettre la main sur des trésors volés. Jusqu'aux plus célèbres, telle la "Nativité avec saint François et saint Laurent" du Caravage, dérobée à Palerme en 1969 et "à laquelle chacun de mes hommes pense au moins une fois par jour", confie le général Mossa. "Le jour où nous la retrouverons, nous pourrons tous partir à la retraite !".

"La mémoire retrouvée, trésors récupérés par les Carabiniers", au palais du Quirinal du 23 janvier au 16 mars. www.quirinale.it

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