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Des Damascènes prient pour un "miracle" à Genève II

Des Damascènes prient pour un "miracle" à Genève II

Epuisés par la guerre qui a asphyxié économiquement leur capitale, des Damascènes espèrent un "miracle" à la conférence de paix de Genève II et que les armes se taisent.

A la veille de l'ouverture en Suisse de cette conférence censée rassembler régime et opposition, les bombardements par l'armée des banlieues insurgées et les tirs de mortiers rebelles sur la capitale, ont baissé en intensité.

Dans les rues du Vieux Damas comme dans les autres quartiers règne un semblant de normalité: des habitants vaquent à leurs affaires, des jeunes se prennent en photo devant la célèbre mosquée des Ommeyades, des hommes vendent des souvenirs frappés des photos du président Bachar al-Assad et de son allié Hassan Nasrallah, chef du parti chiite libanais qui combat auprès de l'armée syrienne.

Mais la lassitude se lit sur leur visage dès qu'on les interroge sur une hypothétique solution au conflit qui ravage leur pays depuis près de trois ans, au prix de 130.000 morts selon une ONG.

"Genève? il faut un miracle pour que ça réussisse", s'exclame Akram, vendeur de légumes à Bab Touma, un quartier historique.

"Ni les uns ni les autres ne voudront faire des concessions", lâche-t-il en référence au régime syrien et à l'opposition en exil.

Le régime a répété maintes fois qu'il n'ira pas à Genève II pour remettre le pouvoir, principale revendication de l'opposition.

Mais la requête d'Akram est plus modeste: "On veut avant tout la sécurité. S'il n'y a pas de cessez-le-feu, on ne s'en sortira jamais", dit-il, tandis que sur le trottoir des miliciens pro-régime du quartier sont en faction, près d'images de "martyrs" des miliciens pro-régime.

"Qu'ils discutent pendant des mois, mais je veux de dormir en paix", insiste ce vendeur de 35 ans.

Il se désole sur la déchéance économique. "Nous exportions du blé, de la farine. Aujourd'hui nous en importons du Liban, de l'Iran".

Alors que le chiffre de déplacés a franchi la barre des quatre millions, les "gens vivent désormais entassés à Damas", note-t-il.

D'ailleurs, à Bab Touma, quartier à majorité chrétienne, se côtoient des Syriens de toutes confessions venus des régions les plus lointaines du pays.

Etudiant en ingénierie médicale, Maher est arrivé il y a cinq mois de Raqa, une ville du Nord aux mains des jihadistes.

"Je n'ai pas trop d'espoir", dit-il en mangeant une gaufre en compagnie de sa petite amie, déplacée de Homs (centre).

Pour ce jeune de 24 ans, de confession sunnite, Genève II "se terminera sans résultat, surtout si la solution est imposée par l'Occident", en référence notamment aux Etats-Unis et la France vilipendés par le régime de M. Assad pour leur soutien à l'opposition.

Sa copine Maha, une timide brune, est plus pessimiste. "La Syrie ne redeviendra jamais comme avant. Je ne pense pas qu'il y aura une réconciliation car il y a eu trop de douleur".

Omar, boulanger à Bab Touma, se félicite d'avoir quitté, il y a un an, Yarmouk, le camp palestinien au sud de Damas, dont le siège par l'armée est qualifié par l'ONU de "crime de guerre".

"Nous sommes las. On a vraiment besoin d'un miracle à Genève II", lance cet ex-comptable de 31 ans à la barbe bien taillée.

"Les deux bords doivent faire fi de leur ego, sinon la paix est irréalisable", assure-t-il en préparant des "mankouché", des galettes au thym et au fromage.

Si partout les gens désirent ardemment un "retour à la normale", certains répètent les arguments du régime.

"On espère la victoire pour nous, pour notre président", lance un passant à Marjé, quartier du centre de la capitale.

Dans ce secteur, des centaines de familles ont pris refuge dans des hôtels bon marché.

"Tout se terminera quand les terroristes (rebelles selon la terminologie du régime) sortiront du pays", explique Amjad, un quinquagénaire déplacé de Yarmouk.

D'autres s'en prennent à l'opposition, et notamment à la Coalition nationale, son principal bloc.

"Nos dirigeants vont dialoguer avec qui?", demande Malek dans le quartier populaire de Sarouja, près de Marjé.

"La Coalition ne représente personne et les (rebelles) sont tellement atomisés, pourquoi alors négocier avec eux?".

Houssam, étudiant en dramaturgie, rencontré dans un pub du quartier huppé de Rawda, a pris sa décision. "Si je sens que rien ne bouge après la conférence, je quitte la Syrie".

ram/sw

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