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Centrafrique: "l'élection de Mme Catherine, c'est bien, mais on attend de voir"

Centrafrique: "l'élection de Mme Catherine, c'est bien, mais on attend de voir"

Dans le camp accueillant 100.000 déplacés près de l'aéroport de Bangui, on a suivi l'élection de "Mme Catherine", espérant que "la philosophie féminine" apportera du changement en Centrafrique. Mais "là, présentement, on n'est pas encore prêts à rentrer chez nous".

Catherine Samba-Panza a été élue lundi à la présidence de transition pour tenter de ramener la paix et la sécurité dans un pays plongé dans le chaos, où la moitié des 4,6 millions d'habitants subit une crise humanitaire sans précédent.

Depuis début décembre, des dizaines de milliers de personnes (100.000, selon les estimations des ONG) ayant fui les violences dans la capitale s'entassent dans des conditions épouvantables dans le camp de Mpoko, collé à l'aéroport où sont basées les forces françaises et africaines.

Ville dans la ville, le camp de Mpoko constitue une des principales préoccupations des autorités centrafricaines et des forces internationales, qui espèrent le retour rapide de ces déplacés dans leurs quartiers, parfois situés à seulement quelques centaines de mètres du camp.

Mais les gens ne sont pas encore prêts à rentrer. La peur est toujours là.

"Là, présentement, moi, je ne bouge pas". Nathalie Kossimou, toute pimpante dans sa belle robe bleue, détonne dans la misère ambiante. Mais, assure-t-elle, "je suis devenue une mendiante. Je n'ai plus rien, ma maison a été pillée, j'ai peur, et tant que les Séléka (les rebelles musulmans qui ont mis Bangui sous leur coupe pendant des mois) ne sont pas désarmés, je reste ici".

Nathalie a écouté lundi le premier discours de Catherine Samba-Panza, la maire de Bangui devenue la première femme de l'histoire troublée de la Centrafrique à accéder à la présidence.

"Elle a bien parlé, c'est vrai. Mais cette dame, on ne la connaît pas vraiment, on attend de voir ce qu'elle va faire pendant ses premiers mois", dit Nathalie, résumant le discours ambiant.

Tout de suite après son élection, Mme Samba Panza a promis qu'elle serait "la présidente de tous les Centrafricains sans exclusive", et a lancé un appel "vibrant" aux groupes armés pour qu'ils déposent leurs armes.

"Elle a été plutôt conciliante", se félicite Jean-Firmin Passiré, un transporteur. "C'est une dame, elle va faire un effort. Depuis l'indépendance, on n'a connu que des hommes, et ils se sont tous conduits en bandits", ajoute-t-il.

"La philosophie féminine peut changer des choses", renchérit Alexandre, un homme qui a fait "des études très supérieures" et qui a "vu comment ça fonctionne dans les autres pays".

"Mme Catherine va rassembler des gens capables, pas des parvenus. Elle ne va pas distribuer de l'argent à tout va. Mais il faut surtout qu'elle s'attaque aux mentalités. Ce sont les Centrafricains eux-mêmes qui ont détruit leur pays et il faut les remettre au travail", martèle-t-il.

Sous les ailes de vieux avions à l'ombre desquelles vivent certains déplacés, un vieux monsieur brandit une médaille d'ancien combattant français. "Mon père a travaillé pour la France!" crie-t-il. "Pourquoi vit-on dans cette situation?"

"Non, non, non, je ne peux pas rentrer chez moi. On a tué mon grand frère, je suis sans maison, on a brûlé mes deux voitures. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse?", poursuit-il.

"Qui aurait envie de vivre ici ?" sourit une jolie fillette de 12 ans, Neige. "On a des problèmes d'argent, des problèmes d'habits, des problèmes d'école".

L'ONG Médecins sans frontières (MSF), présente à Mpoko avec quatre structures de santé, ne constate "pas de retour massif" et enregistre toujours 1.100 consultations quotidiennes et 10 accouchements par jour.

"Depuis quelque temps, les gens quittent le camp dans la journée, ils vont vérifier que leurs maisons vont bien, faire un peu de business, et rentrent le soir pour des raisons de sécurité", explique Laurence Sailly, coordinatrice d'urgence.

cf/mc/mba

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