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Pakistan: un deuxième attentat taliban en deux jours fait 13 morts près du QG de l'armée

Pakistan: un deuxième attentat taliban en deux jours fait 13 morts près du QG de l'armée

Un attentat suicide taliban a fait au moins 13 morts, dont trois écoliers, et 29 blessés lundi matin près du quartier général de l'armée pakistanaise en banlieue d'Islamabad, la deuxième attaque rebelle sanglante en deux jours.

Il a été revendiqué par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), tout comme l'attentat à la bombe de la veille qui avait tué au moins 26 soldats et blessé 25 autres dans le nord-ouest, selon un dernier bilan officiel fourni lundi, l'un des plus meurtriers de ces dernières années contre l'armée.

Ces deux attaques font craindre une résurgence des attaques du TTP, dont le nombre avait baissé ces derniers mois, notamment depuis la mort en novembre dernier de son chef Hakimullah Mehsud, tué en novembre dernier par un tir de drone américain.

Elles ont conduit le Premier ministre Nawaz Sharif à annuler son déplacement prévu cette semaine au forum économique mondial de Davos (Suisse), avant de présider un conseil des ministres largement consacré à ces violences.

La réunion n'a débouché sur aucune décision concrète, symbole de l'indécision d'un gouvernement qui continue de se dire ouvert à des négociations avec le TTP tout en affirmant qu'il ne tolérera aucune de ses attaques.

L'attaque suicide de lundi a eu lieu peu avant 08H00 locales (03H00 GMT) sur un marché de Rawalpindi, ville jumelle de la capitale Islamabad, dans une zone de haute sécurité car située à environ un kilomètre du quartier général de l'armée, considérée comme l'institution la plus puissante du pays.

"On ne sait pas comment le kamikaze a réussi à pénétrer dans cette zone", a déclaré à la presse un haut responsable de la police locale, Haroon Joya, en précisant que l'explosion a eu lieu à une vingtaine de mètres d'un barrage de l'armée. Juste après l'attentat, les autorités locales ont suggéré que le kamikaze était peut-être arrivé à vélo avant de continuer à pied, mais elles ne l'ont pas confirmé ensuite, laissant le mystère entier.

"Au moins 13 personnes ont été tués et 29 blessées", selon un dernier bilan fourni en fin d'après-midi par l'armée dans un communiqué condamnant ce "lâche acte terroriste". Les personnes tuées sont huit membres des forces de sécurité, trois enfants qui allaient à l'école et deux autres civils, a-t-elle précisé.

Arrivés rapidement sur les lieux, des commandos de l'armée et de la police ont aussitôt bouclé le site, jonché de débris de magasins, d'échoppes et de restes humains. Le marché a fermé après l'explosion qui a également secoué et fait exploser les vitres des immeubles alentours.

L'attaque a été rapidement revendiquée auprès de l'AFP par le porte-parole du TTP, Shahidullah Shahid. Principal groupe rebelle du pays, le TTP, allié à Al-Qaïda mène depuis 2007 une violente rébellion contre le gouvernement dont il dénonce l'alliance stratégique avec les Etats-Unis, et à qui il réclame l'instauration d'un régime islamique radical.

Shahidullah Shahid avait prévenu dimanche que le TTP mènerait d'autres attaques "contre le régime séculaire" du gouvernement.

L'attaque de Bannu était destinée, selon lui, à venger les morts d'Hakimullah Mehsud et Waliur Rehman, n°1 et n°2 du TTP tués l'an dernier par des tirs de drones américains dans la zone tribale du Waziristan du Nord, principal bastion du TTP situé à la frontière de l'Afghanistan.

Les sanglantes attaques de ces deux derniers jours vont soulever des questions sur la stratégie d'apaisement de Nawaz Sharif, revenu au pouvoir en mai dernier et qui a dans la foulée proposé des négociations de paix au TTP.

Le TTP avait rejeté cette offre après la mort d'Hakimullah Mehsud, remplacé par le Mollah Fazlullah, jusque là chef des talibans de Swat (nord-ouest), réputé radical et intransigeant. Mais il se dit toujours intéressé par des négociations "sincères" à condition que l'armée évacue les zones tribales du nord-ouest et que les Américains cessent d'y bombarder les rebelles avec leurs drones.

Des conditions, notamment la première, que peu d'observateurs jugent acceptables pour une armée sans doute très remontée lundi après avoir perdu au moins 32 soldats en deux jours, un chiffre qui pourrait bien augmenter vu le nombre de blessés (25), la plupart grièvement, de l'attentat de Bannu.

Cette attaque est la plus meurtrière pour l'armée depuis celle qui avait tué 89 paramilitaires à Charsadda (nord-ouest) en mai 2011, revendiqué par le TTP en représailles au raid américain qui avait tué le chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden le même mois dans le nord du pays. Les attaques du TTP ont fait au total plus de 6.600 morts à travers le Pakistan depuis 2007.

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