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L'Argentine à l'économie fragilisée veut régler sa dette

L'Argentine à l'économie fragilisée veut régler sa dette

L'économie de l'Argentine traverse une zone de turbulences, notamment une inflation incontrôlée et un effondrement des réserves en dollars, alors que Buenos Aires veut solder sa dette et normaliser ses relations avec les institutions financières internationales.

Le ministre argentin de l'Economie Axel Kicillof était lundi à Paris pour régler le différend avec le Club de Paris, à qui l'Argentine doit encore 10 milliards de dollars, notamment au Japon.

Les pays créanciers rassemblés au sein du Club veulent un paiement cash mais les réserves en devises de l'Argentine se sont dangereusement réduites ces trois dernières années passant de 52 à un peu moins de 30 milliards de dollars. L'Argentine aimerait payer une partie de sa dette en bons du trésor, comme lors de l'indemnisation fin 2013 de la compagnie pétrolière espagnole Repsol pour la nationalisation de sa filiale argentine YPF.

En quête d'investissements étrangers et de devises, l'Argentine veut redorer son image, affiche un visage plus conciliateur pour atténuer celle d'Etat rebelle et peu fiable.

L'Etat peu endetté "négocie avec le Club de Paris car il a besoin de dollars par tous les moyens, pour accéder aux marchés internationaux des capitaux, obtenir des crédits de la Banque mondiale ou du Club", considère Fiona Mackie, experte de The Economist Intelligence Unit.

La présidente de centre-gauche Cristina Kirchner a récemment rompu avec l'idéologie du non endettement, instaurée par son mari après la crise économique de 2001. Estimant le Fonds monétaire international (FMI) responsable de l'effondrement de l'économie, Buenos Aires s'était juré de ne plus solliciter de prêts aux organismes financiers internationaux.

Mais le déficit de la balance énergétique a obligé à puiser dans les réserves.

Accès au dollar limité pour éviter une évasion de devises, importations soumises au feu vert des autorités, barrière douanière pour protéger l'industrie locale, forte pression fiscale, les mesures interventionnistes de l'Etat argentin font bondir les milieux d'affaires.

"Tant qu'il y aura un contrôle des change, les dollars ne rentreront pas", affirme Javier Gonzalez, ex-gouverneur de la Banque centrale.

Un marché parallèle du dollar est apparu en 2011, aussitôt après l'établissement du contrôle des flux de devises. Le dollar cote à près de 7 pesos au taux officiel et près de 12 au marché noir.

"Le dollar (du marché noir) génère des attentes négatives, mais ne correspond pas à une économie qui a des problèmes mais qui croit, qui est désendettée et qui affiche une balance commerciale positive" de 10 milliards de dollars, plaide Aldo Ferrer, économiste proche du gouvernement et ex-ambassadeur en France.

Selon les statistiques officielles, l'économie affiche une croissance de 5%, soutenue par une forte consommation interne alors que l'inflation atteint 28%.

L'Etat argentin veut renverser la tendance qui est à la perte de compétitivité et d'attractivité.

Les énormes gisements de pétrole et gaz de schiste de Vaca Muerta, au pied des Andes, qui placent l'Argentine au 3e rang mondial en terme de réserves d'hydrocarbures non conventionnels, ne pourront atteindre le rendement espéré que si des multinationales investissent. La nationalisation de YPF a refroidi des investisseurs potentiels qui attendent la fin du deuxième et dernier mandat de Mme Kirchner.

Les hausses salariales liée à l'inflation ont considérablement élevé les coûts de production.

Quelques jours avant la faillite de la banque américaine Lehman Brothers et la crise de 2008, Cristina Kirchner avait annoncé un paiement au comptant au Club de Paris avant de se raviser. Deux ans plus tard, des membres du Club bloquaient l'accord, faisant valoir que l'Argentine n'était pas en règle avec le FMI.

Le FMI reproche depuis plusieurs années à Buenos Aires de truquer ses statistiques officielles et l'Argentine s'est engagée à fournir des indicateurs fiables à partir de 2014, grâce à une nouvelle méthodologie.

L'Etat ne reconnait que 11% d'inflation en 2013 mais a augmenté les salaires du secteur public de plus de 20%. Les instituts économiques privés ont chiffré l'inflation de l'année dernière à 28%.

ap/gg

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