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En Ethiopie, immersions par centaines dans les bains impériaux pour le baptême du Christ

En Ethiopie, immersions par centaines dans les bains impériaux pour le baptême du Christ

Le soleil n'est pas encore levé que des centaines de personnes, drapées dans de grands voiles blancs, s'attroupent autour des bains sacrés de Gondar, dans le nord de l'Ethiopie, pour célébrer Timkat, ou le baptême du Christ dans le Jourdain.

En milieu de matinée, au sons de chants bibliques, ils se découvrent pour plonger dans les eaux bénites, sous le patronage de prêtres orthodoxes vêtus de toges brodées et coiffés d'imposantes toques rondes.

La cérémonie, organisée tous les ans au 11e jour du 5e mois de l'année du calendrier orthodoxe éthiopien dans ce haut lieu de l'héritage chrétien du pays, attire essentiellement des chrétiens orthodoxes - ils forment officiellement près de 63% des 91 millions d'habitants du pays.

Mais pas seulement. Par centaines, les touristes font également le déplacement.

"Tout le monde s'implique dans cette tradition. Cela a l'air beaucoup plus populaire que simplement tiré des livres d'histoire, c'est vivant, donc pour nous c'est très intéressant", dit Olivier Michel, un Français de 28 ans venu spécialement pour l'événement.

Le visage de l'Ethiopie change à vitesse grand V, les villes comme Gondar croulant sous les chantiers de nouveaux immeubles et l'économie enchaînant de forts taux de croissance. Mais même si "tout change (en Ethiopie), les gens ont l'air de vouloir conserver ce qui les unit, ce qui les rassemble autour d'une même culture", ajoute le touriste.

Les célébrations commencent en fait la veille de Timkat, quand les huit principaux prêtres de Gondar transportent des répliques des Tables de la loi en procession à travers la ville jusqu'aux bains. Ce vaste bassin entouré de murs, eux-mêmes encerclés par de grands arbres, a été construit pour l'empereur Fasilledes en 1632 et est aujourd'hui classé au patrimoine de l'Unesco.

Des prières durent ensuite toute la nuit, résonnant dans toute la ville.

Les habitants de Gondar sont eux fiers de partager ce moment de l'Histoire éthiopienne avec le reste du monde.

"Les touristes viennent ici et ils entrent dans l'histoire ancienne du pays et de Gondar, ils l'observent et en ramènent un bout dans leur pays. C'est très important", estime Mequant Teshome, 73 ans.

Selon les autorités du tourisme local, plus de 25.000 personnes visitent Gondar chaque année.

La ville, située à 725 km au nord de la capitale Addis Abeba, fut un temps la capitale de l'empire éthiopien.

Elle est aujourd'hui un arrêt obligé pour tous les touristes qui, dans un circuit "du nord" allant des églises de Lalibella à l'Arche de l'Alliance d'Axoum, apportée de Jérusalem en Ethiopie il y a 3.000 ans selon le mythe local, visitent les sites majeurs de l'héritage chrétien éthiopien - le pays a été christianisé au IVe siècle après Jésus-Christ.

Pour Dieter Prince, un prêtre allemand à la retraite, les célébrations ont un goût particulier car elles sont partagées par tout le pays, pas seulement par les chrétiens.

"Ce qui est unique, c'est que cela ne divise pas. Le profane et la chose religieuse, tout est uni", salue-t-il. "En cela, nous pouvons apprendre beaucoup des Ethiopiens".

"Cette fête est un trésor national", estime de son côté M. Mequant. "J'aimerais qu'elle soit célébrée à travers le monde entier, comme un trésor mondial".

jv/sas/aud/ayv/mba

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