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Ukraine: violents affrontements après une manifestation à Kiev

Ukraine: violents affrontements après une manifestation à Kiev

Des affrontements violents faisant des dizaines de blessés ont éclaté dimanche à la fin d'une manifestation à Kiev de 200.000 opposants pro-européens venus défier les autorités après l'adoption de nouvelles lois renforçant les sanctions contre les contestataires.

Alors que le rassemblement sur la place de l'Indépendance, aussi baptisée Maïdan, touchait à sa fin, plusieurs centaines de manifestants, certains portant des foulards ou des cagoules, ont tenté de franchir un cordon de policiers non loin de la place pour se rendre vers le Parlement et se sont emparés de fourgons de police.

Ils ont mis le feu à deux d'entre eux et lancé des pierres et des fumigènes sur les forces de l'ordre. Celles-ci ont répondu par du gaz lacrymogène, des grenades assourdissantes et des coups de matraque.

Près de trois heures après le début des affrontements, la police a employé des canons à eau, par une température de -7°, sans pour autant parvenir à disperser les protestataires, selon des témoins interrogés par l'AFP. La police a démenti avoir fait usage de canons à eau.

Quatre participants aux heurts ont été arrêtés, a indiqué le ministère de l'Intérieur dans la soirée.

Plus de 30 membres des forces de l'ordre ont été blessés, certains avec des traumatismes crâniens, selon la même source. L'un d'eux a été attrapé par les protestataires et passé à tabac avant que ses collègues ne viennent à son secours.

Au moins neuf manifestants ont aussi été blessés, selon un correspondant de l'AFP.

Le boxeur et leader de l'opposition Vitali Klitschko a appelé au calme et demandé au président Viktor Ianoukovitch de "retirer la police".

Dans la soirée, son porte-parole a indiqué qu'il était parti pour la résidence de M. Ianoukovitch pour négocier avec lui. Aucun détail n'a toutefois filtré ensuite.

"La violence ne mène à rien sauf au bain de sang", a pour sa part déclaré aux manifestants Arseni Iatseniouk, responsable du parti de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko, appelant à ne "pas céder aux provocations".

Dans la soirée, l'ambassade des Etats-Unis en Ukraine a pressé dans un communiqué le gouvernement d'engager immédiatement des négociations "avec toutes les parties, pour sortir de l'impasse politique actuelle, répondre aux préoccupations des manifestants et empêcher une extension de la violence".

L'ambassadeur de l'UE en Ukraine, Jan Tombinski, a pour sa part appelé à "ne pas aggraver une situation déjà très difficile et dangereuse".

"Attaquer la police pourrait donner raison à ceux qui ne veulent pas de solution politique à la crise", a-t-il dit.

Dans l'après-midi, près de 200.000 personnes avaient protesté de manière pacifique sur Maïdan, bravant les nouvelles lois promulguées vendredi par M. Ianoukovitch qui introduisent ou renforcent les sanctions à l'encontre des manifestants.

Des dizaines de personnes portaient sur la tête des casseroles, des passoires ou encore des boîtes en carton, ou avaient revêtu des masques de carnaval, en signe de dérision face à l'une des nouvelles lois qui punit les personnes manifestant avec un masque ou un casque sur la tête.

"Nous déclarons illégale la nouvelle législation adoptée", a déclaré M. Klitschko depuis une scène installée sur la place.

"Le Parlement a perdu sa légitimité, cela signifie que nous devons créer un conseil du peuple parmi les hommes politiques d'opposition", a de son côté dit Arseni Iatseniouk.

Les responsables politiques de l'opposition ont toutefois été sifflés par la foule, qui leur reproche de ne pas avoir de plan d'action et de vrai leader.

Le mouvement de contestation avait réussi à mobiliser des centaines de milliers de personnes en décembre après le refus du président Viktor Ianoukovitch de signer un accord d'association avec l'Union européenne au profit d'un rapprochement avec la Russie.

Mais il s'est un peu essoufflé quand Kiev a signé le 17 décembre avec Moscou des accords économiques permettant au pays d'éviter une faillite imminente.

"Il faut passer à des actions plus décisives", a déclaré à l'AFP Rouslan Kochevarov, un étudiant.

L'adoption des nouvelles lois semble avoir mobilisé plus de gens que lors des dernières manifestations.

Les textes, votés à main levée en plein chaos au Parlement, prévoient des peines de prison de 15 jours pour l'installation non-autorisée de tentes ou d'estrades dans des endroits publics et jusqu'à cinq ans de prison pour les personnes bloquant des bâtiments officiels.

Un autre texte oblige les ONG bénéficiant de financements occidentaux à s'enregistrer en tant qu'"agent de l'étranger", à l'image d'une loi adoptée en 2012 en Russie.

os-edy/nm/via

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