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Centrafrique: huit candidats en lice pour la présidence de transition

Centrafrique: huit candidats en lice pour la présidence de transition

Le parlement de transition centrafricain élit lundi, parmi huit candidats, un nouveau président de transition, qui devra relever dès sa prise de fonction le défi de pacifier un pays à la dérive, toujours en proie à des violences malgré le déploiement de forces internationales.

Parallèlement, l'Union européenne devrait approuver l'envoi lundi d'au moins 500 soldats européens en Centrafrique, en soutien aux 1.600 soldats français de l'opération Sangaris et aux 4.400 de la force africaine (Misca).

L'élection du président par le Conseil national de transition (CNT, parlement provisoire) doit permettre de combler le vide laissé par la démission contrainte du président Michel Djotodia le 11 janvier, accusé par la communauté internationale de n'avoir rien fait pour arrêter les tueries interreligieuses.

Sur les 24 candidatures déposées, seules huit ont été validées par le CNT. Parmi les principaux candidats figurent notamment l'actuelle maire de Bangui, Catherine Samba Panza, ainsi que Sylvain Patassé et Désiré Kolingba, respectivement fils des présidents Ange-Felix Patassé, au pouvoir de 1993 à 2003, et André Kolingba, de 1981 à 1993.

Autre personnalité retenue par le CNT, Emile Gros Raymond Nakombo, un banquier proche de l'ex-président Kolingba, qui avait reçu le soutien de plusieurs centaines de manifestants rassemblés à Bangui vendredi.

Les parlementaires avaient fixé des critères draconiens d'éligibilité excluant beaucoup de monde: les responsables politiques sous Djotodia, les chefs de partis, les militaires d'active et ceux ayant appartenu à une milice ou à une rébellion ces 20 dernières années.

Lundi matin, chaque candidat aura 10 minutes pour présenter sa "profession de foi" aux parlementaires avant leur vote à bulletin secret. La Constitution provisoire prévoit un seul tour de scrutin, le candidat arrivé en tête étant élu. La proclamation des résultats aura lieu dans la foulée.

La présidente en exercice du CNT, Léa Kouyassoum Doumta, a par ailleurs indiqué "qu'aucun membre du CNT ne fera partie du gouvernement qui verra le jour après l'élection" du président.

A Bangui, les patrouilles internationales restaient très présentes dans les rues dimanche, avec un dispositif renforcé pour désamorcer d'éventuelles tensions à l'approche de l'élection, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le nouvel élu aura la lourde tâche de pacifier le pays, de remettre une administration totalement paralysée en état de marche et de permettre aux centaines de milliers de déplacés de rentrer chez eux.

Un mois et demi après le début de l'intervention française, la situation sécuritaire dans la capitale, où la plupart des soldats français sont stationnés, s'améliore progressivement, malgré des explosions sporadiques de violences.

Mais dans un pays de plus de 600.000 km2, il reste très compliqué de se déployer dans les zones reculées et les témoignages d'habitants et d'ONG décrivent une situation chaotique et largement hors de contrôle.

Ainsi, une attaque perpétrée vendredi près de Bouar, sur l'axe routier menant au Cameroun, a tué au moins 23 civils musulmans, dont trois enfants, qui tentaient de fuir les violences, selon l'ONG Save the Children.

Samedi, des violences ont également été signalées dans d'autres localités du nord et de l'ouest. "Je lance un cri d'alarme. Nous sommes terrorisés", a déclaré ainsi à l'AFP un habitant de Sibut, à 160 km au nord de Bangui: "Les Séléka (combattants de M. Djotodia) règnent en seigneurs de guerre dans la ville", a-t-il dit.

A Boali, à 90 km au nord-ouest de Bangui, des centaines de musulmans étaient réfugiés dans la paroisse Saint-Pierre après des affrontements entre Séléka et anti-balaka (miliciens hostiles à M. Djotodia) qui ont fait sept morts depuis vendredi, selon un bilan donné par l'abbé Xavier Fagba et la Croix-Rouge centrafricaine.

Le défi auquel sera confronté le nouveau président - même s'il devrait bénéficier du soutien de la communuauté internationale - est immense dans ce pays très pauvre et enclavé d'Afrique centrale, au grand potentiel minier et forestier, qui a connu des années de rébellions et de coups d'Etat.

Le président François Bozizé, chassé en mars 2013 par la Séléka, mouvement rebelle dirigé par Djotodia, était lui-même arrivé au pouvoir dix ans plus tôt par un coup d'Etat.

Pour arrêter l'implosion du pays, le nouveau président aura peu de temps: selon le calendrier de la transition, des élections générales doivent être organisées au plus tard au premier semestre 2015, la France souhaitant pour sa part qu'elles se tiennent avant la fin 2014.

bur-cl/mc/sba

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